allégorie

allégorie. L’allégorie en littérature consiste à présenter un sujet sous les traits d’un autre qui l’évoque. Elle est rarement délibérée dans les écrits des Grecs. Comme procédé d’interprétation littéraire, elle a fleuri durant le Ve siècle avant J.-C., lorsque certains sophistes trouvèrent dans les poètes, notamment Homère et Hésiode, des « significations cachées » de nature éthique et cosmologique. Cette façon d’appliquer l’allégorie se rattachait étroitement à l’étymologie, qui était alors une pseudo-science, traitant, en se fondant sur les assonances, de la «véritable» signification des mots et des noms. Platon et les savants alexandrins rejetaient l’interprétation allégorique en littérature. Ses principaux partisans furent les philosophes stoïciens (IIIe s. et au-delà), qui l’utilisèrent pour illustrer et corroborer leur doctrine; ils sont à l’origine des recueils d’interprétations allégoriques d'Homère qui nous sont parvenus.

Les Romains, à la suite des Grecs, trouvèrent chez Homère des significations morales implicites, et Horace reprit l’allégorie d’Alcée, le «vaisseau de l’État », mais le genre ne se développa guère sur une large échelle. Au lieu de cela, les Romains usèrent de nombreuses expressions poétiques et de personnifications (désignant, par exemple, la mer sous le nom de Neptune) d’une manière qui évoque plutôt l’influence de la peinture symbolique. La représentation allégorique de personnages et d’événements contemporains, telle qu’elle est illustrée dans les Bucoliques de Virgile, constitua une innovation romaine, cependant Théo-crite (Idylle 7) avait sans doute déjà utilisé ce procédé, du reste les spécialistes des deux poètes discutent encore du degré de correspondance de ces figures allégoriques avec des personnages réels. La profondeur et l’ambiguïté de l'Ènéide conduisirent les commentateurs, à partir du IVe siècle, à y voir une allégorie des idées plus que des faits. L’allégorie pénétra dans la littérature chrétienne par l’intermédiaire des sources stoïciennes.