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ALCADE DE ZALAMÉA (L’). (résumé & analyse)

Publié le 18/05/2020

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« ALCADE DE ZALAMÉA (L').

Il .

existe, en espagnol.

deux comédies dramatiques en trois actes et en vers qui portent ce titre : l'une de Lope Félix de Vega Carpio (1562-1635), publiée en 1600 ; l'autre, qui est tirée de celle-ci (et qui est beaucoup plus importante) de Pedro Caldéron de la Barca (1600·1681).

Cette dernière a été publiée dans la xxe partie (1636) de son théâtre.

Le thème, qui est certainement inspiré d'un événement célèbre d'une chronique, raconte une histoire qui s'est passée en 1580 ou 1581 au cours des opérations militaires qui avaient pour but de donner à Philippe II la couronne du Por­ tugal.

Lope a fait, de sà pièce, un drame de l'honneur dans lequel s'opposent les privilège~ aristocratiques et la justice du peuple; ce conflit ne sera réglé que par l'intervention du Roi.

J,e vaillant général, Don Lope de Figueroa, ,.;;e trouve obligé de couvrir de son autorité, bjen qu'il désapprouve leur conduite, deux de ses capitaines, coupables d'avoir séduit les tilles de Pedro Crespo, maire du village dans leJuel l'armée a.

fait une halte.

La justice populaire.

représentée par l'Alcade, se dresse contre la justice militaire : Pedro avait d'abord pr(Jposé, puis exigé, que les deux jeunes nobles ré',)arent par le mariage l'offense qu'ils lui avaient faite.

Le conflit entre les deux justices, qui mePace de briser l'ordre établi, est apaisé par l'intervention du roi qui est, en somme, le dé po si tah e et 1 e symbole de cet ordre.

Mais ce thème qni sera repris par Caldéron avec une intensik drama­ tique soutenue, est traité par Lope d'une facon plutôt faible et inégale.

Dans sa comédie, pour indiquer dès maintenant les differences les plus sensibles qui existent entre le premier Alcade et le second, le maire de Zalaméa.

a.

deux filles et non une, comme che7.

Caldéron ; enfin, il n'y a pas un capitaine séducteur, mais deux.

Toutefois .

les différences ne s'arrêtent pas là.

Contrairement à l'Isabelle de Ca.ldéron, les deux filles du premier Crespo fcmt, en · effet.

les coquettes et.

trompées par une fausse vro­ messe de mariage, s'enfuient, chacune avec son capitaine.

Il manque donc à cet te comédie, si l'on excepte le rôle de Lope de Figueroa, les traits essentiels que Caldéron a su créer et qui donnent toute sa force à l'intrigue.

Cette comé­ die est une des œuvres de Lope les plus inégales, et elle est particulièrement terne ; mais il faut noter que cette impression est encore accentuée par l'exceptionnelle valeur de la version de Caldéron.

Dans le drame de Caldéro'l, les doubles per­ sonnages et · l'incohérence oui en résulte ont disparu, et la trame peut se développer dans un climat .

qui a plus d'unité.

Tandis que l'armée du duc d'Albe marche à la conquête du Portu­ gal pour adjoindre à la couronne de Philippe · II un nouveau royaume, une partie des troupes commandées par Don Lope Figueroa prend ses quartiers à Zalaméa de la Serena, petite bour­ gade d'Estrémadure, Le riche paysan Pedro Crespo loge, chez lui, le capitaine Alvaro de A tai de qui tombe amoureux d'Isabelle, la jolie fille de son hôte et cherche à la séduire.

Mais Isabelle est une jeune fille qui sait se défendre par elle­ même ; de plus, son père et son frère . la sur­ veillent jalousement et les intrigues du capitaine, que son caprice pousse à plus d'un abus d'auto­ rité, sont déjouées par l'arrivée inopinée du vieux général Lope de Figueroa, soldat rude, défenseur jaloux de l'ordre.

Quand le régiment quitte Zalaméa en emmenant aussi Juan Crespo, qui s'est enrôlé selon le désir du vieux général, le capitaine Alvaro de Ataide, avec la complicité du sErgent Rebolledo et de sa maîtresse, la ·Chispa, enlève Isabelle et réussit à la violer.

Isabelle parvient à s'enfuir et raconte à son père son déshonneur.

Alors que Pedro Crespo rentre à Zalaméa., tout à l'idée de se venger, le conseil municipal qui vient de se réunir lui apprend qu'il a été désigné comme maire.

Pro­ fitant de ce que sa nouvelle autorité lui confère le droit de justice, Pedro fait arrêter Alvaro de Ataide et ses complices, et fait amener devant lui Je séducteur.

D'abord le père le supplie, le con­ jure humblement de réparer le tort qu'il a .

commis en épousant Isabelle, puis quand il comprend que le jeune seigneur orgueilleux n'est pas disposé à accorder une semblable réparation, il prend le sceptre qui symbolise le pouvoir judiciaire et exécutif qui a été accordé par le roi au maire, juge le jeune homme et le eondamne à mort.

En apprenant qu'un « bour­ geois • a osé condamner à mort un noble officier de son armée, le revêche Don Lope de Figueroa accourt pour rappeler au maire de Zalaméa que c'est à un autre tribunal que revient le droit de juger un criminel appartenant à la noblesse.

Devant l'obstination de Pedro Crespo, il veut faire libérer, par ses propres soldats, le prisonnier, mais le terrible maire de ZaJaméa le met devant Je fait accompli : ses partisans apportent devant le général le garrot sur lequel est attaché Je cadavre du capitaine supplicié comme un homme tlu peuple par les bourreaux de Zalaméa.

Pour résoudre ce grave conflit de juridiction, Phi­ lippe II accourt: mis au courant des faits, en sa.

qualité de juge suprême, il résout le conflit en faveur de l'obscur magistrat plébéien et le numme Alcade à vie de Zalaméa.

Caldéron qui crée _habituellement des person­ nages artificiels et fantômatiques a su, dans ce · 11 rame, doter ses personnages d'une vérité et d'une réalité sans précédent dans l'histoire du théâtre espagnol.

Son Alcade de Zalaméa eclipse complè­ tement son modèle, mais sa dAtte envers son illustre prédécessem· est si· grande que l'on pour- rait dire, sans crainte de tomber dans le para­ doxe, que le second Alcade de Zalaméa est le chef'.:d'œuvre · de Lope de Vega réalisé par Caldéron.

Tous les thèmes du drame, à commencer par celui qui présente le roi comme le mei1leur juge, appartiennent au monde théâtral de Lope: mais il est vrai, d'autre part, que Lope n'a jamais écrit un drame aussi grand, aussi espagnol et aussi universel en même temps.

Moins génial que Lope, mais plus habile technicien du théâtre, Caldéron a su condenser, dans son Al~ade de Zalaméa, toutes les vertus du grand théâtre du Siècle d'Or et en même temps il en a exclu, avec rigueur, les défauts de coupe et de mesure qui limitent , dans la majorité des cas, l'efficacité poétique et théâtrale de ses autres productions.

Caldéron, dans ce drame et seulement dans celui­ là, est parvenu à dessiner une foule de person­ nages secondaires aux traits inoubliables qui viennent encadrer et rehausser les gigantesques figures de ses protagonistes : c'est le portrait de Lope de 1!-.igueroa, admirable soldat ou celui de Don Mendo, petit seigneur pauvre et donquichot­ tesque, de son domestique Nuiio et de la Chispa, effrontée fille à soldats.

Rien ne vient troubler la lourde atmosphère tragique qui plane sur toute la comédie, si ce n'est quelques éclairs comiques, qui en traversent fugitivement l'ombre épaisse.

Au centre de la pièce, il y a la douleur d'un père qui se sent cruellement blessé dans son amour le plus sacré, dans la pureté de sa fille et dans l'honneur de sa maison.

La vengeance qu'il en tire part d'un sentiment naturel.

supé­ rieur à toutes Jes lois positives et humaines .

Ce sentiment est universalisé par un art qui nous le présente comme une expérience individuelle et concrète.. »

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