Alchimie de la douleur de Baudelaire
Publié le 19/03/2022
Extrait du document
«
Alchimie de la douleur, Baudelaire, Fleurs du mal
L'un t'éclaire avec son ardeur,
L'autre en toi met son deuil, Nature !
Ce qui dit à l'un : Sépulture !
Dit à l'autre : Vie et splendeur !
Hermès inconnu qui m'assistes
Et qui toujours m'intimidas,
Tu me rends l'égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;
Par toi je change l'or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans le suaire des nuages
Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.
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Introduction
Le titre antithétique des Fleurs du mal , recueil le plus célèbre de Charles Baudelaire, sonne
comme une provocation lors de sa publication en 1857.
Baudelaire y décrit sa descente aux
enfers et son tiraillement entre le Spleen et l’Idéal, le sublime et le sordide.
Le sonnet en octosyllabes « Alchimie de la douleur » est l’un des derniers poèmes de la
section, « Spleen et Idéal ».
Dans une intensification du Spleen, le poète exprime avec
lyrisme son morbide désespoir.
Problématique : comment ce sonnet exprime-t-il incapacité du poète à dépasser son spleen
morbide ?
Composition : nous pouvons observer trois mouvements dans ce poème.
Le poète évoque d’abord la tension des principes de vie et de mort qui le déchire (vers un à
quatre),
avant de s’adresser à Hermès Trismégiste (vers cinq à huit),
pour affirmer son incapacité à être un alchimiste poétique (vers neuf à quatorze).
I.
Le poète déchiré par la tension entre vie et mort
Vers un à quatre
Ce bref sonnet s’ouvre de manière mystérieuse avec un parallélisme antithétique aux vers un
et deux : « L’un t’éclaire avec son ardeur,/l’autre en toi mais son deuil, Nature ! »
Cette ouverture est mystérieuse car « l’un » et « l’autre » sont des pronoms indéfinis : le
sujet du poème n’est donc pas immédiatement identifiable par le lecteur.
Le mystère est renforcé par la concision des vers et la violente apostrophe à la nature
marquée par un ! (« Nature ! »).
C’est à une Nature sacralisée par la majuscule que le poète
s’adresse.
C’est l’opposition entre la vie et la mort qui est mise en scène..
»
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