Afghanistan (1998 - 1999): Une année mouvementée pour les taliban
Publié le 10/09/2020
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Afghanistan 1998-1999
Une année mouvementée pour les taliban
Après leurs échecs en 1997, les taliban (mouvement fondamentaliste d'ethnie
pachtou) sont repartis à l'offensive contre la coalition tripartite du nord de
l'Afghanistan.
Le 8 août 1998, ils se sont emparés de Mazar-i-Charif, dernière
grande cité à leur échapper.
Le général Rachid Doustom, commandant des forces
ouzbèkes qui tenaient la ville, a été contraint à l'exil.
Des milliers de civils
de l'ethnie chiite hazara ont été massacrés, alors que les sunnites étaient
épargnés.
Le consulat iranien a été pris d'assaut et une dizaine de diplomates
ont été assassinés.
Les taliban fondirent ensuite sur la capitale des Hazaras,
Bamyan, qui tomba le 13 août.
Puis ils relancèrent l'offensive contre le bastion
du commandant Ahmed Shah Massoud, dans le Nord-Est, et s'emparèrent brièvement
de sa capitale, Taloqan.
Cependant, cette dernière offensive échoua.
Massoud,
devenu le seul chef militaire de l'opposition, reprit sa capitale et ses
positions traditionnelles, entre le nord de Kaboul et la frontière du
Tadjikistan.
Malgré leur victoire militaire, les taliban se sont retrouvés momentanément
isolés du fait de leur association avec un réseau islamiste de terrorisme
international.
Les États-Unis dénoncèrent l'implication d'Oussama ben Laden,
activiste saoudien réfugié depuis 1997 auprès des taliban, dans les attentats
contre deux de leurs ambassades au Kénya et en Tanzanie (7 août 1998).
O.
ben
Laden dirige, en association avec Ayman Al Zawahiri, un Égyptien chef du Jihad
islamique, le mouvement Al Qaida, qui appelle au jihad contre les chrétiens et
les juifs.
Le 20 août, les États-Unis lancèrent des missiles de croisière contre
des camps d'activistes islamiques en territoire afghan sous contrôle taliban.
Le
lendemain, un officier des Nations unies était assassiné à Kaboul, tandis qu'au
Pakistan des manifestations dénonçaient l'action américaine.
L'ONU évacua son
personnel d'Afghanistan.
Un nouveau front contre les taliban s'est ouvert en septembre 1998, lorsque
l'Iran a massé 200 000 hommes sur la frontière afghane, menaçant d'intervenir si
les assassins des diplomates n'étaient pas punis.
Le 24 septembre, l'Arabie
saoudite, l'un des rares soutiens des taliban avec le Pakistan, rappelait son
chargé d'affaires à Kaboul.
Les taliban refusèrent de livrer O.
ben Laden ou
même de l'expulser.
Cependant, conseillés par le Pakistan, ils allaient peu à
peu desserrer la pression internationale.
Une mission de l'ONU, dirigée par l'envoyé spécial du secrétaire général,
l'Algérien Lakhdar Brahimi, désamorça la crise avec l'Iran.
La pression
américaine diminua, ayant pour seul objectif l'expulsion de O.
ben Laden, qui
"disparut" opportunément près de Jalalabad en février 1999.
S'ils n'ont pas
obtenu d'occuper le siège de l'Afghanistan à l'ONU, les taliban ont réussi à
éviter toute confrontation ouverte avec les États-Unis et l'Iran.
Ils ont
continué de développer leur conception très restrictive de la société islamique,
bénéficiant toujours du soutien du Pakistan, dont le Premier ministre, Mian
Nawaz Sharif, n'a pas hésité, en septembre, à se faire l'apôtre d'une
"talibanisation" du système judiciaire au Pakistan.
Début 1999, des missions
iranienne, turkmène et chinoise rencontrèrent les taliban.
Le chef de la
diplomatie turkmène, Boris Sheykhmuradov, se rendit à Kandahar en février 1999
et rencontra Mollah Omar, le chef charismatique des taliban.
Sur le plan intérieur, les taliban ne sont pas parvenus à s'imposer
définitivement.
Le bastion du Nord-Est, bien approvisionné en armes par la
Russie et l'Iran, a continué de résister en octobre et en novembre, Massoud a
repris une partie du terrain conquis (Nahrin, est de la ville de Kunduz).
Une
opposition armée anti-taliban renaissait en octobre dans les provinces de Fayab.
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