ALAIN (1868-1951) Propos sur le pouvoir: Voter
Publié le 17/09/2022
Extrait du document
«
ALAIN (1868-1951)
Propos sur le pouvoir.
« Voter, ce n'est pas précisément un des droits de l'Homme;
on vivrait très bien sans voter, si l'on avait la sûreté, l'égalité, la
liberté.
Le vote n'est .qu'un moyen de conserver tous ces biens.
L'expérience a fait voir cent fois qu'une élite gouvernante,
qu'elle gouverne d'après l'hérédité, ou par la science acquise,
arrive très vite à priver les citoyens de toute liberté, si le peuple
n'exerce pas un pouvoir de contrôle, de blâme et enfin de ren
voi.
Quand je vote, je n'exerce pas un droit, je défends tous mes
droits.
Il ne s'agit donc pas de savoir si mon vote est perdu ou
non, mais bien de savoir si le résultat cherché est atteint, c'est
à-dire si les pouvoirs sont contrôlés, blâmés et enfin détrônés
dès qu'ils méconnaissent les droits des citoyens.
On conçoit très bien un système politique, par exemple le
plébiscite (1), où chaque citoyen votera une fois librement,
sans que ses droits soient pour cela bien gardés.
Aussi je ne
tiens pas tant à choisir effectivement, ·et pour ma part, tel ou
tel maitre, qu'à être assuré que le maitre n'est pas tant le
maitre, mais seulement le serviteur du peuple.
C'èst dire que
je ne changerai pas mes droits réels pour un droit fictif.
»
(Amiens et académies rattachées, juin 1996, série L)
(1) Vote par lequel un peuple abandonne le pouvoir à un homme.
Les connaissances philosophiques
Il peut être intéressant de connaitre :
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
Parmi les ouvrages de philosophie politique, le candidat
pourra lire plus particulièrement :
La Doctrine du droit de Kant,
Philosophie politique d'Éric Weil,
L'invention démocratique de Claude Lefort.
SUJETS
ET
• Commentaire du texte
PISTES
D'ETUDE
1
Le thème : Le sens du vote.
La thèse : Le vote est moins un droit de l'Homme qu'un
moyen pour préserver des droits.
L'exercice du vote est un
pouvoir de contrôle, voire de sanction, relatif au respect des
droits des citoyens par un pouvoir politique.
Les enjeux : L'expression « le droit de vote » est couramment utilisée .
Nul ne songe à remettre en cause le vote
comme droit.
Bien plus, tout système politique qui bannirait
le vote serait condamné par la communauté internationale.
Néanmoins, que garantit le vote ? N'y a-t-il pas des votes truqués ? Le vote apparaît comme l'expression de la volonté d'un
peuple, mais qu'en est-il ? Le vote n'est-il pas également un
devoir ? Alain s'interroge sur le sens réel du vote et défend
l'idée du vote comme moyen d'action politique qui se révèle
être un pouvoir plus qu'un droit.
En quoi le vote est-il un
droit, un devoir, un pouvoir ? Bien plus n'est-ce pas la question de l'action politique du citoyen qui se pose à travers la
thèse d'Alain ?
La structure : Le premier mouvement du texte instruit l'idée
selon laquelle le vote est moins un droit qu'un moyen pour
conserver la liberté, l'égalité, la sûreté ( « Voter, ...
renvoi »).
Le second mouvement du texte défend l'idée de l'exercice
du vote comme pouvoir de contrôle du politique ( « Quand je
vote ...
citoyens »).
Le troisième mouvement du texte nous montre que le vote
est un droit fictif s'il ne vise pas à préserver les droits du
peuple(« On conçoit ...
fictif »).
Le développement est organisé selon le plan 1.
• Le plan détaillé
1
Introduction
Le texte d'Alain traite du sens du vote.
Le vote est moins un
droit de l'Homme qu'un moyen pour préserver des droits.
L'exercice du vote est un pouvoir de contrôle, voire de sanc-
SUJETS ET PISTES D1 ÉTUDE
tion, relatif au respect des droits des citoyens par un pouvoir
politique.
Le premier mouvement du texte instruit l'idée selon
laquelle le vote est moins un droit qu'un moyen pour conserver
la liberté, l'égalité, la sûreté (« Voter, ...
renvoi »).
Le second
mouvement du texte défend l'idée de l'exercice du vote comme
pouvoir de contrôle du politique (« Quand je vote...
citoyens »).
Le troisième mouvement du texte nous montre que le vote est
un droit fictif s'il ne vise pas à préserver les droits du peuple
( « On conçoit...
fictif"").
Le texte nous questionne sur le vote
comme moyen d'action politique du citoyen.
Première partie
Le vote :· un droit pour conserver des droits
a J Voter : droit de l'homme ?
Dans le premier mouvement du texte, Alain écrit que le vote
n'est pas précisément un des droits de l'Homme» et que l'on
pourrait vivre sans voter si les trois biens que représentent la
sûreté, l'égalité et la liberté étaient préservés.
Cette conception
du vote peut étonner face à l'habitude de vie dans des états de
droit où l'on parle couramment du droit de vote et où notre
histoire témoigne des combats pour l'obt~nir.
L'auteur ne
remet pas en cause le droit de vote mais le sens de celui-ci.
Les
trois biens cités sont effectivement les premiers droits.
Ainsi la
déclaration préfixée à la Constitution du 24 juin 1793 (An I)
indique dans l'article 2 : « Les droits sont l'égalité, la liberté, la
sûreté, la propriété.
» La déclaration du 5 fructidor An III inscrira dans son premier article : « les droits de l'homme en
société sont la liberté, l'égalité, la sûreté, la propriété.
» La
Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 reprend
dans son article 3 la liberté et la sûreté comme droits.
Le vote
est un moyen de conserver ses droits, s'ils ne sont pas assurés.
Alain a recours à un argument par l'exemple dans lequel l'expérience montre que quel que soit le type de gouvernement,
monarchique ou démocratique, ces biens peuvent être remis
en cause.
Le peuple doit pouvoir par le vote sauveg~der ~es
droits.
Le vote n'est pas précisément un des droits de l'Homme,
car ces droits sont issus d'une conception d'un droit naturel
universel dicté par la droite raison.
Ils relèvent donc d'une idée
«
SUJETS
ET
PISTES
D'ETUDE
de la m orale, de la justice, de la paix qui défini un système de
valeurs.
Le vote relève de la capacité juridique à contraindre un
gouvernement à démissionner.
Le vote est un acte politique, les
d roits sont des valeurs de la raison et de la morale.
b J Le wte est un droit réel
Le vote, dès qu'il s'exerce passe d'un droit fo rmel à un droit
réel.
Ainsi le second m ouvem en t du texte m ontre le....
»
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