Algérie 1996-1997 Un costume institutionnel sur mesure
Publié le 10/09/2020
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Algérie 1996-1997
Un costume institutionnel sur mesure
Sur la lancée de l'élection présidentielle de novembre 1995, remportée "haut la
main" au premier tour par Liamine Zéroual devant trois autres candidats, les
militaires algériens - désormais seuls maîtres du jeu politique - ont poursuivi
la mise en place des nouvelles structures "pluralistes" de l'État, se taillant
ainsi "un costume institutionnel sur mesure".
Parallèlement, l'année 1997 a été caractérisée par une multiplication des
massacres collectifs de villageois, principalement dans la plaine de Mitidja qui
enserre Alger et dans les faubourgs mêmes de la capitale.
Ces massacres,
officiellement imputés aux groupes islamistes armés, ont fait des centaines de
morts, donnant la lugubre mesure d'une guerre civile armée semblant échapper de
plus en plus aux deux forces en lutte depuis janvier 1992: les tenants de la
"République" et les défenseurs de la "loi islamique".
L'émergence, suscitée par
le pouvoir, des gardes communales armées et des groupes d'autodéfense, les
"patriotes" (environ 200 000 éléments émargeant au budget de l'État), a élargi
le champ des personnes impliquées dans le conflit algéro-algérien et quelque peu
soulagé la pression supportée depuis cinq ans par l'armée et la gendarmerie,
mais elle a accentué d'une manière spectaculaire une violence qui frappe en
premier lieu la population civile.
Le conflit, à bien des égards, a semblé
continuer à obéir davantage au schéma répression-représailles-répression qu'à un
quelconque engagement politique ou idéologique.
Massacres collectifs de civils
Le bilan des victimes de la violence, plus aveugle qu'organisée, n'a cessé de
s'alourdir.
Selon les estimations approximatives des chancelleries occidentales
à Alger, le conflit aurait fait en cinq ans entre 60 000 et 100 000 morts, avec
des pics dépassant le millier de personnes par semaine.
Désormais, des familles
entières (enfants, femmes et vieillards compris) ont été sauvagement massacrées
et mutilées sans que l'on sache exactement ou que l'on ne veuille dire leurs
allégeances.
A ces tueries de civils - annoncées par une presse locale
entièrement contrôlée et sévèrement muselée par les autorités - se sont
ajoutées, à intervalle quasi régulier, des campagnes d'attentats à la voiture
piégée sur les artères des villes ou dans des lieux publics très fréquentés,
comme les marchés.
Le pouvoir répétant que "le terrorisme est désormais résiduel" et "ne représente
plus qu'une fuite en avant sanguinaire et démente de groupes de bandits acculés"
s'est montré persuadé qu'il était en mesure de gérer la situation sur le plan
sécuritaire et s'est efforcé - en vain - de faire basculer l'ensemble de la
population en sa faveur.
Cependant, le principal souci de cette dernière -
certes lassée à l'extrême et s'accommodant douloureusement de la violence et de
l'insécurité -, est resté d'assurer un quotidien économique et social à la
limite du supportable.
Officiellement annoncé comme le "parachèvement du redressement national", le
scrutin à la proportionnelle du 5 juin 1997 visant à la désignation de la
première assemblée législative pluraliste algérienne a été clairement perçu
comme l'étape la plus importante de la "relégitimation" du régime.
La campagne
électorale, au cours de laquelle aucune ligne de force ne s'est dégagée, n'a
guère passionné les Algériens, notamment les jeunes et les couches populaires,
frappés de plein fouet par les effets d'une politique d'ajustement structurel
pilotée par le FMI (Fonds monétaire international).
Au total 7 749 candidats, représentant notamment 39 partis et 68 listes
déclarées indépendantes, étaient en lice pour les 380 sièges d'une Assemblée
élue pour cinq ans, aux pouvoirs réduits par la Constitution de 1996.
Cette.
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