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Afghanistan (1991 - 1992)

Publié le 10/09/2020

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« Afghanistan 1991-1992 L'année 1992 a vu la chute du régime de Najibullah et la prise de Kaboul par une coalition hétéroclite de moudjahidin.

Une mission de l'ONU, dirigée par Benon Sevan, avait tenté jusqu'au dernier moment de promouvoir une alternative au régime en place en mettant sur pied une "commission de travail", recrutée essentiellement parmi des technocrates en exil: soutenue par les États-Unis et le ministère pakistanais des Affaires étrangères, cette médiation irréaliste s'est heurtée à la fois aux plus radicaux des partis basés à Peshawar (Pakistan) et aux commandants moudjahidin de l'intérieur, systématiquement tenus à l'écart par Benon Sevan. Sur le plan intérieur, la situation a basculé sur une question apparemment banale d'équilibre ethnique.

Le régime communiste de Najibullah s'appuyait à la fois sur l'armée régulière, traditionnellement encadrée par les Pachtoun, et sur des milices locales à base ethnique: les Ouzbeks du général Doustom et les ismaéliens de Sayyid Naderi.

Or de nombreux officiers pachtoun avaient été limogés au printemps 1991, à la suite de l'échec d'un coup d'État monté à la fois par le ministre de la Défense, Shah Nawaz Tanaï, un communiste radical, et par les extrémistes fondamentalistes du Hezb-iIslami de Gulbuddin Hekmatyar. Désireux de donner à nouveau des gages aux Pachtoun, Najibullah remplaça en janvier 1992 le chef de la zone Nord, le général Momin, un Tadjik, par un Pachtou, Djouma Assak.

Aussitôt une coalition se créa entre les Tadjiks de l'armée gouvernementale, les milices ouzbeks et ismaéliennes, les chiites du Parti de l'unité et le puissant "Conseil du Nord" dirigé par le commandant Ahmed Shah Massoud, dirigeant moudjahidin de l'intérieur, lui aussi tadjik.

Massoud tira alors le bénéfice de ses années d'efforts pour monter une organisation politico-militaire efficace.

Cette coalition s'empara en mars de la capitale du Nord, Mazari-Sharif, puis descendit sur Kaboul qui fut investie à la mi-avril. Par un effet en chaîne, toutes les capitales de province tombèrent alors entre les mains des moudjahidin.

Pris de vitesse, G.

Hekmatyar tenta alors une percée sur Kaboul en s'alliant avec les éléments radicaux et pachtoun du régime de Kaboul, dont le ministre de l'Intérieur, Raz Mohammad Paktin, qui lui livra son ministère.

Mais les troupes de la coalition du Nord le chassèrent de la capitale en deux jours (3 et 4 mai).

Pendant ce temps, sous la pression pakistanaise, les partis de Peshawar annonçaient un gouvernement de coalition présidé par le modéré Sebghatullah Modjaddidi, tandis que G.

Hekmatyar était nommé Premier ministre et Massoud ministre de la Défense.

Hekmatyar commit l'erreur de dénoncer ce gouvernement.

Cela permit à Massoud de regrouper sous son commandement les moudjahidin du Nord et les restes de l'armée gouvernementale, avec la totalité de l'aviation, tandis que S.

Modjaddidi s'installait à Kaboul à la tête d'une administration fantôme. En revanche, malgré une propagande à contenu ethnique, G.

Hekmatyar ne réussit pas à regrouper autour de lui l'ensemble des Pachtoun.

Ces derniers, pourtant peu enclins à apprécier le passage du pouvoir réel à Massoud, se sont montrés inquiets de la volonté hégémonique du chef du Hezb-i-Islami. Ainsi la chute du régime de Kaboul a-t-elle laissé en place un Afghanistan divisé autour des grands clivages ethniques et tribaux, opposant les Pachtoun dépourvus de véritable leadership et les non-Pachtoun: Tadjiks (en fait tous les persanophones sunnites), chiites (tous persanophones), Ouzbeks, ismaéliens.

La question se posait à la mi-1992 de savoir si Massoud, qui n'est pas lui-même un nationaliste tadjik, luttant pour le maintien d'un Afghanistan uni, parviendrait à imposer aux Pachtoun modérés un véritable partage du pouvoir.. »

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