Alexis de Tocqueville De la démocratie en Amérique (1840)
Publié le 14/06/2021
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Alexis de Tocqueville
De la démocratie en Amérique (1840)
(Présentation d'André Jardin)
PB : dans les sociétés occidentales entraînées par un processus providentiel de
démocratisation, la liberté de chaque homme pourra-t-elle subsister ?
Il voit les périls insidieux d'une société de consommation qui invite chaque citoyen à se
retirer dans le confort d'une vie privée dépourvue de toute solidarité, et le danger corrélatif de la
substitution aux décisions librement discutées d'un bureaucratisme tout-puissant et stérile.
Observant l'enfance des démocraties modernes, il diagnostique les germes de maux qui se sont
développés avec leur croissance.
L'Europe n'offrait alors d'exemple de république que dans de petits Etats comme les
cantons suisses [cf.
Rousseau] et c'était un dogme hérité du XVIIIè siècle qu'un tel régime était
inadaptable à un grand pays.
L'Amérique était le seul champ d'observation possible.
1830 : Tocqueville, en tant que magistrat, et son ami Gustave de Beaumont, alors
substitut à Paris, partent en Amérique.
Les prisons en France demeuraient un scandale par la
promiscuité qui y régnait entre détenus de toute sorte.
On les dénonçait comme « séminaires du
crime » et on parlait de les réformer.
Les philanthropes citaient les Etats-Unis en exemple pour leurs
réformes pénitentiaires, qu'on avait déjà imitées en Suisse.
Mais il y avait deux systèmes
américains, l'un avec isolement de nuit et travail en commun le jour, l'autre cellulaire ; on ne
pouvait vraiment les comparer que sur place et les deux jeunes gens s'offraient à faire une enquête à
leurs frais, si le ministère leur accordait un congé.
Ils l'obtinrent et se hâtèrent d'en profiter.
S'étant
embarqués au Havre en avril 1831, ils se réembarquèrent à New York en février 1832.
Au total, ils
ne demeurèrent que neuf mois aux Etats-Unis.
Leur itinéraire les entraîna de l'Est à l'Ouest.
Il
comportait des étapes obligées aux lieux où se trouvaient les prisons.
Ils assistèrent à l'ouverture de
la session du Congrès à Washington.
Tocqueville remplit quatorze carnets de notes qu'il
dépouillerait à son retour.
Il lui fallut collaborer avec Beaumont à la confection du livre sur Le
Système pénitentiaire .
Puis il s'enferma, se fit aider par deux jeunes Américains dans ses recherches,
et après une « poussée » d'un an environ, acheva la première Démocratie en Amérique qui parut en
1835.
Pour Tocqueville, la démocratie américaine est à la fois sociale, l'égalité des conditions,
et politique, la souveraineté du peuple.
Originalité de l'Etat américain par rapport à l'Europe ; il n'y a pas eu de révolution
soulignant le passage d'un régime aristocratique à un régime démocratique.
Le fait primordial et
essentiel lui paraît être l'arrivée au XVIIIè siècle en Nouvelle-Angleterre, de petites colonies
puritaines et républicaines, ayant quitté la mère patrie pour des raisons religieuses.
Ils s'y
administrèrent librement dans le cadre du « township », l'assemblée des habitants formant une
démocratie directe qui nommait des magistrats à court terme.
L'esprit de la Nouvelle-Angleterre
gagna de proche en proche l'ensemble du pays.
Cette conquête marcha de pair avec la construction
des institutions : les townships se groupèrent en comtés, les comtés en Etats, les Etats particuliers en
un Etat fédéral.
Ainsi s'est formée une société organique où le libre arbitre du citoyen demeure.
Cela
diffère de notre centralisation napoléonienne où le fonctionnaire pourvoit aux besoins des
administrés.
En cela, la démocratie américaine lui semble supérieure.
Chaque Etat a un gouvernement souverain dont les pouvoirs, le Congrès, composé de
deux chambres, d'un gouverneur, de juges, sont élus à un suffrage très largement accordé ;
cependant les pouvoirs des Etats excluent certains domaines (comme la politique étrangère)
réservés à l'Etat fédéral.
Celui-ci est aussi gouverné par un Congrès composé de deux chambres
mais, tandis que la chambre des Représentants émane directement de la population, le Sénat a une
représentation égale pour chaque Etat.
Quant au président, élu lui aussi mais à deux degrés.
Pour
assurer l'harmonie des rouages complexes de ces institutions, la Cour suprême formée de juges
nommés à vie, peut être saisie par tout citoyen pour régler tout conflit entre les Etats particuliers ou
l'Etat fédéral et un Etat particulier..
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