Afrique du Sud (1993 - 1994)
Publié le 10/09/2020
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Afrique
du Sud 1993-1994
Démocratie, an I
L'année 1994 a vu naître ce que l'on a pris l'habitude d'appeler la "nouvelle
Afrique du Sud".
L'apartheid et la discrimination raciale constitutionnelle ont
cédé la place, pour la première fois de l'histoire sud-africaine, à un régime
politique fondé sur les principes démocratiques accordant à chaque homme un
droit d'expression politique et affirmant l'égalité et la non-discrimination
raciale.
Cette transformation radicale rompant avec quarante-six ans de régimes
d'apartheid, a été le fruit d'un long processus de négociation engagé en 1987 à
l'initiative du chef de l'ANC (Congrès national africain), Nelson Mandela, et
officialisé à partir de 1990 par le président de la République et chef du NP
(Parti national), Frederik De Klerk.
La libéralisation du régime et le processus de négociation n'ont pas paru
relever d'une tendance historique irrésistible mais plutôt de la convergence des
stratégies conçues par les deux ennemis d'antan, l'ANC et le NP, pour assurer
dans un même temps la survie de leurs intérêts et de ceux de leur électorat
ainsi que la consolidation d'une Afrique du Sud durement affectée par la crise
économique et sa marginalisation internationale, liées aux embargos économiques
partiels décidés à partir de 1985.
Alliés objectifs, les deux partis n'ont eu de
cesse en 1993-1994 de ramener toutes les forces significatives du pays à un
processus de négociation dont ils contrôlaient conjointement le cours.
La
multiplication, après l'échec de CODESA II (deuxième Conférence multipartite sur
la démocratisation en Afrique du Sud), des séances de négociations bilatérales
entre l'ANC et le NP, la fixation dès le 3 juillet 1993 des dates pour les
premières élections libres multiethniques du pays, enfin la rédaction puis la
signature, le 18 novembre, d'une Constitution intérimaire assurant l'accès au
pouvoir, dans l'attente des élections d'un Comité exécutif de transition (9
septembre et première session prévue le 8 décembre) ont permis aux deux
formations, sur la base de concessions réciproques, de fixer le rythme du
processus et le cadre des négociations, mais aussi de les imposer aux autres
partenaires.
Cette "codirection" objective ne pouvait, en effet, être crédible et légitime
sans la participation des acteurs politiques "secondaires".
Les négociations ont
ainsi été ouvertes à toutes les formations et notamment aux plus importantes
dont certaines, en particulier l'Inkatha, zoulou, de Gatsha Buthelezi,
refusaient le compromis négocié.
Ralliement ou marginalisation
L'ANC et le NP se sont trouvés confrontés à deux difficultés majeures.
Ayant à
traiter avec des interlocuteurs sans pouvoir politique constitué comme les chefs
de bantoustans ou les groupuscules blancs d'extrême droite, les deux partis,
après avoir longuement négocié, n'ont finalement laissé d'autre alternative que
le ralliement ou la marginalisation irrémédiable.
Le refus de certains
dirigeants de bantoustans, conseillés par des "alliés" conservateurs blancs,
favorables à une solution fédérale, voire confédérale, de participer au
processus électoral s'est soldé par une montée irrésistible de la contestation
politique au sein de ces entités et la volonté de Prétoria de ne pas intervenir
pour maintenir au pouvoir des dictateurs dépourvus de toute légitimité.
Les
renversements de Lucas Mangope au Bophuthatswana et de Oupa Gqozo au Ciskei, et
leur remplacement par des administrateurs, en mars 1994, ont confirmé que les
bantoustans indépendants (Bophuthatswana, Ciskei, Transkei, Venda) n'avaient
d'autre avenir que leur réintégration à la nouvelle Afrique du Sud.
La dernière
quinzaine de mars 1994 a ainsi été marquée par la disparition définitive des
institutions du Ciskei et du Transkei, remplacées par des administrations.
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