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Analyse linéaire Épilogue de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce

Publié le 21/06/2022

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« Juste la fin du monde- Jean-Luc LAGARCE, 1990 Texte 3 : Epilogue - Louis 1 Louis.

– Après, ce que je fais, je pars. Je ne revins plus jamais.

Je meurs quelques mois plus tard, une année tout au plus. 5 Une chose dont je me souviens et que je raconte encore (après, j’en aurai fini) : c’est l’été, c’est pendant ces années où je suis absent, c’est dans le Sud de la France. Parce que je me suis perdu, la nuit dans la montagne, 10 je décide de marcher le long de la voie ferrée. Elle m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe près de la maison où je vis. La nuit aucun train n’y circule, je ne risque rien et c’est ainsi que je me retrouverai. 15 À un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense, il domine la vallée que je devine sous la lune, et je marche seul dans la nuit, à égale distance du ciel et de la terre. Ce que je pense 20 (et c’est cela que je voulais dire) c’est que je devrais pousser un grand et beau cri, un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée, que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir, hurler une bonne fois, 25 mais je ne le fais pas, je ne l’ai pas fait. Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai. Juillet 1990 Berlin. Introduction (même intro que pour le prologue) Contextualisation de l’extrait : Dernière scène de la pièce, l’épilogue n’en est pourtant traditionnellement pas une.

En effet, dans les pièces antiques, l’épilogue se situe après la pièce et permet de raconter la suite des évènements longtemps après la fin de l’intrigue.

Lagarce continue à inscrire sa pièce dans la continuité des tragédies antiques en dotant Juste la Fin du Monde d’un épilogue, véritable miroir du prologue, dans lequel Louis, va se souvenir d’un épisode d’égarement un soir d’été durant lequel un cri n’a pas été poussé. Problématique: En quoi cet épilogue teinté d’ironie tragique permet-il une relecture de la pièce comme l’écho d’un” long cri” qui ne cesse de retentir ? Mouvement 1 (du début à « une année tout au plus ») Une parole d’outre-tombe ● D’abord, l’épilogue s’ouvre sur un connecteur temporel « après ».

Comme annoncé dans le prologue, “l’année d’après, je mourrai à mon tour ”.

Le fait de revenir par un effet d’écho avec cette répétition de l’adverbe “après” marque comme une sorte de boucle et de retour au début de la pièce. ● L'utilisation du présent d’énonciation “ce que je fais, je pars” nous ramène juste après sa visite dans la famille, et la fin de ce voyage raté d’une certaine matière qui se termine par un non-dit, son non-retour et sa mort “quelques mois plus tard” ● L’absence de précision “quelques” donne un certain flou à la chronologie et met l’accent sur la futilité que donne Lagarce à ce genre d’information.

On peut voir cela comme une ironie tragique, au fond, la date exacte de mort, est-ce si important, comme un écho au titre, finalement c'est “juste la fin du monde”. ● Or, l’idée de départ définitif est inscrite fermement avec l’emploi du verbe « partir » et « ne plus jamais revenir ». ● Comme dans l’ouverture du prologue, nous constatons que Louis s’exprime donc d’outre-tombe, puisqu’il dit être mort et pourtant il est bien devant nous, les spectateurs, comme s’il avait encore quelque chose à ajouter.

Ainsi, ce premier mouvement fait entendre la voix d’un mort, c’est la prosopopée que l’on avait déjà rencontré au début de la pièce.. »

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