Allergie

« 1 / 2 10 février 1965 Série N• 30 Fiche N• 358 Allergie 1.

Mot à la mode, l'allergie est un phénomène physiologique précis: la rencontre dans le sang d'un antigène (c'est-à-dire d'une substance à laquelle on est " sensi­ bilisé») avec des anticorps spécifiques (c'.est-à-dire des substances antagonistes suscitées par l'organisme pour lutter contre l'introduction de cet antigène).

2.

Le conflit antigène-anticorps s'accompagne de la libération de substances chi­ miques, au premier rang desquelles il faut citer l'histamine, qui sont responsables des manifestations allergiques désormais bien connues; celles-ci peuvent être cutanées (urticaire, eczéma, œdème de Quincke), respiratoires (asthme, rhume des foins), ou digestives (vomissements, diarrhée).

3.

Les tests cutanés, qui donnent des renseignements précis pour les formes respiratoires et cutanées de l'allergie, ne fournissent de réponses positives que dans 20 °/o des cas en allergie digestive.

Le dépistage de l'allergène, autrement dit de l'aliment responsable des troubles, constitue déjà à lui seul un problème extrêmement difficile.

4.

On n'est en effet pas forcément allergique à l'aliment tel qu'il est: on peut l'être à un aliment cru et pas au même aliment cuit; ou au procédé de conservation de cet aliment (fum_L_Jre pour les poissons, par exemple), à un mode de traitement (insecti­ cides des fruits, antibiotiques utilisés pour l'engraissement du bétail), à une des composantes de cet aliment (souvent, une des protéines du lait), ou même seulement à un des stades de la digestion de l'aliment.

5.

A l'incertitude des tests cutanés, la médecine moderne, en allergie digestive, préfère d'autres méthodes de dépistage de l'allergène: les régimes d'élimination qui consistent à supprimer successivement de l'alimentation du malade les aliments les plus fréquemment incriminés (lait, farine, œufs, café, etc.); le test de provocation de l'Américain Rinkel, qui supprime totalement l'aliment suspect du régime pendant quatre jours et le réintroduit, au cinquième jour, en observant médicalement les symptômes qui se manifestent à la suite de son ingestion; le test de l'Injection alimen­ taire provocante, une piqûre sous la peau d'un extrait fortement concentré de l'aliment suspect de façon à provoquer une crise aiguë, neutralisée par l'injection immédiate de doses plus faibles.

6.

Dépistée enfin, on soigne l'allergie en éliminant évidemment l'allergène du régime.

Cette suppression, poursuivie pendant plusieurs mois, permet de « désensibiliser" le patient.

Mais il faut se préoccuper aussi des facteurs affectifs: certains allergiques font volontiers une poussée de leur mal à l'occasion d'un chagrin, d'une contrariété ou de difficultés sentimentales ou familiales.

Le facteur émotif peut être tel que certains médecins croient à des allergies d'origine purement psychique: ainsi, à l'aide d'une sonde gastrique, on a introduit de l'eau dans l'estomac d'une femme rétive au lait et provoqué une crise violente après lui avoir dit qu'il s'agissait de lait; puis, on a introduit du lait, sans causer aucune réaction, en lui certifiant que c'était de l'eau. 2 / 2. »