Afrique du Sud (1982 - 1983): Les succès de Gatsha Buthelezi
Publié le 10/09/2020
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Afrique du Sud 1982-1983
Les succès de Gatsha Buthelezi
En adoptant une fois de plus une Constitution inacceptable pour la majeure
partie de la population, l'Afrique du Sud s'est préparée en 1982 à refaire la
même erreur qu'en 1910.
Les propositions adoptées (et élaborées pendant plus de
cinq ans) visent à remplacer la chambre unique, où seuls les Blancs sont admis,
par trois chambres où seront représentés les Blancs (environ 15% de la
population), les Indiens et les "gens de couleur" (environ 10%), c'est-à-dire
les métis.
La population noire d'Afrique du Sud, majoritaire dans le pays, ne
sera pas admise dans ce nouveau système, qui sera supervisé par un président
exécutif doté de pouvoirs quasi dictatoriaux et un cabinet "multiracial",
excluant également les Africains.
L'idée même d'un "partage du pouvoir" avec les "gens de couleur" - en dépit de
la promesse du Premier ministre, M.
P.
W.
Botha, qu'il s'agirait d'un "partage
sain" -, semble déjà excessive à l'aile droite du Parti libéral, au pouvoir.
Et
en février 1982, le ministre d'État Andries Treurnicht a pris la tête d'un
mouvement de révolte qui s'est terminé par la défection de dix-huit députés, qui
ont formé un mois plus tard le Parti conservateur.
Ce dernier a mené campagne
contre la nouvelle Constitution, en affirmant que l'introduction de deux groupes
"noirs" au Parlement finirait tôt ou tard par frayer le chemin à la majorité
africaine.
Reste que l'extrême-droite est divisée entre les Conservateurs et le
Parti national Herstigte (HNP), qui s'est formé en 1969 à l'issue d'une première
scission de l'aile droite du Parti national.
Les différences politiques entre
les Conservateurs et l'HNP peuvent évidemment paraître minces: ce dernier
souhaite jeter les Noirs à la mer, tandis que les Conservateurs veulent leur
interdire l'accès des plages!
Les résultats d'une réélection parlementaire dans la circonscription du district
de Germiston, près de Johannesburg, le 18 août 1982, ont montré à la fois le
pouvoir potentiel des ultras et les conséquences de leur désunion.
Le Parti
national de P.
W.
Botha n'a pu garder son siège que parce que les Conservateurs
et l'HNP ont divisé les votes de l'extrême-droite, qui totalisait 1 330 voix de
plus que Botha.
Si celle-ci surmontait à l'avenir ses divisions électorales,
elle pourrait bien menacer un quart des sièges parlementaires des nationalistes.
En janvier 1983, le Labour Party, le plus important parti des "gens de couleur",
a dénoncé les propositions constitutionnelles excluant les Africains et a
réitéré son attachement au suffrage universel.
Il a néanmoins décidé de
participer au nouveau système, malgré les mises en garde des Africains, qui le
pressaient de ne pas s'allier contre eux avec les Blancs.
Le fait d'être
présents au Parlement, affirment les dirigeants du Labour, augmenterait
"considérablement" leur capacité de négociation.
En outre, ils précisent en
privé redouter que leur parti n'arrive pas à subsister en tant qu'organisation
non parlementaire.
Le Labour Party a fait le serment de lutter pour faire entrer les Africains dans
le nouveau Parlement, malgré les déclarations du Premier ministre affirmant
qu'il n'y aurait jamais une quatrième chambre pour les Africains.
Aux yeux du
gouvernement, le destin politique séparé des Africains est en effet scellé: un
tiers de la population noire a déjà perdu sa citoyenneté sud-africaine grâce à
la séparation constitutionnelle du Transkei, du Ciskei, du Bophutatswana et
Venda.
Conférer l'"indépendance" aux Bantoustans ("homelands") constitue bien sûr une
étape capitale pour l'apartheid, le but étant de faire des 22 millions
d'Africains des étrangers n'ayant pas à réclamer le droit de vote.
Mais après avoir écarté politiquement les Africains du groupe des Blancs, des.
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