Databac

Analyse linéaire : Beaumarchais, Le Mariage de Figaro - Acte V, scène 3 : le monologue

Publié le 17/05/2020

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Analyse linéaire : Beaumarchais, Le Mariage de Figaro - Acte V, scène 3 : le monologue Ce document contient 8494 mots soit 19 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Analyse linéaire : Beaumarchais, Le Mariage de Figaro - Acte V, scène 3 : le monologue Scène qui représente le dénouement de la pièce.

Ce monologue est un des plus longs de la scène française (ici nous n’en étudionsqu’un extrait).

Il permet de créer une pause dans l’action : le personnage, porte-parole de l’auteur s’adresse directement aupublic et l’action ne progresse pas : c’est un moment statique pendant lequel Figaro attend le développement de la « crise »engagée et l’arrivée de Suzanne avec des explications.

C’est un temps de réflexion pour lui-même.Quand Figaro commence son monologue, le théâtre est obscur, l’acteur adopte un ton sombre.Le décor représente une salle de marronniers, dans un parc, des arbres plantés en ordre symétriques, le fond est une clairièreornée, un siège de gazon sur le devant. Rappel de l’intrigue qui conduit ici Figaro, le soir de ses noces à faire les 100 pas en pleine nuit : le mariage de Figaro et deSuzanne a été réglé à la fin de l’acte III ; l’acte IV a été en partie rempli par des cérémonies, défilés, danses qui s’y rapportent.Mais, chemin faisant, toute une intrigue a été ourdie et Figaro croit que Suzanne lui désobéit, lui ment et veut le tromper : lespectateur sait que la comtesse a ordonné à Suzanne d’accepter le rendez-vous que le comte lui avait fixé.

Elles échangerontleurs vêtements pour que Rosine aille au rendez-vous sous l’habit de Suzanne, afin de piéger le comte.

Bien sûr, Figaro n’est pasmis dans la confidence, c’est ce qui fait qu’il se croit trahi. Ce monologue n’est pas seulement le manifeste d’une Révolution écrit par Beaumarchais : pour s’expliquer l’amertume deFigaro, il faut tenir compte de sa situation : ce n’est pas celle d’un philosophe qui réforme le monde, mais celle d’un mari jalouxqui croit avoir surpris la preuve que la veille même de son mariage, sa Suzanne se prépare à le tromper avec son maître. ( Figaro se promène, en pensant à Suzanne.

Les données essentielles de la conjoncture sont résumées avec précision : aussiimpatient que dépité, Figaro s’élève contre l’inconstance des femmes: Ce sera l’un des thèmes majeurs de la méditation et latriple apostrophe initiale en souligne l’importance (Ô femme ! femme ! femme !).

Voir Hamlet, on y retrouve une plainte similaire« O femme, ton nom est fragilité ! ».

Figaro croit Suzanne infidèle et sa colère va l’amener à généraliser : l’apostrophe concernetoutes les femmes.La femme est traitée « d’animal » : style cavalier (= sans respect), vocabulaire dépréciatif (« créature » (dans la religion Eve est lacréature responsable du pêcher originel), les adjectifs « faible » (= sexe) et « décevant » (= le tromper) : la femme ne sait pasrésister, elle ment.

Le terme « animal » renforcé par le mot « instinct » a valeur péjorative : la femme n’a pas de raison : la passionet la jalousie de Figaro lui brouille la mémoire : Le caractère de Figaro ici se trouve précisé : aimant Suzanne d’un amour vrai,dans le moment présent il souffre d’une émotion aussi sincère que manifeste.( Chagrin sentimental conduit Figaro à une explosion soudaine et violente contre son rival, le Comte, et le pousse à proférer unerageuse déclaration de guerre : « Le perfide ! et moi comme un benêt »: Le tempo change brutalement : une amère virulenceanime soudain l’énoncé (sa colère est d’autant plus forte que Figaro a aidé le Comte dans le Barbier).

Figaro est devenu unamoureux inquiet, que dresse une rancœur accusatrice et revendicatrice contre un noble.

Ici le héros est le porte parole del’auteur : c’est le double d’un Beaumarchais : l’auteur et son personnage force l’autorité gouvernementale, attaque de front unecaste nobiliaire qui détient tous les biens de ce monde (fortune, rang social, titres et places) sans rien avoir fait pour les mériter.Ce lieu commun est la vraie noblesse que l’on retrouve dans de nombreuses pièces (ex : Don Juan, Molière, IV, 4).

Mais lanouveauté tient au fait à ce que la sentence prononcée est passée dans la bouche du valet de comédie (et non plus dans celle dupère noble) : ce transfert constitue une égalisation des conditions.

Figaro éprouve un complexe d’infériorité sociale ce qui accroîtle sentiment de sa supériorité intellectuelle sur le Comte (qualifié d « homme assez ordinaire »).( antithèse cinglante entre « grand seigneur » et grand génie » : le rang et la naissance ne sauraient remplacer le don naturel (sensétymologique de génie) comme le croyaient les mondains du 17ème siècle pour lesquels « l’honnête homme » est distinguémoralement et intellectuellement, mais sa distinction est presque toujours liée à une origine aristocratique.

Figaro s’en prend auxprivilèges de la naissance : contraste entre deux statuts : la noblesse, tout provient de na naissance // son statut individuel, le TiersEtat.Figaro, lui, possède le mérite personnel, fait de lucidité, de prévision, de courage, d’obstination, ce qu’exprime l’hyperbole : lepluriel « toutes les Espagnes » désigne les diverses provinces ibériques dont la réunion forme l’Espagne, son emploi associé auchiffre de « cent ans » exagère la comparaison.De surcroît, Figaro a dû lutter, il appris à l’école de la vie, donc il est digne de son ascension sociale.

Là, est le germe desrevendications du Tiers Etats contre la Noblesse.

On pense à la célèbre formule de Sieyès : « qu’est-ce que le Tiers Etat ? –Tout.

– Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre public ? Rien.

– Que demande –t-il ? Devenir quelque chose.

» De tels accentsétaient inédits sur la scène française.

Figaro vaincra-t-il ? Il est jouteur « jouter » (= rivaliser, livrer un assaut d’égal à égal).

Maistout espagnol qu’il est, il n’est pas un héroïque capitan (= fanfaron), et le tribun populaire (= magistrat chargé de défendre lesdroits du peuple) retrouve pour finir son langage d’amoureux et de valet traditionnel : jaloux, il est le mari, ou tout comme. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles