Algérie 2001-2002: Un pays épuisé par dix ans de violences
Publié le 10/09/2020
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Algérie 2001-2002
Un pays épuisé par dix ans de violences
Dix ans après l'interruption de la transition démocratique, la société
algérienne supportait toujours un degré inouï de violence quasi permanente.
Cette transition, engagée en 1989, avait été suspendue en juin 1991, les pleins
pouvoirs étant donnés à l'armée.
Cela fut suivi en janvier 1992 par un coup
d'État, après que les oppositions (et d'abord les islamistes du FIS [Front
islamique du salut]) étaient arrivées largement en tête du premier tour des
élections législatives.
L'état d'urgence et la législation d'exception alors
instaurés étaient encore en vigueur à l'été 2002 et les généraux à la tête de
l'armée refusaient toute solution politique qui supposait une levée de l'état
d'urgence et la tenue d'une conférence regroupant les forces politiques
significatives afin de relancer le processus de légitimation et de
démocratisation des institutions.
N'ayant pas à rendre de comptes à un pouvoir
politique civil n'existant que pour la façade, ils ne peuvent qu'être tenus pour
responsables de la manière dont fut menée la répression, impuissante à réduire
la violence terroriste (on parle de 200 000 morts, de milliers de personnes
torturées et disparues, sans que la vérité ait été établie sur les atteintes
graves aux droits humains perpétrées par les forces de sécurité, les milices
armées par l'État ou les groupes armés, les autorités entravant systématiquement
toute mission ou commission d'enquête indépendante), ainsi que de la gestion
catastrophique de l'économie et de la société.
En novembre 2001, lors de très graves inondations à Alger (733 morts, 170
disparus, des milliers de familles sinistrées, des dizaines de maisons démolies,
près de 1,2 milliard de dinars de dégâts), les autorités ont ainsi été mises en
cause pour avoir bouché des voies d'évacuation lors d'une opération
antiterroriste.
En Kabylie, où les émeutes n'ont pas cessé après les événements
du printemps 2001 qui avaient fait officiellement 267 blessés dont 50
mortellement (à la suite de l'assassinat d'un lycéen dans une gendarmerie).
Malgré un amendement de la Constitution reconnaissant tamazight (la langue
berbère) comme langue nationale, le boycottage des élections législatives (30
mai 2002) par les arouch (assemblées traditionnelles) et les partis politiques
(RCD [Rassemblement pour la culture et la démocratie] et FFS, dont les élus
refusèrent d'organiser le scrutin) a été suivi à près de 100 %.
Ces élections
ont dans l'ensemble permis d'écarter l'ancienne coalition au pouvoir au profit
de nouvelles clientèles moins compromises dans la politique d'éradication des
islamistes, et remis l'ex-parti unique FLN à l'honneur (35,52 % des voix), dans
une Assemblée ternie par un déficit de légitimité et comptant des islamistes
«modérés».
Les conflits au sein du sérail n'ont pas pour autant cessé, les
majors de l'armée, qui dissimulent leur pouvoir derrière celui, formel, d'un
chef de l'État choisi parmi les civils (Abdelaziz Bouteflika), n'entendant pas
laisser celui-ci engranger les dividendes d'un règlement du conflit ni lui
reconnaître la moindre marge de man œuvre pour gouverner.
Déclin du secteur public et privatisation de l'économie
Dans ce contexte, l'Algérie et l'Union européenne (UE, avec laquelle elle
effectue 63 % de ses exportations et 57 % de ses importations) ont conclu un
accord d'association devant déboucher sur une zone de libre-échange, malgré la
protestation des organisations de défense des droits de l'homme, de partis
politiques, des syndicats et du patronat (qui a demandé une réouverture des
négociations avant ratification).
Voulant surtout acquérir ainsi une
crédibilité, les autorités, qui n'ont pas obtenu d'atténuation des modalités de
«déprotection» industrielle, se sont rabattues sur une clause antiterrorisme
acquise d'avance.
L'Algérie s'est engagée à poursuivre des réformes (bancaire,.
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