analyse de texte Pascal, Pensées "Imagination"
Publié le 30/05/2022
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«
Analyse de texte , Pascal, Pensées “imagination”
L.L,.
2 Pascal, Pensées, « Imagination »
Imagination
Imagination.
C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de
fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours, car elle serait règle infaillible de
vérité si elle était infaillible du mensonge.
Mais étant le plus souvent fausse, elle ne donne
aucune marque de sa qualité,marquant du même caractère le vrai et le faux.
Je ne parle pas
des fous, je parle des plus sages et c'est
parmi eux que l'imagination a le grand droit de persuader les hommes.
La raison a beau
crier, elle ne
peut mettre le prix aux choses.
Cette superbe puissance ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et la dominer, pour
montrer combien elle peut en toutes choses, a établi dans l'homme une seconde nature.
Elle
a ses heureux, ses malheureux, ses sains, ses malades, ses riches, ses pauvres.
Elle fait
croire, douter, nier la
raison.
Elle suspend les sens, elle les fait sentir.
Elle a ses fous et ses sages, et rien ne nous
dépite davantage que de voir qu'elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrement
pleine et entière que la raison.
Les habiles par imagination se plaisent tout autrement à
eux-mêmes que les prudents
ne peuvent raisonnablement plaire.
Ils regardent les gens avec empire, ils disputent avec
hardiesse et confiance, les autres avec crainte et défiance.
Et cette gaieté de visage leur
donne souvent l'avantage dans l'opinion des écoutants, tant les sages imaginaires ont de
faveur auprès des juges de même nature.
Elle ne peut rendre sages les fous, mais elle les rend heureux, à l'envi de la raison, qui ne
peut rendre ses amis que misérables, l'une les couvrant de gloire, l'autre de honte.
Edition Le Guern, fragment 41 (extrait)
Introduction :
Blaise Pascal (1623 - 1662) était un physicien, un mathématicien ( Essais sur les coniques
1640) et un inventeur (de la machine à calculer) renommé.
Il a fréquenté la haute société,
les milieux mondains et libertins.
A la suite d'une révélation mystique, il a consacré les
dernières années de sa vie à la réflexion philosophique et religieuse.
Ses Pensées, parues à titre posthume, sont restées inachevées et dans un ordre dispersé.
Elles se présentent sous la forme de liasses, de fragments plus ou moins organisées qui
devaient servir à une « apologie de la religion chrétienne » afin de convaincre ses amis
libres penseurs de revenir à la foi.
Les Pensées s'apparentent donc au genre de l'essai et
recourent à l'argumentation directe.
Lié au couvent de Port-Royal, Pascal défendait les idées
jansénistes.
Il écrivait :« J'ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est
de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » (« Divertissement » 126)
Dans le fragment « Imagination », Pascal oppose raison et imagination et montre que
l'imagination constitue pour l'homme une seconde nature et l'emporte toujours sur la
raison.
Il cherche à montrer que la raison, loin d'accéder à la vérité, est au contraire ellemême dominée par l'imagination qui préside à toutes les facultés de l'homme et le soumet.
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