Analyse linéaire du poème Moesta et Errabunda
Publié le 23/01/2024
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MOESTA ET ERRABUNDA
Charles Baudelaire est un poète dont l'œuvre est au croisement de deux courants le symbolisme et le
romantisme.
Le symbolisme, fondé sur l'idée que le monde réel n'est que le reflet d'une réalité supérieure que le
poète peut transposer par des analogies successives.
Le romantisme, fondé sur l'exaltation des sentiments ainsi
que le rejet du néoclassicisme et des Lumières.
Le recueil Les Fleurs du Mal, publié en 1857, tient une place
importante dans l'histoire de la littérature, marquant le tournant vers la modernité avec sa noirceur et son
ancrage urbain.
Dans ce recueil Baudelaire montre l'âme humaine déchirée entre spleen et idéal.
"Spleen et
Idéal" est d'ailleurs le titre de la deuxième section du recueil dans lequel se situe Moesta et errabunda.
Ce poème est composé de 5 quintils d'alexandrins aux rimes croisées, où le dernier vers de chaque strophe
répète le premier.
Pour guider notre explication du poème, nous nous demanderons comment ce poème oppose-t-il le spleen du
poete et un paradis perdu ?
Dans une première partie, des strophes 1 à 3, le poète souhaite un départ pour fuir l'horreur du present.
Dans une deuxième partie, des strophes 4 à 5, il fait l'éloge d'un paradis perdu.
Enfin, dans la troisième partie, 6ème strophe, Baudelaire interroge la capacité de la poésie à restaurer ce
paradis perdu
1) Un appel au départ pour fuir l'horreur du present:
« moesta et errabunda » sôougte sur une adresse lyrique à une femme
prénommée « Agathe » (v1)
L'impératif à la deuxième personne du singulier "Dis moi" inscrit la voix du poète dans une solitude à laquelle il
espère se soustraire en "s'envolant".
Le terme "ton cœur", avec l'adjectif possessif, donne l'impression d'une confession intimiste et amoureuse où le
poète implore la présence de l'être aimé.
Mais très vite le poète oppose la réalité haïe à un ailleurs idéalisé.
En effet la ville, la "cité" est associée à un adjectif péjoratif qui exprime le dégoût "immonde" tandis que "'autre
océan" est un monde virginal "virginité" décrit par l'harmonieuse énumération ternaire d'adjectifs mélioratifs "bleu,
clair, profond"* (v.4)
Cet ailleurs évoqué par Baudelaire est donc tourné vers l'enfance.
Mais cette nature est ambivalente.
Elle est à la fois source d'apaisement "console",
"berceuse" mais
également effrayante de par son étendue "vaste" et son chant disharmonieux "rauque" qu'elle tient d'un "démon"
surnaturel (v.7).
La nature n'offre pas de consolation absolue au poète.
Baudelaire rompt ainsi avec la tradition romantique en
représentant la nature comme une force menaçante avec laquelle le poète ne peut plus tusionner.
L'ici est un espace désespérant où les hommes se noient dans leur propre tristesse : "ici la boue est faite de nos
pleurs !" (v.12)
Puis Baudelaire fait parler Agathe aux vers 14 et 15: "Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs,
emporte moi wagon, enlève moi frégate ?"
Or cette figure féminine idéale est souillée puisqu'elle réclame elle aussi de s'éloigner "des remords, des crimes,
des douleurs" dans lesquels son âme a été plongée.
Agathe n'apparaît désormais plus qu'à la troisième personne "le triste cœur d'Agathe".
Elle est devenue une
présence absente, ce qui accentue la solitude du poète.
Le vers 15 répète le vers 11, mais en remplaçant l'exclamation par une interrogation: le départ souhaité laisse
désormais place au doute : "Emporte moi wagon, enlève moi frégate ?"
II) L'évocation d'un paradis perdu et enfantin
(strophes 4 et 5)
Le poète s'échappe cependant de l'insupportable réalité en rêvant au "paradis parfume" (v.
16).
Baudelaire évoque un spectacle de volupté et de plénitude amoureuse, rendu par l'allitération....
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