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Analyse philosophique de l'œuvre « Le Printemps » de Sandro Botticelli

Publié le 05/12/2021

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Du grand maître Sandro Botticelli, « Le Printemps » glorifie la pensée néoplatonicienne, qui met en marche la renaissance italienne, pendant le règne de Laurent le Magnifique sur Florence. Ce qui nous renvoie à Marsile Ficin, qui est à l’origine de la pensée néoplatonicienne due à sa redécouverte d’œuvres platoniciennes comme « Le Banquet » ayant une place centrale dans l’œuvre de Botticelli. Symbolisant le renouveau florentin, l’œuvre se démontre comme étant l’expression d’une renaissance des arts et du génie humain par l’image du printemps, saison du retour de la vie. Ce renouveau est exprimé par la voie métaphorique des figures du couple de Zéphyr, étant la personnification grecque du vent fertile de l’ouest, et de Chloris qu’il fertilise donnant ainsi naissance à une seconde représentation d’elle en fleur répandant sa création dans les lieux. Ces lieux, représentant un jardin florissant, sont la démonstration du jardin de Vénus, déesse centrale de l’œuvre et de la beauté esthétique, où les pommes d'or lui étant dédié sont gardées par les Hespérides, nymphes gardiennes des actions des hommes et des lois (les arts) où le beau y est considéré. Amant de cette beauté, Éros, symbolisant l’amour, se produit dans les Hespérides et ainsi dans l’esprit. Par cette représentation du jardin de Vénus en pleine renaissance, Botticelli lie le concept du beau à l’épanouissement du genre humain. Mais, cela soulève une problématique fondamentale du concept de beauté :
A)  La beauté est universellement subjective et peut être objective.
B)  La beauté n’est pas universelle et ne peut qu’être que subjective.
De par son influence néoplatonicienne, Botticelli a exprimé, par la voie métaphorique des figures mythologiques tel Vénus, déesse de la beauté, Éros, dieu de l’amour, et les Hespérides, dans « Le Printemps » l’idée selon laquelle le beau est universel. Mais comment le beau, étant la fin de tout objet esthétique, peut-il être universel? D’abord d’un point de vue platonicien, l’origine de l’universalité du beau vient de l’humain cherchant instinctivement à se reproduire selon le corps et l’esprit. Cette quête de l’immortalité est expliquée, par Diotime dans l’œuvre de Platon «Le Banquet », comme étant la recherche des beaux corps par amour. Par contre, selon Platon, la beauté se retrouve dans les corps et elle est objective ce qui démontre une universalité du beau dans la recherche des Hommes par amour de tous les beaux corps. Cependant, l’universalité objective de Platon ne peut qu’être démontrée que dans sa finalité d’un idéal esthétique au-dessus des corps, des sentiments, de la morale et de la connaissance. Cette vision de la beauté étant universellement objective est décrite ainsi par Platon :
« Quand de ces beautés inférieures on s'est élevé, par un amour bien entendu des jeunes gens, jusqu'à la beauté parfaite, et qu'on commence à l'entrevoir, on n'est pas loin du but de l'amour. En effet, le vrai chemin de l'amour, qu'on l'ait trouvé soi-même ou qu'on y soit guidé par un autre, c'est de commencer par les beautés d'ici-bas, et les yeux attachés sur la beauté suprême, de s'y élever sans cesse en passant pour ainsi dire par tous les degrés de l'échelle, d'un seul beau corps à deux, de deux à tous les autres, des beaux corps aux beaux sentiments, de beaux sentiments aux belles connaissances, jusqu'à ce que, de connaissances en connaissances, on arrive à la connaissance par excellence, qui n'a d'autre objet que le beau lui-même, et qu'on finisse par le connaître tel qu'il est en soi. »[1]
Dans ce discourt de Diotime, Platon donne l’exemple d’un jeune homme attiré par les différentes formes de beautés suite à l’expérimentation de l’amour qu’il porte à une femme. Ensuite, d’un point de vue moderne de l’esthétisme, le beau est, contrairement ce qu’avançait Platon, universellement subjectif et non objectif. Par contre, dans l’universalité subjective du beau le paradoxe d’affirmer à la fois une universalité dans la subjectivité cause problème. En fait, l’universalité subjective est possible, car le jugement n’est qu’esthétique et n’est qu’un rapport de la représentation de l’objet au sujet ce qui permet au beau d’être universel par accord de l’expérience subjective. Ainsi, le beau devient le symbole de la morale, car il est la communicabilité universelle de l’état d’esprit qui doit être fondé sur le jugement du goût et non dans l’intérêt du plaisir personnel. Ceci Kant l’exprime par : « Le beau c’est ce qui plaît universellement sans intérêt »[2] où il expliquera que la beauté peut être universellement subjective dans l’unanimité de la plaisance parmi les hommes sous des règles empiriques et non universelles. En exemple, ceci peut être démontré, car tous reconnaissent la beauté de l’œuvre de Michel-Ange. En effet, par l’expérience subjective de chacun, les fresques murales de la Chapelle Sixtine nous mettent tous d’accord sur leur beauté.
À l’opposé, le but de la beauté n’est-il pas l’épanouissement individuel par sa complète subjectivité? En effet, pourquoi l’universalité est-elle impossible malgré la subjectivité obligatoire du jugement esthétique? En fait, l’universalité est impossible, car c’est l’effet, qui ne peut qu’être autrement qu’individuel, sur le sujet et non l’objet qui est à la source du jugement esthétique. Le beau est détaché de l’existence et de la question de la vérité. Donc, on ne peut argumenter ni convaincre sur la beauté d’un objet. Emmanuel Kant l’exprimera par sa première définition de la beauté dans : « Le goût est la faculté de juger d'un objet ou d'un mode de représentation, sans aucun intérêt, par une satisfaction ou une insatisfaction. On appelle beau l'objet d'une telle satisfaction ».[3] Par exemple, on ne pourra jamais me convaincre de la beauté des œuvres de Léonard de Vinci malgré son génie que je reconnais. Ainsi, c’est la relation du sujet avec l’objet qui donne sa nature. Alors, une relation médiate (par intermédiaire) ne peut que résulter par une représentation du bien moral qui est à l’opposé du résultat de beauté venant par une relation immédiate (sans intermédiaire). Donc, le bien et la moralité se voient exclus du jugement esthétique, car il est au contraire un jugement de valeur. Ensuite, cela nous ramène à l’impossibilité de l’universalité de la beauté par l’expression « avoir bon ou mauvais goût ». En effet, ce n’est pas la nature universelle de l’objet, mais notre culture personnelle qui est à l’origine du goût. En fait, le goût apparaît alors à la fois comme une création culturelle et individuelle, qui prend ses distances par rapport à la nature ce qui rend le jugement esthétique complètement subjectif. En effet, le beau est complètement subjectif et individuel, car l'art échappe à la rationalité parce qu'il s'adresse à la sensibilité et qu'il naît de l'imagination. Par contre, le paradoxe du beau qui échappe à la connaissance et à l’universalité par l’imagination rend cette affirmation confuse. Mais, la représentation par l’imagination et les sens comme étant à la fois sujet et objet permet un deuxième niveau de conceptualisation entièrement personnelle, mais résultant automatiquement la conceptualisation universelle de beaux objets subjectif et représenté idéalement sous diverses formes. C’est par cette définition de Friedrich Hegel : « Le beau c’est une pure production de l’esprit comme autoduplication d’un soi qui gagne à s’opposer »[4] que ce deuxième niveau de conceptualisation subjective et uniquement personnelle est décrit. Pour le démontrer, Hegel donne l’exemple des madones de Raphaël. Celle-ci représente le concept de la féminité ou l'amour maternel par des formes de visage, de joues, d’yeux, de nez et de bouche qui, tout simplement en tant que formes, sont déjà adéquates à l'amour maternel. Par cette représentation du concept d’universalité de la féminité et de la maternité, les sens et l’imagination se font leur propre conceptualisation d’un idéal féminin.
 
Pour ma part, l’universalité du beau est possible par l’explication de Kant selon laquelle : « Le beau c’est ce qui plait universellement sans intérêt »[5]. Par contre, en pratique, cela est extrêmement dangereux et nuancé, car le beau est conceptualisé comme une universalité plutôt objective que subjective. En effet, de l’objectivité vient le bien comme le démontrait Platon dans « Le Banquet » et l’objectivité universelle de la beauté n’est plus uniquement que le symbole de la moralité, mais deviens la moralité elle-même « tu dois… ». Cela n’implique plus un jugement de goût, mais un jugement de valeur. Si l’universalité du beau implique, au contraire, un jugement de goût alors, il doit être entièrement indépendant de l’idéal objectif. Autrement, le sujet doit être conforme à son concept qui est posé comme une fin et autrement dit être bon en soi. Cette idée Emmanuel Kant l’exprimera ainsi :
« L’expression visible d’Idées morales qui gouvernent l’homme intérieurement ne peut être, tirée, certes, que de l’expérience; mais pour rendre en quelque sorte visible, dans une expression corporelle (comme effet de l’intériorité), le lien qu’il y a entre ces idées morales et tout ce que notre raison rattache au bien moral dans l’idée de la finalité suprême, comme la bonté d’âme, la pureté, la force ou la sérénité, etc : pour cela, il faut que soit réunis des idées pures de la raison et une grande puissance d’imagination en celui qui veut seulement juger et apprécier, et bien plus encore en celui qui veut en donner la présentation. »[6]
Par cela, le meilleur exemple qu’il est possible de donner, est le jugement de goût qui est devenu dans notre société une question de jugement de valeur. En effet, il est question de la superficialité et de l’élévation de l’humain non comme le sujet, mais comme l’objet auquel la beauté est devenue un critère de la moralité. En réflexion à cette nécessité d’une totale subjectivité, il est très intéressant de considérer ces paroles du philosophe français Théodore Jouffroy : « Il n'y a que l'invisible qui nous émeuve »[7] où le monde de l’homme n’est plus que limité que par son imaginaire.
 
 

[1] PLATON, « Le Banquet », Paris, 1962, Les Belles Lettres, 92 pages
[2] KANT, Emmanuel, « Critique de la faculté de juger », Paris, 1985, Gallimard, 505 pages
[3] Ibid.
[4] HEGEL, Georg Wilhelm Friedrich, « Esthétique », Paris, 1979, Flammarion
[5] KANT, Emmanuel, « Critique de la faculté de juger », Paris, 1985, Gallimard, 505 pages
[6] Ibid.
[7] JOUFFROY, Théodore, « Cours d’esthétique », Paris, 1843, L. Hachette, 364 pages

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