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Aimé Césaire

Publié le 09/12/2021

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« Aimé Césaire On peut être tenté de considérer Aimé Césaire comme le dernier et le plus brillant épigone de l'école surréaliste française,tout au moins si l'on se réfère au témoignage d'André Breton lui-même : " La poésie de Césaire, comme toute grandepoésie et tout grand art, vaut au plus haut point par le pouvoir de transmutation qu'elle met en oeuvre...

On y reconnaîtrace mouvement entre tous abondant, cette exubérance dans le jet et la gerbe, cette faculté d'alerter sans cesse de fond encomble le monde émotionnel jusqu'à le mettre sens dessus dessous, qui caractérisent la poésie authentique.

" Mais il est infiniment plus judicieux de situer Césaire à sa vraie place de fondateur de la nouvelle littérature africaine, ausein du mouvement de la négritude qui prit naissance en France aux environs de 1932.

C'est alors, en effet, qu'un grouped'étudiants noirs, mené par Léopold Senghor, Léon Damas et Aimé Césaire, jeta les bases de l'émancipation tant politiqueque culturelle de l'Afrique. Césaire n'est cependant ni Français, ni Africain. A la Martinique, rien ne le différenciait des milliers d'autres négrillons qui grouillaient sur cette île surpeuplée : case de bois,six frères et soeurs, parents pauvres et laborieux.

Mais l'enfant arrive à suivre l'école, à obtenir une bourse pour la France,à entrer à Normale Supérieure.

Dès lors, sera-t-il simplement un diplômé et aussitôt embourgeoisé, comme il est d'usagechez ces descendants d'esclaves qui arrivent à sortir des rangs et passent alors du côté des maîtres ? Non, car cet enfantest un poète, extra-sensible et extra-lucide.

Que voit-il, que sent-il donc que personne n'ait vu et ni senti encore en cepremier tiers du XXe siècle ? Il voit son pays d'abord, dans son dénuement, cette île où " toute grandeur échoue ", le peuple misérable et l'élite quis'étouffe sûrement, dans le vain effort de se franciser et de se blanchir : " Terre muette et stérile.

C'est de la nôtre que jeparle.

Et mon ouïe mesure par la Caraïbe l'effrayant silence de l'homme...

L'atrophiement monstrueux de la voix, leséculaire accablement, le prodigieux mutisme.

Point de ville, point d'art, point de poésie.

Pas un germe, pas une pousse.Ou bien la lèpre hideuse des contrefaçons.

" Il regarde toujours et sa vision s'élargit jusqu'à embrasser le sort de sa race tout entière, traquée et livrée depuis troiscents ans au mépris, à l'esclavage, aux préjugés et aux brimades : " Mes souvenirs brâment le rapt, le carcan, la pistedans la forêt, le baracoon, le négrier.

Ils nous marquaient au fer rouge et l'on nous vendait comme des bêtes, et l'on nouscomptait les dents, et l'on examinait le cati ou le décati de notre peau "...

" Nègre, nègre, nègre depuis le fond du cielimmémorial.

" La conscience d'appartenir à cette race, le fait de l'assumer dans sa culture, dans son histoire et jusque dans sestraumatismes, Césaire l'appelle " négritude ".

Négritude, mot brûlant qui de proche en proche va s'étendre à toutes lesactions et réactions des Noirs.

Aussi valable pour caractériser leurs danses, leur sculpture ou leur littérature, que leursrevendications politiques et sociales.

Césaire arrive ainsi à " isoler " l'âme nègre, à la revaloriser, aussi particulière etirréductible que l'âme slave ou l'esprit français. Cependant, la situation critique des peuples noirs postulait davantage qu'une attitude de spectateur : " Un homme quisouffre n'est pas un ours qui danse ! " Non content d'être " écho sonore ", même voyant et médium, Césaire veut, àl'instar de Rimbaud, " changer la vie ".

Et cela au moyen de la poésie, puisque, en cet âge d'or du colonialisme, touterévolte concrète est interdite à l'homme de couleur.

Il ne peut donc que " pousser le grand cri nègre si fort que les assisesdu monde en seront ébranlées ". Mais voici qu'il réussit la démiurgique tentative et sa poésie devient vraiment une poésie-levier, poésie pour l'action, " uneforce qui, au tout-fait, au tout-trouvé de l'existence, oppose le tout-à-faire de la vie et de la personne ".

Et le poète noir nesera plus seulement témoin et porte-parole, mais " catalyseur des énergies de son peuple ", mais " réveilleur de peuple ".Sa poésie déclenchera effectivement le dynamisme révolutionnaire. Ainsi, Césaire actualise spontanément le principe de l'engagement de l'écrivain noir que Frantz Fanon cet autre grandMartiniquais définira plus tard dans son dernier livre.

" L'homme colonisé qui écrit pour son peuple, quand il utilise le passé,doit le faire dans l'intention d'ouvrir l'avenir, d'inviter à l'action, de fonder l'espoir.

Mais pour assurer l'espoir, pour luidonner densité, il faut participer à l'action, s'engager corps et âme dans le combat national.

" De même, en Césaire, le politique est inséparable du poète, car ils procèdent tous deux d'une même expériencefondamentale qu'il a longuement décrite dans son Cahier d'un retour au pays natal. Mais cet " amour tyrannique " de sa race, cette volonté de " la sommer libre enfin de produire de son intimité close lasucculence des fruits " ne l'enferme pas dans un nationalisme étriqué.

Il déborde au contraire sur l'humanisme le plusgénéreux.

Car c'est pour assouvir " la faim universelle " que Césaire exige la dignité et l'épanouissement de son peuple.C'est pour supprimer toutes les injustices qu'il combat, et il assume la souffrance des opprimés du monde entier : Je serai un homme juif un homme cafre ; un homme-hindou-de-Calcutta un homme-de-Harlem qui ne vote pas l'homme-insulte, l'homme-famine, l'homme-torture. Enfin, le bonheur qu'il prophétise obstinément naît de la réconciliation de tous les hommes, et de leur fraternité qui ne saurait manquer de venir quoique malhabile. Et c'est pour cette raison sans doute que la poésie de Césaire est nourrissante pour chacun de nous, quelle que soit notrecouleur, et que nous la trouvons, avec André Breton, " belle comme l'oxygène naissant ".. »

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