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Albanie 1996-1997

Publié le 10/09/2020

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« Albanie 1996-1997 L'effondrement de plusieurs "pyramides financières" au début de l'année 1997 a été à l'origine d'une crise sans précédent pour l'Albanie.

Certes, l'année 1996 s'était terminée, comme 1995, sur un taux de croissance étonnamment élevé (+ 8,2 %), le plus de l'ensemble des économies en transition.

Mais l'importance prise par des sociétés d'usure dans lesquelles se serait englouti plus d'un milliard de dollars (soit environ 30 % du PIB) a progressivement miné un système financier dont la fragilité avait suscité, à partir d'octobre 1996, des réserves croissantes de la part du FMI.

Pourtant chauds partisans et inspirateurs d'une thérapie de choc et d'une politique ultralibérale dont le chef de l'État Sali Berisha s'était fait le chantre, les organismes internationaux ont multiplié les mises en garde, demandant à des autorités elles-mêmes impliquées dans ces sociétés d'usure aux fins de financer leurs activités partisanes de faire cesser le fonctionnement de ces organismes à la marge du système bancaire légal.

Les dépôts effectués auprès de ces sociétés d'usure avaient plusieurs sources.

Pour une part, ils provenaient des envois en devises des travailleurs immigrés albanais partis pour l'essentiel en Grèce et en Italie, envois dont l'impact a été déterminant dans le redressement de la croissance économique.

Pour une autre part, ils provenaient des revenus tirés par les particuliers de la vente de leurs logements ou de leurs terres récemment recouvrées.

Enfin, il s'agissait aussi, voire surtout, des produits de commerces et de trafics en tous genres (drogue, armes, contreparties de passage de travailleurs clandestins des ports de Dürres et de Vlora). Le 15 janvier 1997, les premières manifestations ont éclaté à Tirana, gagnant très vite les principales villes du pays où des milliers d'épargnants ont réclamé le remboursement de leur dû.

La contestation s'est étendue comme une traînée de poudre: l'insurrection dans les régions du Sud, particulièrement hostiles à un président originaire du Nord et surtout très autoritaire, a conduit à la formation de comités de salut public, tandis que la population s'emparait des dépôts d'armes appartenant à une armée sinon totalement dépassée, du moins consentante.

Cinq jours après l'instauration de l'état d'urgence, le 7 mars, S.

Berisha a demandé à un Parlement largement dominé par sa formation, le Parti démocratique albanais, de le réélire président! Trois semaines plus tard, tandis que le Conseil de sécurité des Nations unies votait l'envoi d'une force multinationale de 6 500 hommes (opération Alba, gérée par l'Italie) pour restaurer un minimum d'ordre, S.

Berisha acceptait le principe d'élections législatives anticipées.

Après plusieurs mois d'émeutes ayant causé la mort d'au moins 1 600 personnes et ayant conduit l'État au bord de l'éclatement, les élections des 29 juin et 6 juillet 1997 ont abouti à la constitution d'une nouvelle majorité conduite par le Parti socialiste albanais (PSA, ex-communiste).

Tirant les conclusions de son échec, le président Berisha a démissionné le 23 juillet.

Le lendemain, le Parlement a nommé Rexhep Medjani chef de l'État. Le nouvel homme fort, Fatos Nano, leader du PSA, sorti de prison à la faveur des émeutes et investi Premier ministre par le Parlement le 24 juillet, s'est retrouvé confronté à une tâche extrêmement lourde: restaurer l'autorité de l'État tout en oeuvrant à une réconciliation nationale, indispensable si l'Albanie veut éviter de tomber dans des affrontements régionalistes ("Nord" contre "Sud", communauté guêgue contre communauté tosque) que la classe politique ne s'est pas privée d'attiser.

Mais comment redonner confiance à une population plus pauvre que jamais, dépourvue de tout espoir à l'exception de celui de partir dans des pays qui, comme l'Italie et la Grèce, redoublent leurs efforts d'assistance et de coopération pour tenter d'endiguer cette émigration.. »

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