Afrique du Sud (1999 - 2000): Le "temps des managers"
Publié le 10/09/2020
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Afrique du Sud 1999-2000
Le "temps des managers"
L'élection à la Présidence de Thabo Mbeki, porté au pouvoir par sa grande
proximité avec le chef de l'État sortant Nelson Mandela, et la victoire sans
discussion de l'ANC (Congrès national africain) aux élections législatives du 2
juin 1999 ont confirmé la stabilité du régime et consacré la montée en puissance
des logiques managériales de gestion de l'État sud-africain.
Ces élections se
sont ainsi à la fois inscrites en rupture et en continuité par rapport à la
période Mandela.
Le nouveau pouvoir gère des institutions désormais bien
établies, en se fondant sur des principes simples d'efficacité, de rentabilité
et d'efficience.
La reprise en main de la gestion du pays, annoncée très clairement par T.
Mbeki,
a commencé par la restructuration de l'appareil d'État.
Elle passe par trois
instruments.
Le premier est le recentrage du pouvoir autour du président, via un
renforcement considérable des services de la Présidence, placés sous la
direction d'un proche du président, Franck Chikane, et via la constitution d'une
cellule chargée des affaires secrètes à ce niveau sous le contrôle d'un autre
fidèle, Esop Pahad.
En deuxième lieu, de nouveaux modes de fonctionnement fondés
sur la performance, l'évaluation systématique des activités, la transparence et
la rentabilité ont été imposés à l'administration.
Le vote, en 1999, des lois
sur la transparence de l'administration et l'accès à l'information et sur la
promotion de la justice administrative concourent aussi au projet de rendre
l'appareil administratif fiable, tant auprès des citoyens que des dirigeants.
Cette reprise en main passe, enfin, par la réaffirmation de l'autorité de
l'État.
Cela s'est traduit par l'intransigeance du pouvoir face aux demandes
syndicales des fonctionnaires, mais aussi par des opérations successives de
lutte contre la gabegie et le dilettantisme dans la fonction publique, et de
répression du crime organisé (renforcement de l'appareil légal de répression et
nomination d'un civil à la tête de la police).
Redéfinition du rôle de l'État
Une nouvelle physionomie de l'État sud-africain s'est esquissée à partir de
1999.
L'ancien État interventionniste et producteur de la nation qui reliait la
période d'apartheid à la première législature post-apartheid est remis en cause
au profit d'un État régulateur n'intervenant plus que pour ouvrir des axes
d'action ou réduire les tensions les plus fortes.
L'État sud-africain n'a plus
la prétention de tout faire.
C'est ainsi que doit se lire le lancement d'un plan
de privatisation et de restructuration ambitieux des entreprises publiques
(Postes, télévision, chemins de fer, aviation).
En 2000, un plan plus ambitieux
encore, touchant à la privatisation du c œur même du secteur public industriel, a
été élaboré avec l'annonce de l'accélération de la privatisation de ses quatre
fleurons : Telkom (télécommunications), Eskom (électricité), Transnet
(transport) et Denel (armement).
L'ouverture de ces entreprises au capital privé
présente plusieurs avantages : assurer la modernisation du secteur, attirer des
investissements directs étrangers et faire bénéficier l'État de ressources
nouvelles, lui permettant de poursuivre une politique d'apurement de ses comptes
déficitaires et d'intervention dans le domaine social.
Autant de thèmes connus
du programme GEAR (Growth, Employment and Reconstruction), systématiquement
transformés en action politique.
Ce recul de la réglementation administrative transparaît dans la redéfinition
partielle des procédures fiscales (allégement de la pression sur les entreprises
et création d'une taxe sur la valeur ajoutée) et surtout dans la difficile
signature, en octobre 1999, de l'accord commercial avec l'Union européenne
prévoyant la libéralisation quasi complète du commerce entre les deux.
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