Algérie 1992-1993 L'engrenage de la violence armée
Publié le 10/09/2020
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Algérie 1992-1993
L'engrenage de la violence armée
Succédant à l'année qui vit coïncider l'arrêt du processus démocratique et le
trentième anniversaire de l'indépendance, 1993 restera incontestablement pour
l'Algérie l'année de l'impasse et d'un terrible engrenage de la violence entre
activistes islamistes et forces de l'ordre.
Par deux fois, le 14 janvier et le 8
mai, Ali Kafi, le président du Haut Comité d'État (HCE, direction collégiale du
pays) a réaffirmé les grandes options du pouvoir: lutte anti-terroriste et
restauration de l'autorité de l'État, redressement économique et "dialogue" avec
l'opposition légale.
Mais rien n'indiquait, au début de l'été, de réels progrès
en ce sens.
L'état d'urgence instauré en février 1992 pour un an et renforcé en décembre par
un couvre-feu sévère (de 22 heures 30 à 5 heures du matin) à Alger et dans les
sept willaya (départements) limitrophes, n'a pu en effet endiguer la vague
d'attentats qui a suivi l'interruption du processus électoral législatif de
décembre 1991.
Pas plus que la promulgation, en octobre 1992, d'une loi
anti-terroriste très dure prévoyant notamment le rétablissement de juridictions
d'exception à Alger, Oran et Constantine pour juger des affaires de "terrorisme
et de subversion".
Cinq mois après leur entrée en fonction en février 1993, ces
"cours spéciales" avaient prononcé plus de cent condamnations à mort, dont
plusieurs par contumace.
Cela n'a pas empêché les islamistes d'élargir
l'éventail de leurs cibles, même si tous les attentats ne pouvaient leur être
imputés - des zones d'ombre sont demeurées par exemple après le procès de
l'attentat à la bombe dans l'aéroport d'Alger qui a fait 9 morts et 123 blessés
en août 1992.
L'escalade terroriste des islamistes
Les membres des forces de l'ordre, ceux des "délégations exécutives", qui ont
remplacé les mairies islamistes dissoutes, les "collaborateurs" convaincus
d'avoir fourni des informations aux autorités, les magistrats, les personnalités
proches du pouvoir, ont été pris pour cible puis, à partir du printemps, cela a
été le tour des journalistes et des intellectuels (Djillali Liabès, Tahar
Djaout, Mahfoud Boucebci...).
Auparavant, le 13 février 1993 - une dizaine de
jours après la reconduction de l'état d'urgence pour une durée "indéterminée" -
le général Khaled Nezzar, membre du HCE, remplacé le 10 juillet 1993 à la tête
du tout-puissant ministère de la Défense par le général Lamine Zéroual, avait
échappé de peu à un attentat à la voiture piégée.
De nombreux sabotages
économiques ont, par ailleurs, eu lieu.
Attaques d'agences postales et de
succursales bancaires, de casernes et de commissariats ont servi à procurer
argent et armement aux islamistes, tandis que le banditisme a pris des
proportions inquiétantes dans certaines grandes villes.
L'escalade dans la répression a été à l'avenant: l'usage de la torture s'est
généralisé, les policiers en civil armés et les commandos en cagoule sont
devenus omniprésents.
Placées sous le commandement du général Mohamed Lamari,
"patron" de la lutte anti-terroriste jusqu'au 10 juillet, date à laquelle il est
devenu chef d'état-major de l'armée, les forces de l'ordre ont mené de
véritables opérations de guerre, à l'arme lourde, pour démanteler un maquis, ou
pour détruire une maison ou un immeuble servant de refuge à des activistes.
Après l'attaque le 22 mars de la caserne de Boughzoul (18 morts), les officiers
les plus "durs" de l'armée ont obtenu des moyens accrus pour "lutter contre le
terrorisme": 15 000 soldats envoyés en renfort dans l'Algérois ont commencé
début mai à "ratisser" les fiefs islamistes dans dix départements du centre du
pays.
Les forces de l'ordre ont certes infligé de sérieux coups aux groupes armés,.
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