Afghanistan (2003 - 2004): Précarité du pouvoir central à la veille des élections
Publié le 10/09/2020
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Afghanistan 2003-2004
Précarité du pouvoir central à la veille des élections
Confrontés à une dégradation continue de la situation depuis la chute du régime
taliban (fondamentaliste islamique), consécutive à l’offensive militaire menée
par Washington et Londres en octobre 2001, les États-Unis tentaient, en
2003-2004, de reprendre l’initiative.
En septembre 2003, la nomination comme
ambassadeur américain à Kaboul de Zalmay Khalilzad, un néoconservateur d’origine
afghane protégé du secrétaire adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz, a été un
premier signe de ce regain d’intérêt.
Ce dernier détenait dès lors le pouvoir
réel à Kaboul, le président afghan, Hamid Karzaï, conservant essentiellement un
rôle de représentation.
Au sein du gouvernement, le clan des Panjchiris, réuni
autour du ministre de la Défense Mohammad Fahim, restait le groupe le plus
influent.
Les élections présidentielle et législatives, prévues initialement en
juin 2004 (en raison essentiellement du calendrier électoral américain), ont été
repoussées respectivement au 9 octobre et à avril 2005, en raison de
l’insécurité et de l’enregistrement insuffisant des électeurs (10 %).
Plus de deux ans après les accords de Bonn organisant la transition jusqu’à la
tenue d’élections, le gouvernement n’est pas parvenu à reconstruire un système
administratif national et l’ampleur de la corruption à Kaboul décourage
l’activité économique.
L’aide américaine a été augmentée (plus de 2 milliards de
dollars votés en 2004), mais l’insécurité était telle que les ONG (organisations
non gouvernementales), de plus en plus intégrées au plan de contre-insurrection
américain par le biais des PRT (Provincial Reconstruction Team), pouvaient
difficilement intervenir dans les campagnes.
Dans les régions pachtounes, à
Kandahar par exemple, l’activité humanitaire se situait désormais à un niveau
symbolique.
Alors que les taliban avaient pratiquement éradiqué la culture de
l’opium, l’Afghanistan est redevenu le premier producteur mondial et l’économie
criminelle liée au trafic représenterait 2,3 milliards de dollars de revenus.
Le
patronage par les forces américaines de nombreux chefs de guerre impliqués dans
ce trafic limitait l’efficacité de la politique d’éradication annoncée par le
gouvernement.
La sécurité demeurait la clé des évolutions futures, conditionnant à la fois la
reconstruction et la stabilisation politique.
Dans ce contexte, la volonté de
mettre au pas les puissances régionales n’a pas eu de résultats décisifs.
Le
gouverneur de la province d’Herat et chef historique de la résistance dans la
région, Ismaël Khan, a été victime, en mars 2004, d’une tentative d’assassinat
organisée par le commandant de la garnison d’Herat, Zaher Khan Nayebzada, nommé
par le gouvernement.
Mirwais Siddiq, fils d’I.
Khan et ministre de l’Aviation, a
été tué dans les affrontements qui ont suivi.
Kaboul a ensuite profité du
désordre pour envoyer 1 500 hommes à Herat, mais la situation restait instable.
En avril 2004, des affrontements ont opposé Rachid Doustom, chef de la
principale milice du Nord, aux forces gouvernementales qui, là encore, n’ont pas
pu s’imposer.
Faute de résultats décisifs, le risque existait de voir une région
basculer dans la dissidence ouverte par rapport à Kaboul.
Par ailleurs,
l’élimination des chefs de guerre n’impliquerait pas nécessairement le retour à
l’ordre.
L’armée afghane reste en effet embryonnaire, environ 8 000 hommes,
alors que les désertions et la délinquance sont endémiques, malgré la présence
de conseillers américains dans toutes les unités.
La survie du régime de Kaboul reposait donc sur l’action des forces armées
occidentales qui, contrairement à ce qui se passe en Irak, coopèrent ici sans
heurts.
Initialement destinées à pacifier la capitale, les troupes
internationales de la FIAS (Force internationale d’assistance et de sécurité,
mandatée par l’ONU) sont passées sous le commandement de l’OTAN (Organisation du.
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