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Alfred de MUSSET: La nuit de mai

Publié le 15/05/2020

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« Alfred de MUSSET: La nuit de mai LA MUSE Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore,Le printemps naît ce soir ; les vents vont s'embraser ;Et la bergeronnette, en attendant l'aurore,Aux premiers buissons verts commence à se poser.Poète, prends ton luth, et me donne un baiser. LE POÈTE Comme il fait noir dans la vallée !J'ai cru qu'une forme voiléeFlottait là-bas sur la forêt.Elle sortait de la prairie ;Son pied rasait l'herbe fleurie ;C'est une étrange rêverie ;Elle s'efface et disparaît. LA MUSE Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,Balance le zéphyr dans son voile odorant.La rose, vierge encor, se referme jalouseSur le frelon nacré qu'elle enivre en mourant.Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée.Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre raméeLe rayon du couchant laisse un adieu plus doux.Ce soir, tout va fleurir : l'immortelle natureSe remplit de parfums, d'amour et de murmure,Comme le lit joyeux de deux jeunes époux. LE POÈTE Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?Qu'ai-je donc en moi qui s'agiteDont je me sens épouvanté ?Ne frappe-t-on pas à ma porte ?Pourquoi ma lampe à demi morteM'éblouit-elle de clarté ?Dieu puissant ! tout mon corps frissonne.Qui vient ? qui m'appelle ? - Personne.Je suis seul ; c'est l'heure qui sonne ;Ô solitude ! ô pauvreté ! Introduction « La Nuit de mai » est le premier d'une série de quatre poèmes composés par l'écrivain romantique Alfred de Musset.Il le compose en 1835, suite à sa rupture avec George Sand.

Dans les trente-trois premiers vers de ce poème, il faitdialoguer la Muse, qui s'exprime en alexandrins, avec le Poète, qui prononce des octosyllabes.

La Muse enjoint lePoète, désespéré et solitaire, à se saisir de son luth et à se tourner vers la création poétique.

Nous analyseronsd'abord la figure du poète bouleversé, avant de voir comment se fait entendre un appel salvateur à récriture. I — La souffrance du poète A.

La solitude La trahison des sens qui renforce la solitude. la vue dans les vers 7 à 13 : « J'ai cru qu'une forme voilée / [...] Elle s'efface et disparaît » ; l'ouïe dans lesvers 24-33 : « Ne frappe-t-on pas à ma porte ? / [...] Qui vient ? qui m'appelle ? — Personne.

». 1. La souffrance engendrée par la solitude. 2. souffrance physique (« tout mon corps frissonne »? v.

30) ; souffrance morale (analyse des exclamatives déploratives : « ô solitude ! ô pauvreté », v.

33).. »

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