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Alfred de Vigny : La Maison du Berger

Publié le 15/05/2020

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« Alfred de Vigny : La Maison du Berger Long poème d'inspiration romantique, publié par Vigny en 1844, composé à partir de diverses ébauches auxquelles iltravaillait depuis plusieurs années (voir Préface).

Adressé à une femme mythique « Éva » (voir Dossier, p.

60), il seprésente d'abord comme une « invitation au voyage », une offre de fuir la société qui accable l'individu de sesindiscrétions, en utilisant librement une « maison de berger» (v.

1-64).

La maison de berger est une sorte d'abriroulant, souvent très modeste, qui peut être fait de quelques planches garnies de paille et qui servait au gardiend'un troupeau en particulier lors des transhumances.Mais le poème, composé de trois parties, devient une méditation plus générale qui aborde très librement plusieursdes sujets qui obsèdent Vigny.

On trouve donc successivement dans un plan qui peut paraître complexe : PREMIÈRE PARTIE — Une invitation adressée à « Éva » : « Pars courageusement...

» Dans le silence et la discrétion du « crépusculeami », la nature offrira la liberté aux amants qui parcourront le monde.— Une comparaison inattendue entre la « maison roulante », poétique instrument d'un vagabondage amoureux, et lechemin de fer, invention symbolique du monde industriel, rationnel et froid (v.

65-126).— Dans la dernière strophe de cette première partie, un éloge de la « Rêverie », instrument privilégié de laconnaissance, thème très romantique... DEUXIÈME PARTIE Elle est tout entière consacrée à la poésie et comporte :— L'amorce de l'éloge de la Poésie, « perle de la pensée », « pur enthousiasme » (v.

134-147).— Une digression dénonçant les compromissions qui ont perdu de réputation la « fille du Saint Orphée » et qui fontqu'aujourd'hui « les hommes graves» lui préfèrent l'éloquence politique (v.

147-195).

La politique, en particulierl'éloquence politique, n'est pourtant qu'une illusion : il n'y a pas plus de progrès spirituel ou intellectuel dans lesdébats d'une chambre de députés que dans l'utilisation des machines (v.

176-195).— Un hymne exprimant la confiance du poète dans la seule puissance capable d'illuminer «les pas lents et tardifs del'humaine raison », d'unir les peuples, d'arracher l'humanité à sa barbarie (v.

195-225). TROISIÈME PARTIE Elle s'adresse de nouveau à Éva :— À la question : « Éva, qui donc es-tu ? », l'auteur répond en proposant une interprétation très libre de la Genèse,affirmant la complémentarité des rôles masculin et féminin dans cette marche lente de l'humanité (v.

225-266).— La reprise du thème du voyage débouche sur une confrontation avec la Nature (v.

267-280).

Celle-ci prend laparole pour affirmer son indifférence à l'égard de la créature humaine (v.

281-301).— Pour répondre à cette prosopopée solennelle, le poète réaffirme ses choix : auprès d'Éva, il soutiendra « lamajesté des souffrances humaines » (v.

302-322).— Le voyage reprend donc avec la rêveuse Éva, « voyageuse indolente » qui partagera une méditation grave.

Dansl'obscurité de la nuit, un climat de communion mystique unira le poète et la femme pour qui il évoque les « tableauxhumains » à « ceux qui sont passés et ceux qui passeront » (les deux dernières strophes du poème).L'analyse de la composition permettra d'appréhender la complexité de la pensée romantique.

On insistera enparticulier sur la forme de connaissance fondée sur l'irrationnel que propose la démarche très souple de Vigny : lesthèmes se rejoignent, se construisent par l'intermédiaire d'images analogiques, de métaphores qui prennent touteleur dimension philosophique.

On peut dresser l'inventaire des figures qui reviennent ainsi, des thèmes récurrentsdans le texte qui peuvent changer de signification :Les figures féminines : chercher ce qui rapproche et / ou oppose le personnage d'Éva à d'autres personnages ouentités figurant dans le texte : les « fleurs de la nuit », la mère sur son lit de mort, la Rêverie, la Poésie, lacompagne de l'homme, sensible et généreuse, plus généralement la créature humaine, souffrante, la Nature elle-même dont l'indifférence affichée est une forme de noblesse, la «voyageuse indolente », pour finir sur l'imageénigmatique de « Diane au bord de ses fontaines ».Les images du monde moderne : la critique de la ville, le mythe rousseauiste de la liberté dans la nature ; lacontestation de l'idée de progrès ; le rapport entre le monde industriel et les développements de la démocratie, lesouci de justice sociale qui se lie d'une façon originale au refus de la politique et à la recherche d'une sorte decompassion mystique très romantique.Les représentations successives de la Nature : la représentation de la Nature peut être abordée sous divers angles :— la description et l'utilisation des paysages naturels (par exemple le crépuscule, dans la Première Partie ;— les paysages symboliques de la fin du texte (« les longs pays muets ») ;— la Nature figure allégorique au centre du texte.. »

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