Analyse d'un extrait de l'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert

« Explication de texte N¡5 : extrait de lՃducation sentimentale de Flaubert: la dernire rencontre entre FrŽdŽric Moreau et Mme Arnoux.

De Ç il souponna Mme Arnoux dՐtre venue sÕoffrir È ˆ Ç Et ce fut tout È.

Quelques ŽlŽments dÕintroduction : Dans LÕ Education Sentimentale , paru en 1869, Flaubert dŽcrit lÕhistoire dÕamour ÔplatoniqueÕ entre son personnage, jeune homme de dix-huit ans au dŽbut de lÕhistoire, et Mme Arnoux, une femme mariŽe et mre de famille bourgeoise.

Dans ce roman, un fond historique se dessine.

Le temps historique de LՃducation sentimentale est celui de la Monarchie de Juillet puis de la Deuxime RŽpublique, entre 1848 et 1851 .

Le temps narratif se distingue par lÕellipse du Second Empire , de sorte que le lecteur est directement conduit aux annŽes 1867-1869 dans les deux derniers chapitres.

Les aspirations rŽpublicaines nÕont pas abouti et les amours de FrŽdŽric non plus.

Flaubert dit de ce livre Ç Je veux faire l'histoire morale des hommes de ma gŽnŽration; Ç sentimentale È serait plus vrai.

C'est un livre d'amour, de passion; mais de passion telle qu'elle peut exister, c'est ˆ dire inactive È.

Il ne se passe rien effectivement dans ce roman.

FrŽdŽric Moreau sՎprend de Mme Arnoux mais cette dernire est vertueuse.

Tout au long du roman, le lecteur ignorera si elle aime FrŽdŽric ou pas.

Ë la fin du roman, les deux personnages se retrouvent aprs seize ans dÕabsence.

CÕest ˆ ce moment que Flaubert donne ˆ son lecteur un premier Žpilogue, qui voit la conclusion de la relation platonique entre les deux personages.

LÕextrait ŽtudiŽ est la dernire entrevue entre les deux personnages aprs plusieurs annŽes de sŽparation, qui est prŽcisŽ lors dÕun sommaire dans le dŽbut 1du chapitre 6 : Ç Il voyagea.

Il connut la mŽlancolie des paquebots [É].Il revint.

Il frŽquenta le monde, et il eut d'autres amours encore.

Mais le souvenir continuel du premier les lui rendait insipides [É].

Des annŽes passrent ; et il supportait le dŽsÏuvrement de son intelligence et l'inertie de son cÏurÉ È.

Dans ce passage, le face-ˆ-face tant attendu entre les deux personnages donne lieu ˆ un Žchec de ces retrouvailles.

Un texte polyphonique et dissonant nous est alors offert ˆ lire o FrŽdŽric et Mme Arnoux ne pensent pas la mme chose et ne partagent rien.

De ce fait, on peut se demander comment cet extrait dŽtourne-t-il les topos de la scne dÕadieu des deux personnages amoureux.

-Le mouvement de ce texte se divise en trois parties : -1er moment : du dŽbut jusquՈ Ç une cigarette È : les sentiments contradictoires de FrŽdŽric.

-2me moment : de Ç Elle le contemplait È jusquՈ Ç avec nous È : Une rencontre dissonante.

Des paroles stŽriles.

Des paroles pour ne rien dire.

-3me moment : de Ç Enfin lÕaiguille È jusquՈ la fin du texte : Des adieux dŽpourvus de sens 1er moment : les sentiments contradictoires de FrŽdŽric Moreau : -Le texte commence par prŽciser comment FrŽdŽric voit la visite de Mme Arnoux aprs tout ce temps dÕabsence (16 ans) : Ç souponna Mme Arnoux dՐtre venue pour sÕoffrir È.

-Le verbe au passŽ simple rŽvle une action rŽvolue.

Ce soupon nÕa pas ŽtŽ confirmŽ par la suite.

-Sur le plan sŽmantique, souponner veut dire avoir, ˆ tort ou ˆ raison, une opinion, une croyance, un jugement dŽfavorable ˆ l'Žgard de quelqu'un ou de quelque chose : FrŽdŽric porte un jugement nŽgatif sur la venue de Mme Arnoux ce qui peut surprendre.

Pourquoi ce verbe dans un contexte o un homme amoureux revoit la femme quÕil a tant aimŽe et jamais eue ? -Il Žtait repris : la forme passive, en revanche, montre que FrŽdŽric est agi, quÕil ne dŽcide pas.

Cela se confirme avec la tournure comparative hyperbolique Ç plus forte que jamais È renforcŽe par la gradation : Ç furieuse, enragŽe È.

On a ici lÕimage dÕun homme qui nÕa aucune prise sur ce quÕil ressent.

Il est emportŽ seulement par son dŽsir.

- il s'agit d'un rythme accŽlŽrŽ du rŽcit quÕon met en place en rŽsumant les ŽvŽnements de l'histoire (des actions 1secondaires gŽnŽralement) �/� 14. »