Afrique du Sud (1985 - 1986)
Publié le 10/09/2020
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Afrique
du Sud 1985-1986
L'état de siège permanent
L'Afrique du Sud a souvent fait la une de l'actualité en 1985 et au début de
1986: révolte des ghettos noirs et sanctions internationales ont été les deux
thèmes dominants.
Mais, derrière la dénonciation du racisme institutionnel,
souvent entachée de bonne conscience, comprend-on que ce qui se joue dans ce
pays est la manifestation, sous des formes extrêmes, de l'affrontement Nord-Sud
et que cela concerne toute l'humanité ?
L'évolution de la situation en 1985-1986 fait apparaître trois grands
phénomènes: le pouvoir blanc, par la convergence d'une série de circonstances, a
perdu l'hégémonie idéologique et morale tout en maintenant fermement sa
puissance militaire et policière ; en second lieu, les Noirs sud-africains, et
tout particulièrement leur fraction majoritaire jeune, urbanisée, ont instauré
un état de révolte permanent.
Enfin, l'évolution économique sape les bases de la
domination blanche, tant dans ses manifestations internationales qu'à
l'intérieur du pays.
Le pouvoir blanc ébranlé
L'apparente immobilité dans laquelle les racistes de Prétoria se drapent cache
un effritement progressif de leurs positions.
Ils sont désormais clairement
entrés dans une phase de désarroi et ont perdu l'initiative idéologique, à
l'intérieur du pays et sur le plan international, en reconnaissant l'échec du
projet insensé d'apartheid.
Il n'y a plus de doctrine chez les nationalistes
blancs, qui se bornent à gérer l'État en réagissant aux initiatives qui
s'imposent à eux, tant de la part des Noirs que des milieux financiers
internationaux.
Après Pik Botha, le ministre des Affaires étrangères, qui, en
1982, avait reconnu le désastre des bantoustans, Pieter W.
Botha, le président,
a avoué que le contrôle des entrées dans les zones blanches était périmé et, le
15 août 1985, il est revenu, en termes vagues, sur la question de la citoyenneté
des Noirs.
Le 31 janvier 1986, il a promis la suppression des passeports
intérieurs imposés aux Noirs (300 000 arrestations annuelles).
Cette promesse a
été confirmée en avril par un livre blanc annonçant aussi l'abolition du
couvre-feu.
En même temps, le gouvernement a fait savoir que les détenus
allaient être libérés.
Pik Botha, vite démenti, a même évoqué l'éventualité d'un président noir en l'an
2000.
Provocation? Démagogie? Il n'empêche que ce type de déclaration tranche
avec la doctrine conquérante de l'apartheid prônée par l'ex-président Vorster.
Les effets ne se sont pas fait sentir que chez les Afrikaners, majoritaires chez
les Blancs: les responsables de l'Anglo American, l'une des deux sociétés
minières géantes du pays, ont rencontré, en septembre 1985, une délégation du
Congrès national africain (ANC) en Zambie ; les dirigeants de l'opposition
blanche, le Parti progressiste fédéral (PFP) lui ont emboîté le pas et leur
chef, Frederik Van Zyl Slabbert, a démissionné de son poste, déclarant qu'il n'y
avait plus de chances de réformer le système de l'intérieur.
Sur ce fond de
désarroi idéologique, des réformes mineures ont été adoptées, sur les marges de
l'édifice: ainsi, en juin 1985, l'abolition symbolique de l'interdiction des
relations sexuelles dites "interraciales".
Dans le même temps, le pouvoir blanc s'est trouvé, au moins partiellement, lâché
sur le plan international ; les États-Unis, malgré l'opposition farouche de
Ronald Reagan, ont fini, sous la pression de leur opinion publique, par agréer
et reconduire des sanctions économiques limitées (Chester Crocker, le
responsable américain de la politique africaine, a parlé, à propos de l'ANC, de
"combattants de la liberté").
Poudre aux yeux ? La communauté bancaire
internationale a pourtant suspendu ses crédits vers l'Afrique du Sud et l'a.
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