Analyse de la 1re partie : Une pension bourgeoise (pp. 21 à 130) - Le Père Goriot de Balzac
Publié le 15/05/2020
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Analyse de la 1re partie : Une pension bourgeoise (pp.
21 à 130) - Le Père Goriot de Balzac
(Les pages indiquées sont celles de l'édition Folio.)
Le titre de cette première partie, Une pension bourgeoise, en annonce nettement le contenu : évocation d'un univers clos, la pension Vauquer, d'oùcependant la narration s'échappe en suivant l'un des personnages dans un autre milieu, celui du grand monde.
Le récit commence fin novembre 1819, dated'une précision peu significative puisque Balzac avait d'abord indiqué 1824.
Disons la Restauration, cela suffit à fixer une époque.
On distinguera troisensembles dans cette première partie.
Décors et personnages
Le narrateur procède à la mise en place des éléments indispensables à la bonne compréhension de l'œuvre.
Il nous propose un premier ensembleessentiellement descriptif, sans fil conducteur, construit par simple juxtaposition :
Les lieux sont décrits d'abord : la rue, le jardinet avec les tilleuls au bout, les deux salles du rez-de-chaussée,.
A cette description des lieux est associée,immédiatement après, celle de la propriétaire, car celle-ci est liée à sa maison comme la moule au rocher.
La présentation des pensionnaires suit celle des lieux : les portraits se succèdent : Michonneau, Poiret, Victorine Taillefer, Vautrin.
La présence physiquedes personnages, Poiret opposé à Vautrin par exemple, est fortement marquée.
Puis est introduit le personnage principal, Goriot, longuement présenté sousla forme d'un récit rétrospectif (pp.
40 à 55) de son séjour à la pension : il est arrivé en 1812, et l'on découvre l'évolution du personnage depuis sept ans,de mystérieuses visites de femmes, le rétrécissement progressif de sa dépense, enfin l'état de décrépitude où il est maintenant tombé.
Rastignac.
Voici enfin, pour le héros de ce roman d'apprentissage, un résumé des expériences accumulées tout au long de sa première année à Paris, lacomparaison qu'il établit avec la demeure familiale, son envie d'arriver, une synthèse de ses réflexions sur la vie parisienne.
Cette phase de l'œuvre setermine sur la phrase suivante (p.
58) : Telle était la situation générale de la pension bourgeoise à la fin du mois de novembre 1819.
Première journée : les événements intérieurs
On passe ici de la description au récit.
Observons comment le narrateur pose les premiers linéaments de son intrigue, des faits évoqués brièvement quicontiennent déjà en germe l'essentiel :
Les secrets de Goriot et Vautrin.
Eugène, rentré tard du bal, surprend la vie secrète de Goriot et de V autrin (pp.
59 à 63), le premier pétrissant en lingot unservice de vermeil, l'autre recevant au milieu de la nuit des visiteurs discrets qui apportent de l'or, autant de jalons pour une histoire à étoffer.
Les liens se tissent entre les personnages.
D'autres menus faits contribuent au mystère : Eugène a rencontré sa belle danseuse du bal dans la rue deGobseck l'usurier, et Vautrin, reliant divers indices, explique que Goriot paie les traites de la grande dame.
Victorine.
Enfin, au repas du soir qui réunit tous les pensionnaires, nous est présenté le drame de Victorine, jeune fille pauvre et répudiée, qui revient dechez son père le banquier, meurtrie par son refus de la recevoir.
La maîtrise technique du narrateur.
Le romancier sait où il veut nous conduire, et il le fait avec beaucoup d'habileté : chacun des faits schématiquementnarrés ici constitue une piste de lecture à suivre sur l'ensemble de l'œuvre.
Cette mise en place (pp.
58 à 84) s'inscrit dans un cadre chronologique précis,celui d'une journée : elle commence vers le milieu de la nuit pour se terminer au repas du soir.
Deuxième journée : enquêtes vers l'extérieur
La phrase initiale, qui fixe la chronologie, est la suivante (p.
84) : «Le lendemain, Rastignac s'habilla fort élégamment...» Cette deuxième journée apporte unélargissement du cadre : elle nous entraîne hors de la pension, dans deux hôtels aristocratiques.
La narration suit les démarches d'un personnage-guide, quiest l'élégant jeune homme partant à la découverte du monde.
Cet ensemble est, comme le précédent, à dominante narrative.
Première visite de Rastignac.
Eugène se rend chez sa cavalière du bal, la comtesse Anastasie de Restaud, rue du Helder.
Il gagne la faveur de son marigrâce à la phrase magique «cousin de Mme de Beausêant par les Marcïllao ; mais il se fait consigner pour avoir parlé familièrement du «Père Goriot», qu'ilvient d'apercevoir en compagnie de la comtesse.
Un nouveau thème est introduit ici, celui des liaisons à peine clandestines dans les hautes classes, avecl'intervention du personnage de l'amant d'Anastasie, Maxime de Trailles.
Deuxième visite de Rastignac, la plus importante.
Eugène se rend chez sa cousine Mme de Beausêant, rue de Grenelle.
Ici au contraire, les mystères dumonde sont dévoilés à l'étudiant novice.
C'est une visiteuse instituée narratrice, Mme de Langeais, qui raconte le mariage des filles Goriot, Anastasie etDelphine, et la mise à l'écart du vieux père par les gendres.
Compatissant par ailleurs au chagrin de sa cousine, que son amant abandonne, Eugène plaît àcelle-ci par la vivacité de son ambition ; elle lui offre le moyen de parvenir : ce sera en séduisant l'une des filles de Goriot, Delphine de Nucingen.
Le passé de Goriot.
Enfin, Eugène obtient sur le passé plus ancien de Goriot des renseignements présentés comme les résultats de son enquête : le récit del'époque antérieure à son arrivée dans la pension expose les capacités d'esprit et de cœur du négociant, sa fortune, son mariage, son veuvage, sa passionimmodérée pour ses filles et leur abandon (Texte 6).
Conclusion
Cette première partie, qui constitue l'exposition, informe entièrement le lecteur en progressant par élargissements successifs : on est passé de la médiocrepension du quartier latin aux hôtels aristocratiques de la rue du Helder (Restaud) et de la rue de Grenelle (Beauséant, faubourg Saint-Germain).
Entre les deux milieux, Rastignac sert de fil conducteur, car il appartient au premier monde par sa pauvreté et au deuxième par sa naissance.
Ce premier ensemble narratif se clôt sur la phrase suivante (p.
130), qui en résume bien l'esprit :
Ici se termine l'exposition de cette obscure, mais effroyable tragédie parisienne..
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