Analyse linéaire Les Caractères
Publié le 23/06/2024
Extrait du document
«
La Bruyère, Les caractères 1687.
Ce portrait à charge fait partie du livre intitulé « De la ville ».
L’auteur y décrit de
manière critique et ironique le comportement des bourgeois qui s’inspirent des
« Grands ».
Il y fustige les vanités et le désir d’accéder à une situation sociale
supérieure.
L’attrait qu’exerce la fortune sur le public féminin est considérable, la
fortune étant une des clés permettant d’accéder à la considération et au respect
fussent-ils parfaitement joués.
Le portrait de Théramène pour être comique et satirique évoque deux thèmes
importants : le mariage et l’argent.
Le moraliste dresse à travers ce portrait un tableau peu élogieux de la cupidité de
ses contemporains, pour qui les qualités morales d’une personne, son aspect
séduisant, des origines sociales flatteuses importent moins que la richesse.
Lecture linéaire :
Rappel des principaux éléments vus en cours.
Axe possible : montrer comment La Bruyère, à travers le portrait de Théramène
dresse en creux un portrait peu flatteur des femmes.
Elles sont intéressées et
n’hésitent pas à sacrifier leur amour propre sur l’autel de la fortune.
Théramène
La présentation du personnage est axée sur ses caractéristiques principales,
annonçant ce autour de quoi va s’articuler le portrait.
Théramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et d’un très
grand mérite ; »
Le rythme de la description du personnage emporte immédiatement l’adhésion du
lecteur.
La Bruyère adopte un rythme vif qui vise à « plaire ».
Succession de propositions indépendantes courtes et juxtaposées, ellipse du sujet
dans la 2ème proposition.
Renforcement ironique du degré de l’adjectif « riche » et du substantif « mérite »
par l’adverbe « très » répété 2 fois.
Jeu sur les sonorités /Ri/ (assonance et allitération)
Temps verbaux qui marquent une progression inéluctable : imparfait, passé
composé et présent.
Implicitement cela signifie que le point de vue que porte la société sur Théramène
est lié à l’accroissement de sa fortune.
L’ironie vient de ce qu’il n’y a aucun lien de cause à effet entre le « mérite » et la
« fortune », cette dernière provenant de surcroit d’un « héritage ».
Il n’a donc eu
aucune peine à l’acquérir.
Sa richesse faisait qu’on lui trouvait déjà du mérite, mais
comme sa fortune s’est accrue, on lui trouve encore davantage de mérite.
Le moraliste critique donc indirectement la société qui accorde une importance
considérable à l’argent, fondement dans ce portrait de la comédie sociale.
« Voilà toutes les femmes en campagne pour l’avoir pour galant et toutes les filles
pour épouseur ; »
Deux propositions indépendantes coordonnées par « et ».
A noter le caractère familier et humoristique du présentatif « Voilà » qui marque ici la
conséquence de manière emphatique.
Lexique guerrier : « en campagne » : se voir épouser par un homme riche demande
certains efforts qui passent par les invitations successives et la complaisance.
Adjectif indéfini répété « Toutes » : unanimité autour de sa personne, distinction des
« femmes » -déjà mariées- et des « filles » en quête d’un époux.
Groupes qui
englobent effectivement le genre féminin, « toutes », sans exception.
« galant » : homme aux procédés délicats et aux sentiments nobles envers les
femmes ou qui aime à faire la cour.
« épouseur » : celui qui est disposé à se marier, par extension, le fiancé.
« Il va de maisons en maisons faire espérer aux mères qu’il épousera »
On note l’absence de complément du verbe épouser, le personnage étant réduit à
cette seule action sans qu’il soit question du moindre choix.
Il ne promet mariage à
aucune.
Tout l’accueil repose sur une « espérance ».
Il convient donc de séduire et
de plaire.
A ce jeu social chacune tente de remporter une victoire sur ses potentielles
concurrentes.
« Maisons » est au pluriel et l’expression, marquée par l’anonymat, donne une
dimension caricaturale à l’action du personnage.
Théramène accomplit donc un
parcours valorisant puisqu’il est accueilli de manière flatteuse.
« faire espérer » indique le but de Théramène qui a bien saisi le profit qu’il pouvait
retirer d’une telle situation : une satisfaction d’amour propre.
L’objectif implicite des femmes est de profiter par le biais du mariage de la fortune de
Théramène et d’acquérir un surcroit de prestige social, ce dont il n’est pas dupe
mais il entend bien profiter de cette situation qui le valorise, qui flatte sa vanité ou
son orgueil.
Soucieux d’introduire de la variété dans son portrait, La Bruyère évoque des
situations.
Il met en scène son personnage.
« Est-il assis, elles se retirent pour laisser à leurs filles toute la liberté d’être
aimables, et à Théramène de faire ses déclarations : »
Hypothèse marquée par l’inversion du sujet et la formulation insiste aussi sur
l’empressement avec lequel ces mères pleines d’espérance pour leur progéniture
laissent le visiteur jouir de la situation qu’elles créent.
Euphémisme plaisant : « … toute la liberté d’être aimables », pour une expression
plus brutale de la réalité qui serait « pour tenter de séduire Théramène et le conduire
à épouser ».
La jeune fille qui se livre à une comédie de la séduction, savamment orchestrée par
la mère qui ambitionne un mariage brillant.
On le voit, la question des sentiments
n’entre pour rien dans cette comédie.
Terme « liberté » est mis en dénominateur commun : caractère elliptique de
l’expression, rythme qui ne faiblit pas.
Le mot associe de manière plaisante les
principaux intéressés, à savoir la jeune fille et le prétendant supposé.
Ce personnage donne son avis sur les autres et il est assez malveillant : « il tient
contre le mortier ».
Il a un tel ascendant sur son public féminin que sa seule
présence a pour effet de rendre ses « concurrents....
»
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