Analyse, intro, conclusion, colette, Sido , bac de français
Publié le 22/03/2025
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«
TEXTE N°16 : Sidonie-Gabrielle COLETTE (1873-1954), Sido (1930), chap.
I – Expéditions matutinales
[INTRO.] – À RÉDIGER (en passant de préférence par un tableau Q-C-P au préalable) BRIQUES VALIDABLES.
I – §1-2 : Colette ressuscite le souvenir heureux de ses étés passés (l.1-11)
[1] Étés réverbérés par le A) De la célébration de l’été au don de l’aube (l.1-5)
gravier jaune et chaud, étés - Ouverture sur une évocation, voire une invocation des « étés » de l’enfance, par la triple
traversant le jonc tressé de
anaphore de l’apostrophe « étés » scandant une 1re phrase non-verbale qui semble ainsi aussi
mes grands [2] chapeaux, étés
spontanée que solennelle et harmonieuse.
Cette incantation lyrique aide Colette à se souvenir,
presque sans nuits… Car
et à condenser une expérience plurielle, signe d’un récit itératif, à la temporalité floue et
j’aimais tant l’aube, déjà, que
globalisante.
Elle rappelle ainsi à elle diverses sensations qui insistent sur l’intensité de cette
ma mère me l’accordait en [3]
saison [fil directeur du chap.
depuis la p.46 : « il y avait dans ce temps-là de grands hivers et de
récompense.
J’obtenais
brûlants étés »], et tout particulièrement la vue (notations de lumière et de couleur : « réverbérés
qu’elle m’éveillât à trois
par le gravier jaune », l.1 ; « étés » comme métonymie de la lumière dans l’image au point de
heures et demie, et je m’en
vue interne à l’enfant qu’elle était « étés traversant le jonc tressé de mes grands chapeaux », le
allais, un panier vide à [4]
« jonc » permettant d’établir une continuité entre le « jaune » du gravier, du chapeau et le blond
chaque bras, vers des terres
implicite de l’enfance ; ce que renforce l’absence de « nuits », l.2).
Mais cette lumière a aussi des
maraîchères qui se réfugiaient
conséquences sur le toucher (adj.
« chaud », sous les pieds nus de l’enfant), alors que l’univers
dans le pli étroit de la rivière,
(res)suscité par l’écriture semble parfaitement silencieux – mise à part la voix de la narratrice qui
vers les [5] fraises, les cassis et
chante l’été, et qui fait entendre, par l’allitération en [r] (réverbérés ; gravier ; traversant ; tressé ;
les groseilles barbues.
presque), ses pas d’enfants sur le gravier du chemin [vers lequel elle revient souvent en pensée, cf.
« Jour gris »].
Ce silence
propre à un monde encore somnolent mais déjà dédié à la lumière, ainsi que le détail des « étés presque sans nuits »
préparent le glissement vers l’aube, en évoquant aussi la courte durée des nuits estivales pour l’enfant qui se lève « à trois
heures et demie » (l.3) afin d’en profiter.
Par cette incantation lyrique, Colette se remémore le charme de petites joies
passées, dont la poésie impressionniste tient plus de ses sensations que de ses sentiments.
- La célébration se concentre alors sur le don de l’aube, un motif essentiel chez Colette [cf.
La Naissance du jour].
À la phrase nonverbale de l’enfance retrouvée par les sensations succède une explication donnée par la narratrice adulte, introduite par la conj.
de coord.
de cause « car » (l.2), suivie d’une prop.
sub.
circ.
de conséquence : « tant […] que ma mère me l’accordait » (l.2).
Cependant, l’adv.
« déjà » atténue la distance entre l’enfant et l’adulte en soulignant la précocité de l’enfant, signe d’une
continuité dans leur goût et dans leur capacité à profiter d’un cadeau immatériel comme une aube d’été.
De même, les précisions
plus factuelles sur l’heure (« trois heures et demie »), les accessoires (« un panier à chaque bras »), et le but de la promenade
(« je m’en allais […] vers des terres maraîchères »), ne renoncent pas au lyrisme d’une prose poétique, portée par l’anaphore de
la préposition « vers », par la personnification des « terres maraîchères » qui « se réfug[ient] », et par l’énumération gourmande
des fruits (rythme ternaire : « les fraises, les cassis et les groseilles barbues »).
- Cette promenade matinale de l’enfant se double d’une célébration de la mère : une lecture métaphorique fait d’elle une divinité
capable d’« accord[er] en récompense » l’aube (image curieuse) à son enfant, comme si elle possédait le monde.
Sa transmission
dépasse la seule éducation : Sido donne accès à son royaume à sa fille, et ainsi la met au monde d’une façon plus symbolique.
- Tout cela confère à l’enfant un statut privilégié.
Par un effet de grandissement poétique, son départ matinal est assimilé à une
expédition lointaine : elle « obt[ien]t » le droit de partir vers des « terres » dont le pluriel laissait attendre l’adjectif ‘’inconnues’’,
comme sur une carte de marin, au lieu de « maraichères » [= cultivées], même si l’eau douce de la « rivière » s’est substituée à
l’eau salée de l’océan dans l’imaginaire aventurier.
De même, ses « paniers vides » sont destinés à être remplis par ses trouvailles
comme les cales d’un navire, même s’il ne s’agit pas d’or ou d’épices mais de richesses plus humbles et plus savoureuses : des
fruits des bois qui en appellent au sens du goût (voire du toucher sur la langue, avec les « groseilles barbues »), des fruits
sauvages, dont la couleur rouge ou violacée remplacerait celle du sang versé dans les aventures ultramarines – les « fraises » et
les barbes des groseilles n’ont-elles pas aussi été portées par les conquistadors ? à moins que les « groseilles barbues »
n’évoquent par leur discrète personnification une sorte de tribu autochtone, un peuple des bois ? Se distinguant un peu de
l’émerveillement de la petite fille qui humanise son environnement, en rappelant l’humilité de cette quête, la narratrice adulte
n’en regarde donc pas moins ce souvenir magique avec une gaieté attendrie : la nature apparaît comme un lieu propice à une
aventure sans danger, accueillante, nourricière – maternelle.
Ce 1er mouvement étend donc sa célébration lyrique de la saison à l’aube, sans oublier l’influence de la figure maternelle.
[6] À trois heures et demie, B) l.6-9 : un baptême païen pour communier avec une nature primordiale
tout dormait dans un bleu - Une atmosphère magique : reprise de l’heure « à trois heures et demie », entretenant le
originel, humide et confus, et
caractère poétique du passage et soulignant par contraste l’indistinction générale (pronom
quand je [7] descendais le
indéfini « tout », déterminant indéfini « un bleu », adj.
« confus »).
Cet enchantement de l’aube
chemin de sable, le brouillard
passe aussi par la substantivation de l’adj.
« bleu », complété de l’épithète « originel » : cette
retenu par son poids baignait
couleur devient symbolique d’une sorte de (re)création du monde, comme si l’aube renvoyait
d’abord mes jambes, puis [8]
à un monde d’avant la naissance des êtres et des choses.
Le tout se poétise encore par une
mon petit torse bien fait,
synesthésie (« bleu […] humide » : vue + toucher) et par le rythme ternaire des adj.
.
atteignait mes lèvres, mes
- L’enfant participe à cette création du monde de tout son corps, tout neuf, jeune, dont on
oreilles et mes narines plus
appréhende ses diverses parties : « mes jambes », « mon petit torse », « mes lèvres, mes
sensibles que tout le [9] reste
oreilles et mes narines » (l.7-8).
Ce mouvement du bas vers le haut et de l’insensible au sensible
de mon corps…
1
suggère une immersion progressive dans « le brouillard », état intermédiaire de l’eau (liquide / gazeux) et état intermédiaire
entre la nuit et le jour, brouillard qui l’absorbe par tous ses sens (vue, toucher, odorat, cf.
comparatif « mes narines plus sensibles
que le reste de mon corps »).
Cela contribue à charger de mystère cette scène qui peut évoquer une forme de baptême par
immersion, dans une eau céleste, qui favorise la communion de l’enfant avec la nature.
Cette immersion dans le brouillard
qui la transforme paraît correspondre à une des étapes d’un parcours initiatique.
J’allais seule, ce pays mal C) l.9-11 : Il s’agit d’une expérience fondatrice pour l’identité de Colette
pensant était sans dangers.
- Dans une phrase brève, la narratrice adulte souligne la solitude de l’enfant qu’elle était : elle
C’est sur ce chemin, c’est à
l’explique par un commentaire paradoxal (« ce pays mal pensant était sans dangers » : reprise
[10] cette heure que je prenais
ironique de ce qu’elle a entendu dire sur sa région ? ou sur sa réputation de faible pratique
conscience de mon prix, d’un
religieuse ?) qui justifie l’attitude de sa mère afin de la rendre plausible pour le lecteur qui
état de grâce indicible et de
risquerait de ne pas croire qu’une mère laisse une enfant aussi jeune (7-8 ans) partir seule
ma connivence [11] avec le
dans la nature [ce que Sido ne faisait pas ! L’écriture du souvenir a sa part de fiction], et qui sortirait
premier souffle accouru,....
»
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