Afghanistan (1999 - 2000): Essoufflement du charisme taliban
Publié le 10/09/2020
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Afghanistan 1999-2000
Essoufflement du charisme taliban
En 1999-2000, pour la première fois depuis leur irruption sur la scène politique
en 1994, les taliban (mouvement fondamentaliste d'ethnie pachtoune) n'ont fait
aucun progrès sur le terrain.
Des signes de dissensions internes et de
relâchement sont apparus.
L'équilibre militaire entre les deux camps qui se
disputent le contrôle du pays, les taliban, d'une part, et la coalition du Nord,
dirigée par Ahmed Shah Massoud, d'autre part, s'est maintenu malgré des
offensives régulières des taliban sur trois axes clés : la plaine du Shamali au
nord de Kaboul, la frontière tadjiko-afghane à l'est de Kunduz et la vallée de
Darra-ye Souf entre Kaboul et Mazar-i-Charif.
L'offensive la plus violente s'est
déroulée en juillet 1999 : des centaines de milliers de civils d'origine tadjike
ont été déplacés de force par les taliban ou ont dû fuir au nord de Kaboul,
marquant encore plus la polarisation ethnique entre Pachtounes et
non-Pachtounes.
Mais la contre-offensive éclair d'A.
S.
Massoud lui a permis de
reprendre l'essentiel du terrain et d'infliger de lourdes pertes aux taliban.
Une nouvelle offensive de ces derniers s'est déroulée en mars 2000 sans plus de
succès.
Mais A.
S.
Massoud n'a jamais pu pousser ses victoires tactiques et
sérieusement menacer Kaboul.
Les taliban ont désormais dû affronter un problème d'effectifs : les milieux
tribaux pachtounes, leur soutien traditionnel, rechignent à envoyer leurs jeunes
de manière permanente dans l'armée taliban, qui dépend désormais, pour chaque
offensive, des volontaires recrutés dans les écoles religieuses du Pakistan,
accentuant ainsi la dépendance des taliban par rapport à ce pays.
Par ailleurs,
corruption et délinquance ont fait leur apparition dans leurs rangs (hold-up en
janvier 2000).
Enfin, des tensions sont apparues avec les milieux tribaux,
surtout dans l'est du pays.
Des attentats ont visé le chef charismatique des
taliban, Mollah Omar, sans que les auteurs soient rattrapés.
De plus, les taliban se retrouvent très isolés sur le plan international depuis
l'entrée en vigueur, en octobre 1999, des sanctions votées par l'ONU, à la
demande des États-Unis.
Elles visent à obtenir des taliban l'expulsion d'Oussama
ben Laden, un militant islamique radical accusé par Washington d'être l'auteur
des attentats contre les ambassades américaines du Kénya et de Tanzanie en août
1998.
Ces sanctions ont été votées d'autant plus facilement que l'image des
taliban s'est dégradée sur l'ensemble de la scène internationale du fait de leur
politique très restrictive envers les femmes.
En décembre 1999, un avion d'India
Airlines a été détourné sur Kandahar et les taliban ont organisé, le 31, un
échange entre les passagers et un militant pakistanais pour la libération du
Cachemire, emprisonné en Inde, Maulana Massoud Azhar.
Ensuite les taliban ont
laissé partir les preneurs d'otages.
L'opération a révélé leurs sympathies
envers les radicaux islamiques.
En dépit de leur isolement, les taliban ont persisté dans leur volonté de
soumettre l'ensemble du pays, refusant toute véritable négociation, malgré des
gestes de l'ONU (groupe dit "du 6 + 2" qui rassemble les voisins de
l'Afghanistan plus la Russie et les États-Unis) ou de l'OCI (Organisation de la
conférence islamique, présidée par l'Iran).
Devant l'échec de ses tentatives,
l'envoyé spécial de l'ONU Lakhdar Brahimi a démissionné en août 1999 et a été
remplacé par Francisco Vendrell.
L'OCI a tenté une médiation à Jeddah (Arabie
saoudite), en mars 2000, sans plus de succès.
Une initiative proprement afghane
a permis la réunion à Rome, en juin 1999, de plusieurs dizaines de personnalités
autour de l'ancien roi Zaher (au pouvoir de 1933 à 1973), qui a, pour la
première fois, manifesté clairement son intention de revenir sur la scène
politique.
Ni A.
S.
Massoud ni les taliban n'ont rejeté la réunion, mais ces.
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