Afrique du Sud (2000 - 2001): Ancrage démocratique sur fond de tensions
Publié le 10/09/2020
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Afrique
du Sud 2000-2001
Ancrage démocratique sur fond de tensions
La participation aux élections municipales de décembre 2000 aura certes été
faible (48 %), mais sans grands remous contestataires, en dépit d'une situation
sociale inquiétante.
Le Congrès national africain (ANC) a recueilli 59,38 % des
suffrages, s'imposant dans 70 % des 237 municipalités et remportant quatre des
six mégapoles créées et rebaptisées pour le scrutin : Tswane (Prétoria), East
Rand (Grand Est de Johannesburg), Johannesburg (Egoli) et Mandela Polis (Port
Elisabeth).
La percée de l'Alliance démocratique (DA) avec 22,12 % des voix et
18 municipalités (dont la ville du Cap) a confirmé le succès du réalignement
politique le plus important depuis 1994, à savoir la fusion, en juin 2000, du
Parti démocratique (DP) de Tony Leon et du Nouveau parti national (NNP) de
Martinus van Schalkwyk.
Le départ, en mars 2001, du chef de file du parti
nationaliste afrikaner, Freedom Front (FF), a confirmé la disparition des
"dinosaures de l'apartheid".
Pourtant, après la fermeture des derniers bureaux
de la Commission vérité et réconciliation en septembre 2001, les stigmates de
l'ancien régime devaient perdurer et seulement un tiers des 3 milliards de rands
de dédommagement prévus aura été distribué.
L'inventivité des formes de résistance et de solidarité qui caractérisaient
l'Afrique du Sud, ainsi que sa capacité à négocier le politique ont été
taraudées par des facteurs récurrents : criminalité, misère, chômage.
Sortant de
sa réserve, l'ancien président Nelson Mandela (1994-1999) a dénoncé l'arrogance
et la corruption de la classe dirigeante, invitant le gouvernement à dialoguer
avec l'opposition sous peine d'accroître les tensions et de ruiner l'entreprise
de construction nationale.
Mais, outre la recrudescence de tuberculose et
l'épidémie de choléra qui a accompagné les inondations de 2000-2001, le
principal fléau est resté la pandémie du sida.
Quasiment ignoré par les
politiques gouvernementales, dont personne ne s'explique l'incohérence, le sida
a continué ses ravages : 4,2 millions de malades à la fin de 1999 et 350 morts
par jour en 2000.
Selon les prévisions, la croissance démographique de 1991 à
2021 serait ralentie de 16 millions de personnes, l'espérance de vie, de 57 ans
en 2001, passerait à 50 ans vers 2010, le potentiel économique diminuerait de 17
% et les répercussions sur le PIB représenteraient 41 milliards de rands.
Lors
de la conférence mondiale sur le sida de Durban, en juillet 2000, le président
Thabo Mbeki avait profondément choqué le pays et le monde, en affirmant que le
virus VIH n'était que l'une des causes de la maladie au même titre que la
malnutrition et la pauvreté.
Beaucoup y avaient lu plus que du dédain pour la
communauté des malades et des scientifiques : une justification de l'absence de
politique nationale vis-à-vis de l'épidémie.
Or, une lueur d'espoir est apparue,
en avril 2001, quand des firmes pharmaceutiques étrangères ont perdu le procès
qui les opposait au gouvernement sud-africain dont une loi permettait la
commercialisation des médicaments génériques produits localement.
Une politique ambitieuse
Confronté au défi d'inverser la spirale pauvreté/criminalité/fléaux sanitaires,
le gouvernement a maintenu le cap, le pays conservant de bons résultats
économiques : exportations en hausse de 7 %, reprise de la croissance (3,5 %
prévus pour 2001) et stabilisation macroéconomique.
Rien ne permettait
d'entrevoir, toutefois, une relance de l'emploi.
Les priorités du budget très
serré pour 2001-2002 (258 milliards de rands) n'ont guère varié : développement
des infrastructures, réduction des impôts et des primes en vigueur dans la
fonction publique, réforme régulatrice et privatisations.
Or, celles d'Eskom
(électricité), Telkom (télécommunications), Transnet (transports) et Denel
(armement) n'ont pas été suivies des plans sociaux qu'exigeaient les syndicats..
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