Afrique du Sud 1996-1997
Publié le 10/09/2020
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Afrique du Sud 1996-1997
L'institutionnalisation de l'État
Jusqu'au début 1996, la nouvelle Afrique du Sud vivait sur l'idée d'un miracle
permanent et sur le prestige et l'autorité morale dont jouit son président,
Nelson R.
Mandela.
Les années 1996-1997 ont consacré la normalisation du régime.
L'Afrique du Sud s'est dotée d'un cadre constitutionnel définitif permettant aux
mouvements politiques et aux organisations sociales et économiques
d'entreprendre activement leur rénovation et au gouvernement de poser les
fondements d'une politique économique à long terme.
L'Assemblée constituante, issue des élections de 1994 et liée par les
trente-quatre principes constitutionnels formant le pacte de paix accepté de
facto par toutes les grandes organisations politiques et sociales du pays en
1993, a accouché d'une Constitution en mai 1996, sous l'impulsion des deux
responsables de la négociation Cyril Ramaphosa (Congrès national africain - ANC)
et Rolf Meyer (Parti national - NP).
Ce texte a fait l'objet d'un long travail
de négociation impliquant la population, qui a soumis plus de 2 millions de
propositions à la Commission constitutionnelle.
Un compromis a finalement été
trouvé entre les mouvements politiques et sociaux, qui s'opposaient sur des
thèmes aussi fondamentaux que la forme de l'État (unitaire, fédéral,
consociatif), la nature des institutions (présidentielles, parlementaires),
l'étendue des droits de l'homme (libertés "classiques", droits sociaux, droits
culturels) et la place de l'individu dans la société (droit de l'individu ou
droit des groupes ou des communautés).
L'invalidation partielle de la
Constitution par la toute nouvelle Cour constitutionnelle, en septembre 1996, a
constitué une première mondiale à double titre: un projet constitutionnel a été,
pour la première fois, vérifié par une cour et pour la première fois invalidé.
Considérant notamment que les dispositions relatives aux autorités locales, à
l'autonomie provinciale et à la gestion de la fonction publique n'étaient pas
conformes aux trente-quatre principes constitutionnels, elle a obligé les
négociateurs à recommencer leurs travaux.
Le texte définitif a été officialisé
en février 1997.
"Gouvernement coopératif" et rénovation politique
L'organisation constitutionnelle présente des caractéristiques très marquées.
Il
s'agit d'abord d'un compromis politique qui a fait l'objet d'un marchandage
constant de la part de tous les acteurs politiques et sociaux, convaincus de son
importance dans le règlement du conflit sud-africain.
S'appuyant sur une
tradition juridique, un appareil judiciaire efficace et l'engagement des
mouvements politiques et sociaux, la Constitution sud-africaine fonde un
véritable État de droit.
Par ailleurs, le texte crée un régime de "gouvernement
coopératif" qui postule que le gouvernement de la majorité ne doit jamais
conduire à l'exclusion de la minorité politique et multiplie les clauses
organisant la participation des minorités politiques à la prise de décision.
Ce
système d'association, en partie copié sur le modèle allemand, est encore étendu
par la participation directe des provinces au processus de décision au niveau
central, via un Conseil national des provinces.
Le gouvernement coopératif, présent aux niveaux central, provincial et local,
permet ainsi aux minorités politiques et, derrière ce terme, aux communautés
culturelles d'éviter la marginalisation politique, proposant une solution à la
gestion des sociétés multiculturelles; il assure, par ailleurs, la prise en
compte de la diversité géographique et provinciale du pays, attribuant aux
provinces - dont certaines (notamment le KwaZulu-Natal, Le Cap occidental et le
Gauteng) ont de très fortes spécificités économiques, sociales et culturelles -
des pouvoirs importants garantissant à la fois leur autonomie et leur.
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