Algérie 2002-2003 Un pays piégé par ses engagements internationaux
Publié le 10/09/2020
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Algérie 2002-2003
Un pays piégé par ses engagements internationaux
Afin de normaliser ses relations avec le reste du monde, l'Algérie a en
2002-2003 multiplié ses engagements internationaux : partenariat avec l'Union
européenne (UE), négociation en vue de l'adhésion à l'OMC (Organisation mondiale
du commerce), statut vis-à-vis de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique
nord), coopération avec l'AELE (Association européenne de libre-échange),
présence au «sommet» du G-8 à Évian (1er-3 juin 2003).
Appuyé par une coûteuse
politique de prestige («l'Année de l'Algérie en France» aurait coûté 26 millions
€ à l'Algérie), ce retour de visibilité sur la scène internationale, après plus
de dix ans d'une guerre civile meurtrière provoquée par le coup d'État militaire
de janvier 1992 qui interrompit le processus de transition démocratique engagé
fin 1988, visait d'abord un objectif politique (compenser le déficit de
légitimité du pouvoir militaire), puis économique (faire baisser le «risque
Algérie» qui décourage investisseurs et touristes).
Ces engagements ont des
implications juridiques et législatives impératives pour l'Algérie.
Ses
partenaires occidentaux savent qu'elle n'est pas prête pour les réformes qu'ils
lui demandent de réaliser, mais cela leur permet d'exercer une pression
permanente, sans aller toutefois jusqu'à déstabiliser un régime qu'ils
considèrent comme leur allié.
En réaction, le pouvoir, humilié par le dernier
programme d'ajustement structurel négocié avec le FMI (1994-1998), a accumulé
des réserves de change (23 milliards de dollars fin 2002) et accéléré le
remboursement de sa dette (20 milliards de dollars, soit 12 de moins qu'en
1996), tout en maintenant un contrôle des changes qui bloque la modernisation du
système bancaire, sans toutefois empêcher la fuite des capitaux (on évalue les
avoirs algériens à l'étranger entre 30 et 40 milliards).
Sans investissements
créateurs d'emplois et avec un taux de chômage dépassant 30 %, de larges pans de
la population ne survivent que grâce à la vitalité du secteur informel (de 22 %
à 27 % du PIB), tandis que certains s'enrichissent sans limite en échappant au
fisc et à la réglementation, ce désordre favorisant la précarité et les écarts
de revenu (un quart de la population vit dans la pauvreté et 5,7 % dans la
misère, avec moins de 30 dinars par personne et par jour).
Cette stratégie, qui
sacrifie la relance (à laquelle un plan de 525 milliards de dollars a été dédié
pour 2001-2004) à la sécurité financière, profite des bons résultats
macroéconomiques dus surtout aux recettes pétrolières (croissance de 3,1 % du
PIB et de 30 % du commerce extérieur, excédent budgétaire de 1,6 % du PIB,
inflation de 1,4 %).
Bras de fer à propos de la loi sur les hydrocarbures
Pour accroître sa production, l'Algérie a multiplié les contrats de prospection
et d'exploitation (celui conclu avec la compagnie British Petroleum devrait
permettre une augmentation de 50 % de la production gazière d'ici 2005).
Le
gouvernement a mis la priorité sur la réforme du secteur des hydrocarbures,
visant à en accroître la rentabilité en l'ouvrant plus largement aux firmes
étrangères, l'essentiel étant de maximiser les taxes prélevées par l'État, même
si cela se fait au détriment de l'entreprise nationale Sonatrach : classée au
douzième rang mondial avec 2,4 milliards de dollars de bénéfices, celle-ci jouit
en Algérie d'une position dominante – elle assure jusqu'à 97 % des revenus en
devises et 60 % des recettes fiscales de l'État.
Soumis à l'Assemblée, le projet
de loi a dû être retiré en janvier, ayant provoqué un tollé général et déclenché
une vaste remise en cause des privatisations (annoncées depuis 1994, elles
étaient en 2003 au point mort) qui a débouché sur une grève générale les 25-26
février.
Ce mouvement, qui a permis à l'UGTA (Union générale des travailleurs
algériens, ex-syndicat unique) de détourner un mot d'ordre initialement lancé.
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