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Algérie 1994-1995 Une "guerre sans chiffre"

Publié le 10/09/2020

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« Algérie 1994-1995 Une "guerre sans chiffre" Encadré : La plate-forme de Sant' Egidio L'année 1994-1995 n'a laissé aucun répit à l'Algérie dont la population s'est trouvée confrontée à la montée en puissance du "terrorisme islamiste" et à la répression accrue et "sans états d'âme" des forces militaires et paramilitaires.

A la mi-1995, le nombre des victimes de cette double violence dépassait, sans que l'on puisse toutefois en donner un bilan précis, le chiffre de 30 000 morts, avancé fin 1994 par le département d'État américain.

La "guerre sans image" dans laquelle s'est trouvé plongé le pays après l'arrêt du processus électoral et l'instauration de l'état d'urgence en janvier 1992 est aussi apparue comme une "guerre sans chiffre", puisque le gouvernement contrôlait totalement l'information en s'assurant de la docilité des médias. Les deux parties en lutte, pouvoir et islamistes, ont cherché, au travers d'attentats spectaculaires et d'opérations "coup de poing", à faire basculer le rapport de forces, chacune en sa faveur, ne réussissant toutefois à obtenir qu'un relatif équilibre, remis quotidiennement en cause par les actions des uns et des autres.

Selon certaines sources, à cette date, un tiers du "pays utile" (nord de l'Algérie) échappait totalement ou en partie au contrôle des militaires.

Ces derniers, en revanche, avaient encore bien en main la majorité des villes et en particulier la capitale, Alger, mais les quartiers populaires restaient le vivier où venaient puiser les groupes islamistes armés circulant en toute impunité dans de larges zones suburbaines. Sur le terrain, les bilans disponibles, officiels mais partiels, ont confirmé la recrudescence des accrochages et l'âpreté des combats entre les troupes d'élite de l'armée et les groupes armés islamistes, les plus radicaux se rangeant sous la bannière du Groupe islamique armé (GIA).

Ce dernier, aux structures et aux effectifs peu connus - 2 000 à 3 000 militants selon les sources les plus fiables -, "éclatés" en petites cellules ayant chacune un "émir" à sa tête, et qui se serait surtout implanté à l'Est et dans le Centre, a revendiqué la plupart des attentats qui ont ensanglanté le pays et les assassinats d'étrangers. L'extension des violences Le 30 janvier 1995, un attentat à la voiture piégée, contre le commissariat central de la capitale, a fait 42 morts et 286 blessés, pour la plupart des civils.

Cette spectaculaire attaque suicide à la voiture piégée, revendiquée par le GIA, a donné le coup d'envoi à une série d'attentats à l'explosif visant des édifices publics, des immeubles abritant des familles de policiers, des infrastructures routières, etc.

Au total et selon le ministre de l'Intérieur d'alors, Abderrahmane Meziane-Cherif ("homme fort" du cabinet Sifi, limogé le 2 juillet), 2 725 actes de sabotage ont été commis en 1994 contre "des secteurs touchant à la vie quotidienne des citoyens".

Les groupes armés ont ainsi incendié plus de 600 écoles, 224 mairies ou sous-préfectures, 1 218 camions, 356 autocars et minibus, 7 locomotives... Par ailleurs, la violence a gagné des régions jusque-là épargnées.

Ainsi en est-il allé de la Kabylie, aux portes d'Alger, qui s'enorgueillissait d'être une "petite Suisse" algérienne, et des régions sahariennes du Sud, où se trouvent concentrés les champs pétrolifères et gaziers, principales sources de recettes en devises du pays.

Le relief montagneux de la Kabylie favorise l'implantation de maquis ou, du moins, de zones de repli provisoire.

Assassinats, coups de main contre les villages pour récupérer des fusils de chasse, affrontements entre islamistes armés et forces de sécurité ont attesté que la situation dans cette région s'est dégradée d'une manière inquiétante.

Au sud, le 5 mai 1995, un. »

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