Analyse Linéaire La passion selon Julien
Publié le 25/04/2022
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Analyse «La passion selon Julien» Le Rouge et le Noir
Le Rouge et le Noir est un roman de Stendhal paru en 1830, portant également le sous-titre de
Chronique du XIXe siècle.
Il possède en épigraphe une citation de Danton: «la vérité, l’âpre vérité».
Il
s’agit pour l’auteur d’inscrire son roman dans un contexte réaliste et de révéler une vérité humaine.
Le
passage que nous étudions est extrait du chapitre XXX du livre premier.
Ici, Julien brave tous les
risques, porté par son amour et le désir ardent de rejoindre Madame de Rênal, la femme du maire de
Verrières.
Nous verrons comment la conquête du jeune amant le mènera d’abord à de nombreux doutes
pour finalement le conduire à une action décisive.
Nous pouvons nous demander en quoi Julien incarnet-il la fougue du jeune héros romantique.
Premier mouvement: la conquête du jeune amant
Le cadre spatio-temporel de l’action est posé dès le départ.
La scène se déroule «la nuit» et «vers
une heure du matin» dans la ville de «Verrières».
Ici, Julien se rend compte de son amour pour Mme de
Rênal et décide alors de braver plusieurs obstacles, avec maîtrise et agilité, pour la rejoindre dans sa
chambre, considérée pour lui comme le «Graal».
Généralement de caractère plutôt pensif et calme,
Julien entreprend ici un parcours accidenté et devient alors un véritable héros romantique.
Le registre
épique a pour objectif d’accentuer ce rôle.
Nous le retrouvons notamment dans l’accumulation d’actions
qu’entreprend le héros.
En effet, Julien n’hésite plus, malgré tous les obstacles qui se présentent à lui.
Tout d’abord, la «nuit était fort noire».
De plus, il est «chargé de son échelle», il doit traverser un
«torrent à une profondeur de 10 pieds» et le fait que «les grilles fussent fermées» ne l’arrête pas.
Il lui
fut même «facile» d’atteindre son but (la chambre de Mme de Rênal).
Cette facilité relève d’une tonalité
comique: Julien, pauvre provincial, semble devenir un fervent chevalier que rien n’arrête.
L’aspect
héroïque de Julien s’illustre également par le fait que l’action se passe dans un cadre sombre.
Les termes
du champ lexical de l’obscurité tel que «nuit» et «noire», se trouvant dans la même phrase avec
l’adjectif épithète «fort», accentuent cette idée d’obscurité, dès le départ.
Cela a pour conséquence
d’apporter de la difficulté à l’entreprise de Julien et ainsi de rendre ses actions plus héroïques.
Cet
aspect épique associé à Julien peut surprendre le lecteur.
Ces actions hardies s’opposent à son
comportement habituel, plutôt pensif.
Julien doit également faire face aux «chiens de garde».
Cependant, ce risque est relatif car les chiens le connaissent et le simple fait qu’il siffle, lui permet de les
calmer et de les caresser.
Nous retrouvons ici une tonalité comique, on peut alors qualifier ce passage
comme relevant du registre épique parodique car ses actions, si héroïques en apparence, peuvent être
exagérées (surestimation du danger).
Les termes «remontant alors de terrasse en terrasse» marquent la
progression physique de Julien dans sa conquête et font écho aux terrasses de Verrières, évoquées dès le
début du roman.
Ainsi la boucle semble bouclée.
Nous retrouvons le topos du jeune héros escaladant
une tour pour sauver une jeune femme.
Nous pouvons relever une importante présence de verbes au
passé simple, notamment pour des verbes d’action tel que «entra» et «monta» , qui rendent la scène de
cette conquête plus dynamique et l’enchaînement des actions plus fluide.
Ainsi le lecteur a
véritablement l’impression d’être le témoin d’une scène épique.
L’importante présence de ce temps
suppose que la scène a une influence sur le reste du récit.
De plus, les verbes à l’imparfait («était» et
«pensait») permettent quant à eux de poser le cadre et aident le lecteur à se représenter la scène avec
précision.
Le mouvement se termine avec l’arrivée de Julien à la fenêtre de Mme de Rênal, se trouvant
être «en forme de cœur».
Cette construction symbolique rappelle l’objectif romantique de l’entreprise de
Julien qui a pris tant de risques pour y parvenir.
Enfin, Julien ne découvre aucune lumière dans la
chambre, cela lui cause un «grand chagrin»..
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