Afrique du Sud (2003 - 2004): Bilan de la première décennie post-apartheid
Publié le 10/09/2020
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Afrique du Sud 2003-2004
Bilan de la première décennie post-apartheid
Le 27 avril 1994, Nelson Mandela, qui avait payé ses convictions de vingt-sept
années de détention, était élu président de la République d’Afrique du Sud,
réhabilitant définitivement l’image d’un pays honni.
Cet aboutissement
illustrait l’effondrement du système de l’apartheid en Afrique, suivant de peu
celui du communisme en Europe.
Prônant ensuite le pardon et la réconciliation, N.
Mandela s’est forgé la
stature d’une personnalité thaumaturge mais humaine, telle que l’a illustré son
troisième mariage avec Graça Machel, le jour même de ses quatre-vingts ans.
Retiré de la vie publique, il y jouait toujours un rôle, en quittant par exemple
le pays le jour de l’arrivée du président américain George W.
Bush (9 juillet
2003), ou en défendant avec succès, le 15 mai 2004, la candidature de l’Afrique
du Sud à l’organisation de la Coupe du monde de football en 2010 !
En 1999, Thabo Mbeki, tête de liste de l’ANC (Congrès national africain),
prenait la succession de N.
Mandela à la présidence.
Le 14 avril 2004, il était
reconduit à son poste avec près de 70 % des suffrages (mieux qu’en 1994 et
1999).
Parti d’appareil, l’ANC est pourtant resté ouvert aux membres du SACP
(Parti communiste sud-africain), comme aux syndicats ouvriers de la Cosatu
(Confédération des syndicats sud-africains).
L’alliance improbable de la DA
(Alliance démocratique) et du parti zoulou IFP (Inkhata Freedom Party) – moins
de 20 % des votes pour un objectif de 30 % – n’offrait aucune alternative
crédible, sans parler du NNP (Nouveau parti national), héritier de l’ancien
régime mais rallié à l’ANC (1,7 % des voix).
Acteur reconnu sur la scène internationale
Sous le premier mandat de T.
Mbeki, la visibilité internationale de l’Afrique du
Sud est restée très forte.
Le pays a été l’hôte du «sommet» mondial sur le
développement durable tenu à Johannesburg en 2002.
Il a également été le
promoteur avec le Nigéria, le Sénégal et l’Algérie du Nepad (Nouveau partenariat
pour le développement de l’Afrique), dont l’ambition est de troquer bonne
gouvernance contre aide publique au développement de la part des pays du Nord :
il est l’initiateur de l’Union africaine (UA), créée sur les cendres de l’OUA
(Organisation de l’unité africaine) ; il est enfin l’apôtre d’une «renaissance
africaine».
L’Afrique du Sud a été le pays médiateur dans les conflits du
Burundi et du Congo (-Kinshasa) – où séjourne une force sud-africaine de
maintien de la paix –, et a joué un rôle actif au Libéria, où T.
Mbeki a mis en
personne le président Charles Taylor dans l’avion de l’exil.
Mais les autres pays du continent soupçonnaient l’Afrique du Sud de se comporter
en «super-puissance» régionale.
De fait, ses exportations massives ont handicapé
les appareils productifs du Zimbabwé ou de la Zambie, voire du Kénya ou de
l’Ouganda.
Son poids financier lui permet de contrôler les mines d’or (Ghana,
Mali, Burkina Faso), les réseaux de téléphonie mobile (Nigéria), bancaires
(Afrique australe) ou aériens (Afrique de l’Ouest), sans oublier les rachats de
brasseries (le groupe South African Breweries Miller occupe le deuxième rang
mondial pour la bière !).
Mais cette ubiquité à l’extérieur masque parfois les
contraintes de l’intérieur.
L’Afrique du Sud compte désormais 45 millions d’habitants, à 80 % noirs et à
moins de 10 % blancs, le solde étant constitué par les Métis et les Indiens.
Elle est devenue, pour la majorité de la population, un pays où il fait mieux
vivre qu’auparavant, et pas beaucoup plus mal pour la minorité blanche, dont les
privilèges n’ont été qu’écornés.
Il subsiste toutefois des inégalités
criantes,qu’elles soient spatiales – la province du Gauteng (conurbation
Johannesburg-Prétoria-East Rand) concentre 38 % de toute la richesse du pays –.
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