Afrique du Sud (1992 - 1993): Progrès certains vers la démocratie
Publié le 10/09/2020
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Encyclopédie de l'État du monde
Afrique du Sud 1992-1993
Progrès certains vers la démocratie
L'Afrique du Sud devrait connaître ses premières élections multiraciales le 27
avril 1994: les principales forces politiques du pays sont parvenues, en juin
1993, à un accord sur cette date-butoir, après une nouvelle vague de violence et
de confrontations menaçant le fragile processus de négociation.
La fixation de
la date du scrutin pour élire une Assemblée constituante, le premier Parlement
de l'ère post-apartheid, était devenue l'une des revendications essentielles du
Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela.
"Le pays est irréversiblement
engagé sur la voie de la démocratie", a commenté Cyril Ramaphosa, le principal
négociateur de l'ANC.
La course contre la montre entre partisans et adversaires des négociations
constitutionnelles a bien failli être perdue pour les adeptes d'une solution
politique, lorsque l'un des principaux dirigeants noirs, Chris Hani, secrétaire
général du Parti communiste sud-africain (SACP) et membre de la direction de
l'ANC, a été assassiné, le 10 avril 1993, par un extrémiste blanc.
Ce meurtre
d'un leader de premier plan, qui avait la confiance des jeunes radicaux des
ghettos noirs tout en soutenant la négociation, a provoqué un sentiment de
colère au sein de la majorité noire, frustrée par la lenteur des changements
dans le pays.
Le meurtrier, arrêté peu après, était un Blanc d'origine
polonaise, Janusz Walus, quarante ans, proche des milieux d'extrême droite.
Plutôt qu'un geste isolé, l'enquête policière a révélé des ramifications
inattendues, conduisant à l'arrestation puis l'inculpation d'un député du Parti
conservateur (extrême droite parlementaire), Clive Derby-Lewis, et de sa femme.
Le meurtre de Chris Hani, aiguillon pour la négociation
Alors qu'une explosion de violence menaçait de se produire dans la foulée de ce
meurtre, les principaux dirigeants du pays ont appelé au calme, à commencer par
Nelson Mandela qui déclarait le soir même à la télévision sud-africaine : "La
mort de Chris Hani nous impose de ne pas nous laisser entraîner dans des actes
de violence, même par désir de le venger".
Près de 100 000 personnes se sont
rassemblées lors de ses funérailles et le bain de sang redouté ne s'est pas
produit.
La menace de l'extrême droite s'est à nouveau manifestée, sur le plan politique
cette fois, lorsque quatre généraux à la retraite ont pris, début mai 1993, la
tête d'une tentative pour regrouper les fractions divisées des nostalgiques de
l'apartheid.
Le décès - par crise cardiaque - du fondateur du Parti
conservateur, Andries Treurnicht, qui avait amené son parti à la table des
négociations, a facilité cette radicalisation.
Le Parti conservateur a
finalement refusé de signer l'accord sur l'organisation des élections.
Pour autant, le meurtre de Chris Hani et la violence politique incessante qu'a
connue le pays, faisant plus de 7 000 morts depuis 1990, n'ont pas empêché les
pourparlers politiques de faire de grands pas en avant.
Après un début
encourageant à la fin 1991, puis une année 1992 frustrante, de nouveaux progrès
ont été accomplis dans la première moitié de 1993.
Les deux principaux
protagonistes, le Parti national de Frederik De Klerk, le président de la
République, et l'ANC de N.
Mandela, se sont en particulier entendus sur le
principe d'un partage du pouvoir entre les principales forces politiques pour
une période de transition consécutive aux élections de 1994, même si ses
modalités restaient à définir.
La véritable percée, nécessaire pour assurer la
crédibilité du processus, a été la fixation de la date du scrutin par la
conférence multipartite réunissant 26 délégations dont l'ANC, l'Inkatha du chef
zoulou Gatsha Buthelezi, et le Parti national au pouvoir.
Six de ces vingt-six
délégations se sont opposées à cette date de scrutin, et certains commentateurs.
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