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Analyse linéaire Micromégas

Publié le 20/06/2024

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« Lecture analytique Micromégas – Voltaire – Chapitre 6 Chapitre sixième Ce qui leur arriva avec des hommes Vous croyez bien que le Sirien et son nain brûlaient d'impatience de lier conversation avec les atomes; il craignait que sa voix de tonnerre, et surtout celle de Micromégas, n'assourdît les mites sans en être entendue.

Il fallait en diminuer la force.

Ils se mirent dans la bouche des espèces de petits cure-dents, dont le bout fort effilé venait donner auprès du vaisseau.

Le Sirien tenait le nain sur ses genoux, et le vaisseau avec l'équipage sur un ongle.

Il baissait la tête et parlait bas.

Enfin, moyennant toutes ces précautions et bien d'autres encore, il commença ainsi son discours: « Insectes invisibles, que la main du Créateur s'est plu à faire naître dans l'abîme de l'infiniment petit, je le remercie de ce qu'il a daigné me découvrir des secrets qui semblaient impénétrables.

Peut-être ne daignerait-on pas vous regarder à ma cour; mais je ne méprise personne, et je vous offre ma protection.» Si jamais il y a eu quelqu'un d'étonné, ce furent les gens qui entendirent ces paroles.

Ils ne pouvaient deviner d'où elles partaient.

L'aumônier du vaisseau récita les prières des exorcismes , les matelots jurèrent, et les philosophes du vaisseau firent un système ; mais quelque système qu'ils fissent, ils ne purent jamais deviner qui leur parlait.

Le nain de Saturne, qui avait la voix plus douce que Micromégas, leur apprit alors en peu de mots à quelles espèces ils avaient affaire.

Il leur conta le voyage de Saturne, les mit au fait de ce qu'était monsieur Micromégas; et, après les avoir plaints d'être si petits, il leur demanda s'ils avaient toujours été dans ce misérable état si voisin de l'anéantissement, ce qu'ils faisaient dans un globe qui paraissait appartenir à des baleines, s'ils étaient heureux, s'ils multipliaient, s'ils avaient une âme, et cent autres questions de cette nature. Un raisonneur de la troupe, plus hardi que les autres, et choqué de ce qu'on doutait de son âme, observa l'interlocuteur avec des pinnules braquées sur un quart de cercle, fit deux stations , et à la troisième il parla ainsi: « Vous croyez donc, monsieur, parce que vous avez mille toises depuis la tête jusqu'aux pieds, que vous êtes un...

— Mille toises! s'écria le nain; juste Ciel! d'où peut-il savoir ma hauteur? mille toises! Il ne se trompe pas d'un pouce .

Quoi! cet atome m'a mesuré! il est géomètre, il connaît ma grandeur; et moi, qui ne le vois qu'à travers un microscope, je ne connais pas encore la sienne! — Oui, je vous ai mesuré, dit le physicien, et je mesurerai bien encore votre grand compagnon.

» La proposition fut acceptée; Son Excellence se coucha de son long: car, s'il se fût tenu debout, sa tête eût été trop audessus des nuages.

Nos philosophes lui plantèrent un grand arbre dans un endroit que le docteur Swift nommerait, mais que je me garderai bien d'appeler par son nom, à cause de mon grand respect pour les dames.

Puis, par une suite de triangles liés ensemble, ils conclurent que ce qu'ils voyaient était en effet un jeune homme de cent vingt mille pieds de roi. Alors Micromégas prononça ces paroles: « Je vois plus que jamais qu'il ne faut juger de rien sur sa grandeur apparente.

O Dieu! qui avez donné une intelligence à des substances qui paraissent si méprisables, l'infiniment petit vous coûte aussi peu que l'infiniment grand; et, s'il est possible qu'il y ait des êtres plus petits que ceux-ci, ils peuvent encore avoir un esprit supérieur à ceux de ces superbes animaux que j'ai vus dans le ciel, dont le pied seul couvrirait le globe où je suis descendu.» @venus13 [email protected] *Introduction Écrivain du 18ème siècle, Voltaire, de son vrai nom François Marie Arouet, a énormément écrit sous divers genres au ton et aux intentions variés.

Comme la plupart des philosophes des Lumières, il défendit des valeurs comme la raison, la liberté, la tolérance et chercha à lutter contre les préjugés.

Il s'imposa comme le créateur d'un nouveau genre : le conte philosophique.

Ce conte, Micromégas publié en 1752, relate les voyages imaginaires du héros éponyme, géant habitant de Sirius et ses rencontres sur Saturne puis la Terre.

Lors de ce voyage initiatique, la première rencontre de Micromégas est celle du nain de Saturne.

Dans notre passage situé au chapitre 6 intitulé « ce qui leur arriva avec des hommes », tous deux, Micromégas et le Saturnien, arrivent sur la Terre et rencontrent un vaisseau qui transporte les membres d'une expédition scientifique.

Les deux extraterrestres sont tellement grands qu'ils ont des difficultés à entrer en contact avec les humains qui ne leur apparaissent pas plus gros que des insectes. + problématique + annonce du plantèrent *Lecture obligatoire du texte *Développement I/ Un conte divertissant Le texte vise à plaire et à instruire et le conte permet le divertissement. a) La rencontre heureuse et l'échange avec l'Autre Micromégas et le Saturnien rencontrent des êtres plus petits qu'eux et différents.

Ils ont dû déployer des trésors d'ingéniosité pour entrer en contact avec les humains : « ils se mirent dans la bouche des espèces de petits cure-dents … le vaisseau avec l'équipage sur un ongle … parlait bas ».Cette rencontre est difficile et désirée : difficile car ce sont des êtres différents avec lesquels la conversation risque de ne pas être aisée et désirée car ils sont pressés de tout connaître comme en témoigne l'interrogation indirecte, «il leur demanda », accompagnée d'une succession de questions du Saturnien : « s'ils avaient toujours été misérables ...cent autres questions de cette nature.

».

L'impatience des extra-terrestres rend la rencontre importante : « brûlaient d'impatience ».

La rencontre passe par la communication d'où l'importance du champ lexical de la parole avec des termes comme « lier conversation » / « commença son discours » / « conta » / « la voix » / « apprit » / « demanda » / « parla » / « s'écria » / « prononça ces paroles » etc.

Le discours direct annoncé par « il commença ainsi son discours » ou «alors Micromégas prononça ces paroles » permet d'engager la conversation et cela relève de la spontanéité.

Le point de vue est décalé, ils prennent les humains pour des « atomes » ou des « insectes invisibles », ce qui appuie le côté divertissant de ce conte.

Le discours de Micromégas est quelque peu solennel, « insectes invisibles ...je vous offre ma protection », discours direct dans lequel il fait référence au « Créateur » qu'il apostrophe encore en fin de texte « O Dieu! » et montre un certain enthousiasme : « je le remercie ...

».

Même le narrateur marque sa présence et expose ses remarques en s'adressant au public : « vous.... »

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