analyse linéaire les complaintes du pauvre jeune homme de Jules Laforgue
Publié le 01/07/2022
Extrait du document
«
Le texte que nous allons analyser linéairement est issu du recueil poétique les Complaintes de Jules
Laforgue publiées en 1885 soit deux ans avant la mort du poète.
Il s’intitule Complainte du pauvre
jeune homme.
Le poème est constitué de six strophes de dizains.
Le poète utilise l’octosyllabe dans
tout le poème sauf au cinquième vers qui est un tétrasyllabe (4 syllabes).
Dès son titre, il renvoie à un genre populaire et plaintif : la complainte.
Le qualificatif pauvre renchérit
la pitié qu’inspire le personnage principal du poème.
En effet, ici, Jules Laforgue énumère les
déceptions personnelles successives d’un jeune homme qui pourrait être lui-même.
Mais, il le fait sur un ton de dérision et se ridiculise lui-même, jusqu’ à sa mort qui conclue la
complainte.
Laforgue fait donc preuve d’humour noir (relatif à la mort) vis-à-vis de ses malheurs tout
au long du poème.
Il semble constamment s’en moquer.
D’ où notre problématique: en quoi Laforgue parodie-t-il le genre de la complainte en se moquant de
la poésie et de lui-même ?
Nous verrons que le poète emploie la genre de la complainte pour tourner en ridicule ses malheurs et
les topoï de la poésie lyrique.
1ère strophe
L’indication préliminaire en italique indique l’aspect populaire et musical du poème: « Sur l’air
populaire...», comme si le poème devait être chanté.
D’emblée, le poème marque sa distance avec une poésie romantique pompeuse (chez Hugo ou
Lamartine par ex°) et s’inscrit dans une familiarité que développera Laforgue.
Ceci est confirmé par
la chanson qui sert de modèle au chant de la complainte : « Quand le bonhomm’ revint du bois.» Ce
titre évoque une comptine pour enfants.
Rappelons que les Complaintes paraissent en 1885 qui est l’année de la mort d’Hugo et
l’enterrement symbolique d’une poésie grandiloquente.
On remarque que le 1er vers est répété ce qui confirme le caractère propre à la chanson du texte,
comme un refrain qu’on retrv à chaque ouverture de strophe dans le poème.
L’élision du -e : « Quand ce jeune homm’ rentra chez lui » souligne la dimension orale et familière du
langage employé.
Image de la mort présente dès le début : « son vieux crâne ».
Convocation d’un cliché: « Qui de science était un puits ! ».
Laforgue emploie des clichés qu’il tourne
en dérision puisque qu’il demande au crâne: « Entends-tu la folie qui plane ? ».
Adresse au crâne:
«Crâne riche crâne ».qu’il tutoie: «Entends -tu...».
Personnification de la folie avec F maj°.
Elle veut le cordon qui symbolise l’outil pour commander et
pour sonner les cloches dont le bruit est imité par l’onomatopée Digue dondaine (x 2) répétée et
modifiée Digue dondon comme un refrain qui clôt la strophe.
2ème strophe
La strophe s’ouvre sur la répétition du v.
1 (x 2) qui marque également un refrain = caractère chanté
du poème.
Laforgue cite le piano qui constitue symboliquement l’instrument du romantisme.
Il se sert
d’un voc° de la tristesse qui suggère que le j° homme est ému : « tristes gammes, pleurait dans la
nuit, vieilles gammes ».
Gammes st personnifiées par la maj.
Mais, il s’agit d’une musique du passé comme en témoigne le
nom enfants et l’emploi du passé simple cherchâmes qui traduit une action achevée.
Le refrain de la gamme témoigne de son caractère humble voire enfantin: « Son mari m’a fermé sa
maison.» ce qui souligne la référence à la culture pop° de la complainte.
On peut également y voir
une allusion comique à un mari jaloux, thème récurrent des chansons pop°.
3ème strophe
Le poème continue à affirmer sa tonalité intime car le nez et l’âme sont deux éléments constitutifs
d’une personne, v.
23 :
« Il mit le nez dans sa belle âme ».
Toutefois mettre le nez dans qlq chose s’apparente à une expression prosaïque qui se marie mal
avec l’âme, symbole d’élévation en poésie.
Le mélange des registres familier et élevé fait rire.
L’imparfait montre l’enlisement dans une situation navrante accentué parle le !, v.
24 :
« Où fermentaient des tas d’ennuis ! ».
Adresse à l’âme dans le tétrasyllabe (comme pour le crâne ou les gammes): « Âme, ma belle âme».
Laforgue exprime l’inutilité de continuer à briller pour son âme et suggère déjà l’idée de la fin ou du
suicide, v.
27 et 29: « Puis nuit partout ! Lors, à quoi bon ? ».
L’absence de raison de vivre et donc la.
»
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