Analyse linéaire du "Madame Bovary"
Publié le 05/04/2024
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Analyse linéaire du "Madame Bovary"
Introduction :
Bonjour, je vais maintenant vous présenter l'extrait que vous m'avez demandé
d'analyser.
Il s'agit d'un passage du roman réaliste "Madame Bovary" écrit par
Gustave Flaubert, un écrivain du XIXe siècle renommé pour son obsession de la
recherche de la phrase parfaite, celle qui résonne justement, comme le
témoignent ses brouillons.
Publié en 1857, Madame Bovary marque le premier
roman de Flaubert.
Inspiré par un fait divers, ce récit, qui appartient à notre
parcours « personnage en marge, plaisir du romanesque » raconte la vie banale
d'Emma Bovary, une femme mariée à un médecin de son voisinage, qui s'ennuie
profondément car sa réalité ne correspond pas du tout aux aventures
romanesques qu'elle imagine à travers ses lectures.
Dans le passage qui nous
intéresse, qui se situe au milieu du roman, Flaubert se moquera des aspirations
romantiques de son héroïne qui voudrait vivre selon les idées des romans qu’elle
a lus.
Un exemple de ces rêves est présent dans le texte qu’on va analyser.
Comme on le remarque, le narrateur nous présente l'héroïne en train de rêver.
On va donc découvrir quel portrait de son caractère se dégage à travers ces
rêves.
Pour pouvoir répondre à cette question, on va diviser le texte en 3
mouvements.
D’abord, les deux premières lignes nous montrent la façon dont Emma vit, en se
basant sur des apparences trompeuses.
Ensuite, les lignes suivantes, jusqu'à la ligne 18, nous montrent les rêves
d'Emma, qui sont caractérisées par un désir d'évasion et de fuite.
Enfin, les trois dernières lignes marquent un retour brutal à la réalité.
Si vous me le permettez, je vais maintenant procéder à la lecture du texte.
LECTURE
Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d’être endormie ; et, tandis qu’il
s’assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d’autres rêves.
Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays
nouveau, d’où ils ne reviendraient plus.
Ils allaient, ils allaient, les bras enlacés,
sans parler.
Souvent, du haut d’une montagne, ils apercevaient tout à coup
quelque cité splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de
citronniers et des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient
des nids de cigogne.
On marchait au pas, à cause des grandes dalles, et il y
avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées
en corset rouge.
On entendait sonner des cloches, hennir les mulets, avec le
murmure des guitares et le bruit des fontaines, dont la vapeur s’envolant
rafraîchissait des tas de fruits, disposés en pyramide au pied des statues pâles,
qui souriaient sous les jets d’eau.
Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de
pêcheurs, où des filets bruns séchaient au vent, le long de la falaise et des
cabanes.
C’est là qu’ils s’arrêteraient pour vivre ; ils habiteraient une maison
basse, à toit plat, ombragée d’un palmier, au fond d’un golfe, au bord de la mer.
Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac ; et leur
existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute chaude et
étoilée comme les nuits douces qu’ils contempleraient.
Cependant, sur
l’immensité de cet avenir qu’elle se faisait apparaître, rien de particulier ne
surgissait ; les jours, tous magnifiques, se ressemblaient comme des flots ; et
cela se balançait à l’horizon, infini, harmonieux, bleuâtre et couvert de soleil.
Mais l’enfant se mettait à tousser dans son berceau, ou bien Bovary ronflait plus
fort, et Emma ne s’endormait que le matin, quand l’aube blanchissait les
carreaux et que déjà le petit Justin, sur la place, ouvrait les auvents de la
pharmacie.
Développement :
Je vais d'abord analyser le premier mouvement qui concerne la situation initiale :
la manière dont Emma vit sa réalité, notamment sa relation avec son mari, qui
est basée sur des apparences trompeuses.
Cette situation initiale est établie par une description des actions de l'héroïne et
celles de son mari : pendant qu'elle faisait semblant de dormir, lui, le mari, dort
vraiment.
Ainsi, leur relation semble être basée sur des faux-semblants.
Cette
impression est renforcée par le choix des verbes : "dormait" (ligne.1), employé à
la forme négative qui se donc s’oppose à l’adjectif "endormie", et la locution
verbale "faisait semblant" souligne une manipulation des apparences.
De même dans les lignes 1 et 2, un parallélisme met en évidence l'opposition
entre le mari et la femme : "il s’assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en
d’autres rêves".
Ce parallélisme, basé sur un jeu d'oppositions, souligne le
caractère artificiel de cette relation : tandis qu'il s'endort, elle se réveille ; tandis
qu'il est à ses côtés, elle est mentalement ailleurs.
Rien ne semble unir
véritablement ce couple.
Après avoir établi le contexte, le narrateur se concentre sur le rêve éveillé
d'Emma, qui a pour but de s'enfuir avec son amant Rodolphe.
Ce deuxième
mouvement détaille ce rêve en deux temps.
Dans les lignes 3 à 11, le narrateur décrit un premier tableau, un rêve où la fuite
représente la liberté.
Pour souligner le passage du rêve d’Emma, le narrateur
adopte son point de vue interne pour que tout sera raconté à travers sa
subjectivité et sa sensibilité.
En mentionnant les "quatre chevaux" (ligne 3), le narrateur, en utilisant cette
référence, évoque les carrosses des contes de fées souvent tirés à plusieurs
chevaux pour suggérer que le rêve d’Emma est influencé par ses lectures.
Il s'agit d'un rêve d'évasion, comme l'indique l'expression "Au galop" (ligne....
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