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Analyse linéaire du conflits entre frères Juste la fin du monde

Publié le 30/06/2024

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« Texte 2 : Le conflit des deux frères Explication linéaire Introduction La deuxième partie de la pièce est consacrée au départ de Louis.

Elle commence par un monologue dans lequel il décrit et commente l’action à venir tel un choreute : « Antoine est sur le pas de la porte / il agite les clefs de sa voiture » (p.

88).

Les paroles rapportées résonnent comme une sorte de prétérition : « il dit plusieurs fois qu’il ne veut en aucun cas me presser / qu’il ne souhaite pas que je parte, / que jamais il ne me chasse, / mais qu’il est l’heure du départ » (p.

88).

Ce monologue fonctionne comme une didascalie interne qui permet de poser le contexte de la scène 2 : une scène de séparation tendue où éclate la confrontation entre les deux frères.

D’un côté Louis (relativement silencieux et refusant le conflit ouvert) secondé par l’ensemble de sa famille ‒ Catherine, la femme d’Antoine vient de reprocher à son mari sa brutalité verbale ‒ et de l’autre Antoine isolé et de plus en agressif.

Nous verrons comment cette crise familiale banale prend une dimension tragique. Premier mouvement (lignes 1 à 17) : la colère d’Antoine Comment le sentiment d’exclusion d’Antoine se manifeste-t-il dans le passage ? Antoine est dans un état de crise, ce que le spectateur comprend grâce à la didascalie interne « ne me touche pas ! » (l.

1).

Cette injonction adressée à sa femme Catherine donne en effet une indication de geste : celle-ci semble vouloir se rapprocher pour le calmer.

L’affirmation « je n’ai rien » (l.

1) se comprend comme une antiphrase traduisant l’état d’un personnage bouleversé qui s’enferme dans sa colère et refuse l’aide des autres.

On remarque dans la tirade d’Antoine une antithèse forte entre le pronom personnel « je » et le pronom personnel « vous » désignant l’ensemble de la famille unie contre lui : « Faites comme vous voulez, je ne voulais rien de mal » (l.

2).

La reprise du même verbe accentue l’opposition.

L’émotion d’Antoine se traduit également par une parole bégayante qui ressasse le même motif dans un effort d’ajustement de la parole, procédé récurrent dans l’écriture de Lagarce que l’on nomme en stylistique l’épanorthose : « je ne voulais rien de mal » (l.

2), « je ne voulais rien faire de mal » (l.

3), « il faut toujours que je fasse mal » (l.

4), « je n’ai rien dit de mal » (l.

8). L’épiphore du mot « mal » met en valeur l’obsession d’Antoine qui se sent perçu comme un être mauvais par le reste de sa famille.

Ce qu’il verbalise encore à la ligne 13 : « il n’y avait rien de mauvais dans ce que j’ai dit ».

Cette souffrance s’exprime par les reproches qu’il formule à l’encontre de sa famille : « me regarder comme une bête cur-/rieuse » (l.

11-12), « me prendre pour un A vous de rédiger une amorce Situation de l’extrait Présentation de l’extrait Problématiq imbé-/cile » (l.

16-17, la coupe des mots fait ressentir une irrégularité qui va dans le sens de la monstruosité).

Le pronom personnel de la première personne du singulier en complément d’objet direct montre comment Antoine subit le regard des autres comme une malédiction.

La multiplication des impératifs et la modalité exclamative pour s’adresser à sa famille révèlent alors une parole impérieuse et déchaînée car trop longtemps retenue : « faites » (l.

2), « ne me touche pas » (l.

1), « arrêtez » (l.

16).

Les autres membres de la famille restent silencieux face à son emportement, même si l’un d’eux, sans doute Suzanne, s’approche pour le calmer comme l’indique l’intervention de la ligne 7 : « toi non plus ne me touche pas ! ».

La répétition du verbe « dire » exhibe également la difficulté à exprimer les choses sans malentendu.

Cela revient comme un leitmotiv en anaphore dans sa tirade « je disais » (l.

5 et 9), mais aussi de manière plus disséminée dans le passage : « cela me semblait bien, ce que je voulais juste « dire » (l.

6), « dit » (l.

8 et 13).

L’emportement se fait de plus en plus intense comme le souligne le rythme ternaire des lignes 13 à 15, fondé sur l’épanorthose, avec une dernière proposition plus longue qui dévoile l’essentiel : « ce n’est pas bien, ce n’est pas juste, ce n’est pas bien / d’oser penser cela ». Deuxième mouvement (lignes 18 à 30) : la faute d’Antoine En quoi Antoine apparaît comme un personnage tragique dans ce passage ? Pour se dédouaner de cette accusation silencieuse de toute sa famille Antoine avance ses arguments.

La violence rentrée du conflit se manifeste d’abord dans le fait.... »

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