ALAIN FINKIELKRAUT : LA DEFAITE DE LA PENSEE (Résumé & Analyse)
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
La Culture se trouve à présent dépossédée de sa majuscule singulière pour subir l'action d'un possessifparticularisant; elle est devenue ma culture, c'est-à-dire l'expression de la communauté à laquelle j'appartiens.
A.Finkielkraut va montrer ainsi comment cette activité spirituelle et créatrice, d'une valeur universelle, qu'on appelleCulture, a cédé devant le relativisme culturel qui désormais nivelle tous les modes d'expression humaine en lesvalorisant pareillement.
L'abandon du caractère universel de la Culture, telle est cette « défaite de la pensée » quis'est effectuée en deux temps.La première bataille est livrée dans le passage de l'Esprit des Lumières au Romantisme.
Sous l'influence de Herderpuis de Fichte qui affirmèrent ne pas pouvoir faire abstraction du contexte historique et national dans lequelapparaît une oeuvre de l'esprit,les romantiques vont faire de la culture le moyen d'expression privilégié de leur singularité :« Sous le nom de culture, il ne s'agit plus pour eux de faire reculer le préjugé et l'ignorance, mais d'exprimer dans sasingularité irréductible, l'âme unique du peuple dont ils sont les gardiens.
»Pourtant, Goethe, en 1827, confie à Eckermann qu'il lui semble percevoir quelque chose qui transcende lesconditions particulières de l'apparition d'un poème ou d'un roman, ce quelque chose qui lui permet de retrouver dansle roman chinois qu'il est en train de lire « l'esprit » de son propre poème épique intitulé Hermann et Dorothée.La seconde étape dans le processus de dévaluation de la pensée intervient à la suite d'événements tout aussi «politiques » que les guerres napoléoniennes contre l'Europe des monarchies absolues.
Si le nationalisme culturel desromantiques s'est constitué contre l'esprit de conquête des Français et leur ambition à propager le modèlecivilisateur des Lumières, le relativisme culturel qui marque notre modernité provient d'un sentiment de culpabilitéapparu à la suite de la décolonisation.Cette « défaite de la pensée » est donc doublement « historique ».De fait, la société pluriculturelle dans laquelle nous vivons aujourd'hui, où le relativisme s'est fait aider du principe detolérance pour s'imposer aux valeurs humanistes, refuse d'attribuer à telle ou telle manifestation de la créativitéhumaine une prééminence.
Tout se vaut.« L'absorption vengeresse ou masochiste du cultivé (la vie de l'esprit) dans le culturel (la vie coutumière) estremplacée par une sorte de confusion joyeuse qui élève la totalité des pratiques culturelles au rang des grandescréations de l'humanité.
»Finkielkraut d'une formule désormais célèbre résume la situation : « Ce que lisent les lolitas vaut Lolita.
» Le rap vautla musique symphonique, quant à Stallone et Orson Welles, ils font le même métier.Mais quel rapport avec la décolonisation ?En laissant derrière lui ses colonies du siècle précédant, l'Occident a découvert du même coup que les peuples qu'ilavait soumis étaient détenteurs d'une culture qu'on avait un peu trop rapidement disqualifiée.
La valorisation de laculture occidentale procédait — explique ainsi Claude Lévi-Strauss — d'une conception « ethnocentriste », c'est-à-dire d'une prétention à se considérer comme la norme.
Finkielkraut donne à de tels raisonnements le nom de «trahison généreuse » et explique qu'ils furent principalement le fait des structuralistes.
De là vient le refusd'accorder une portée universelle à la Culture.
Par l'affirmation systématique du particulier, « la barbarie a donc finipar s'emparer de la culture »..
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