Altérité et les monstres
Publié le 11/04/2022
Extrait du document
«
L’ALTÉRITÉ ET LES MONSTRES
Selon Aristote, l’homme est un animal politique.
Nous sommes des êtres sociales par
nature ; nous avons besoin de vivre en société.
Néanmoins, il n’est pas toujours facile de
vivre avec l’autre et ses différences, car chaque individu par définition est unique.
Souvent
les différences culturelles, physiques et religieuses sont si importantes, que l’Histoire se voit
forcée d’enregistrer d’innombrables récits de guerre étant donné notre peur de la différence et
notre manque d’empathie ou d’identification à l’autre.
Par conséquent, l’Histoire nous montre
que reconnaître le fait qu’il y a des peuples et des individus différents est un exercice
compliqué pour l’être humain.
L’exercice de reconnaissance d’autrui a comme nom l’altérité.
“L’altérité est un concept d’origine philosophique signifiant « caractère de ce qui est autre »
et « la reconnaissance de l’autre dans sa différence », la différence s’entendant ethnique,
sociale, culturelle ou religieuse.” Néanmoins, malgré toute bonne intention est vertu de 1
caractère, il semble y avoir des individus et des peuples à un tel degré de différence que la
reconnaissance y semble être impossible.
Le rapport à l’autre est altéré par le manque de
reconnaissance d’autrui comme différent.
L’individu, les communautés ou la créature dont
l'apparence, voir le comportement surprend par son écart avec les normes d’une société est
nommé comme monstrueux.
Le monstre, en effet, est l’autre qui nous dérange, nous pose des
problèmes et nous met en question et harcèle notre quiétude.
Comme dans la mythologie, ces
individus et ces communautés de monstres inspirent la peur à celui qui doit s’y confronter de
par leur caractère hors norme, rare.
Le terme “monstre” prend également le sens figuré, c’est
un individu qui suscite l'horreur par sa cruauté, sa perversité.
Ici se confrontent alors les deux
concepts de monstre qui surgissent le manque de reconnaissance de la différence.
Dans ce
travail, je traiterais la problématique suivante : est-ce que le concept de monstre est-il
compatible avec l’altérité ? J’utiliserais le livre Frankenstein de Mary Shelley pour démontrer
que l’impuissance de la société de voir au-delà de l’aspect physique, empêche l’intégration
des individus qui possède un physique hors normes en niant leur humanité de façon a priori.
Ce phénomène sera complété par l’illustration d’un cas historique, une peinture représentant
des « gueules cassés », une oeuvre d’Otto Dix qui appuie le manque de considération de
personnes différentes et l’in-humanisation de celles-ci.
Puis, j’utiliserais “Par-delà le bien et
le mal” de Friedrich Nietzsche pour démontrer que le concept de monstre est incompatible
avec l’altérité puisque si nous reconnaissons des êtres comme monstrueux, alors nous
risquerons de devenir nous aussi des monstres.
Je ferais référence à ce phénomène en faisant
1 Liendle, Marie.
« Altérité », p.
66-68.
1
un rapprochement avec un film documentaire anti-nazi américain réalisé en 1933 qui illustre
la notion abordée précédemment par la citation de Nietzsche et qui démontre que chacun de
nous à la capacité à devenir un monstre.
Lorsque nous employons le terme « monstre » nous reconnaissons l’autre dans sa
différence, mais en même temps nous ne le reconnaissons pas comme étant un autre.
En
d’autres termes, la différence que nous percevons est tellement extrême, que nous nions sa
nature humaine.
Le roman Frankenstein de Mary Shelley c’est un exemple de cela.
Il
démontre que l’altérité ne peut jamais s’appliquer aux monstres, parce que la société en
reconnaissant une différence si marquée elle niera d’une façon a priori leur humanité, ou
potentielle humanité.
Le monstre de Frankenstein est un personnage qui est universellement
mis à l’écart à cause de son apparence déformé et anormal par son entourage.
Son physique
grotesque et si différent empêche la société de voir sa nature gentille, innocente et aimable.
Initialement, Victor (son créateur) abandonne le monstre parce qu’il pense avoir créé un être
incapable d’humanité et de posséder des caractéristiques humaines étant donné son apparence
similaire à celle d’un homme.
Victor conclu ceci uniquement par l’apparence physique,
l’enveloppe charnelle du “monstre” ainsi qu’à sa perception qu’il a du monstre car il a créé
un être anormal et différent ; il ne prend pas le temps de juger si le monstre peut être humain
ou non dans ses comportements ou sa manière de penser.
Pourtant, quand Victor est forcé
d’écouter l’histoire du monstre, il reconnaît que le monstre possède bien une nature humaine,
qu’il possède également des sentiments et des émotions, comme un homme.
“J’ai pensé à la promesse de vertu qu’il avait montré au début de son existence et
à la blessure subséquente de tous les bons sentiments de dégoût et de mépris que
ses protecteurs avaient manifesté envers lui.” 2.
»
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