Afrique du Sud 1998-1999 Tourner la page du passé
Publié le 10/09/2020
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Afrique du Sud 1998-1999
Tourner la page du passé
On pouvait se demander si le processus de réconciliation nationale avait
réellement abouti avec la publication, le 30 octobre 1998, du rapport final de
la Commission vérité et réconciliation ("Truth and Reconciliation Commission",
TRC), tant les divergences sur ses conclusions et son fonctionnement sont
nombreuses.
Lors des auditions, closes le 31 juillet 1998, 21 000 victimes ont
été entendues et 7 000 demandes d'amnisties politiques déposées sans que
certains personnages clés de l'apartheid, comme Pieter W.
Botha (Premier
ministre de 1978 à 1984, puis président de 1984 à 1989), qui avaient été
convoqués, ne se soient présentés.
Les travaux du comité d'amnistie, non encore terminés, ont été vivement
critiqués par l'ensemble de la classe politique.
Des accusations de partialité
raciale, portant notamment sur le déroulement des auditions, ont été relayées
par le Nouveau parti national (ex-Parti national, au pouvoir durant
l'apartheid), le Front de la liberté (FF, parti afrikaner) et le Parti
démocratique (DP).
Des attaques sont également venues du Congrès national
africain (ANC), reprochant à la Commission et à son président, Mgr Desmond Tutu,
de dénigrer la lutte anti-apartheid.
En effet, le rapport met en cause des
leaders de l'ANC, parmi lesquels Thabo Mbeki, alors vice-président, et Joe
Modise, ministre de la Défense au moment de la publication du document, dans des
cas de violations graves des droits de l'homme perpétrées au nom de cette lutte,
tant en Afrique du Sud que dans les pays où l'ANC était en exil.
Le soutien
inconditionnel du président Nelson Mandela (lui-même issu de l'ANC) à la
Commission a clos les multiples demandes d'annulation ou de révision du rapport
final.
Enfin, la Commission a rejeté la possibilité d'une amnistie globale,
alors même que chacun tentait de justifier les actes passés par les impératifs
politiques et collectifs du moment.
Les deuxièmes élections générales et multiraciales du 2 juin 1999 ont mis en
lumière certaines caractéristiques actuelles du champ politique sud-africain.
Tout d'abord, l'heure n'est pas à l'alternance: l'ANC et son président T.
Mbeki
l'ont emporté haut la main (266 sièges sur 400 au Parlement, manquant d'un siège
la majorité des deux tiers, mais obtenant la majorité absolue dans sept
provinces sur neuf).
Le Congrès national africain a bénéficié, dès le lancement
de la campagne électorale - comme en 1994 -, tant du soutien de la gauche
ouvrière communiste et syndicale que de la fragmentation de l'opposition.
Le
bloc que pouvait constituer le NNP (NP) en 1994 s'est, en effet, désagrégé au
profit d'une multitude de formations, comme l'Alliance fédérale, créée en
septembre 1998 par l'ancien dirigeant de la fédération de rugby, Louis Luyt.
La
constitution du Front démocratique (UDM), dirigé depuis le congrès de juin 1998
par un dissident de l'ANC, Bantu Holomisa, et regroupant des anciens membres du
NP comme Roelf Meyer, a encore compliqué le jeu des alliances.
Les quarante
partis d'opposition sont restés divisés quant aux objectifs, l'unique point
d'entente étant la dénonciation de la corruption au sein du gouvernement et son
incapacité à enrayer la criminalité et le chômage au niveau national.
La
formation nationaliste zoulou, Inkatha Freedom Party (IFP), ne semblait plus en
position d'arbitrage, même à un niveau strictement régional, comme c'était le
cas en 1994.
Elle tendait de plus en plus à s'aligner sur l'ANC au niveau
national, négociant localement avec l'UDM, fortement implanté dans le sud du
Kwazulu-Natal.
Lors des élections, le DP a ainsi obtenu 38 sièges, l'Inkatha 34, le NNP 28 et
l'UDM 13.
T.
Mbeki a officiellement succédé à N.
Mandela à la présidence du pays
le 16 juin 1999..
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