Affiche
Publié le 15/05/2020
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«
L'AfficheEtudier l'affiche, c'est aller
a la rencontre des mouvements
artistiques, socioculturels,
economiques, politiques de notre
temps.
Miroir d'une époque,
elle en recupere les normes,
les courants, les valeurs.
Elle
les amplifie ou elle les impulse
dans des buts commerciaux.
L'affiche est la parole,
l'imaginaire d'une societe.
Tour a tour moyen d'information, de promo-tion, de propagande ou meme d'insurrec-
tion, l'affiche s'est tres vite revelee un
extraordinaire outil de seduction et de pouvoir.
Et c'est par la meme que, pour beaucoup, ses
rapports avec l'art sont devenus ambigus.
Quand la creation nest pas le seul objectif
mais un moyen, a partir de quand et jusqu'ob
peut-on parler d'art? L'affiche est-elle un objet
d'art, ou l'art de conjuguer esthetique et effica-
cite commerciale ou ideologique? L'apparition
de professionnels et d'agences publicitaires, et non plus d'artistes independants, n'a fait que
compliquer le debar
Les origines
Le principe meme de la publication murale exis-
tait déjà dans l'Antiquite, en Egypte, en Grace et
dans ('Empire romain.
Chacun avait sa methode:
les Grecs usaient de panneaux de bois (les
axones), les Romains, eux, peignaient en rouge
et noir sur des murs de chaux appropries, divises
en rectangles (album).
Ces inscriptions affichees
avaient pour but d'informer ('ensemble des
citoyens sur des mesures prises par l'autorite,
sur des evenements qui les concernaient: « publi-
cite » signifiait bien orendre publique».
L'information orate l'emporta neanmoins, et
ce n'est reellement que vers le xvr siecle, en
Europe, qu'apparut l'ancetre direct de l'affiche.
Encore s'agissait-il davantage d'une page illus-
tree, de taille et de typographie modestes (il en
sera ainsi jusqu'au xm siecle).
Initialement.
ces
«affichettes» etaient en majorite le moyen utilise
par les forains pour se faire connaitre.
En 1539,
Francois I" reservera l'affichage aux lois.
Les
affiches qui commencent a envahir toutes les
villes d'Europe continueront a etre reglementees
par l'Etat au cours des 'Kyr et xviir siecles.
Plus que ('invention de la lithographic par
Alois Senefelder (vers 1796), c'est d'abord tout
un contexte social et, plus tard, economique qui
a ate le facteur determinant de lessor de l'af-
fiche.
Sous la Revolution, linsurrection, les mou-
vements sociaux et politiques exploitent abon-
damment ce mode d'expression, et de propaga-
tion des idees nouvelles.
A partir de 1840, la societe industrielle cree
la necessite de promouvoir ses produits.
Trois
decennies plus tard, les affiches prennent de I'envergure: elles envahissent subitement les
murs et les lieux publics, en couleurs, et en
grand format.
Jules Cheret
Si, des lors, l'affiche existe bel et bien, si elle
obeit A des normes de reproduction, de format,
d'exposition et si elle fait partie du decor urbain,
elle n'en est pas encore pour autant une oeuvre
d'art.
C'est Jules Cheret (1836-1932), grand admi-
rateur du peintre italien Tiepolo, qui lui apporte-
ra sa dimension artistique et psychologique et
qui lui donnera, vers les annees 1860, une impul-
sion determinante.
Avec Cheret, l'affiche ne se contente plus
d'informer, elle secluit.
Et le charme opere a deux
niveaux puisque l'affichiste associe Ia seduction
du produit, de Ia marque, a celle de la femme
-ce qui, pour l'epoque, etait absolument revolu-
tionnaire.
Ainsi Ia plupart de ses affiches mon-
trent-elles une jeune fille, frivole, gaie et Legere
que l'on surnomma Ia «Cherette» et qui devint un
modele social.
Le theme s'y prate d'autant mieux
que Cheret applique principalement son art au
monde du spectacle.
Ses modeles sont Watteau
et Fragonard (d'ailleurs, Manet ne I'a -t -il pas sur-
nomme le °Watteau des rues»?).
...di Jules Cheret, le
premier, comprit
tout Pinter& qu'il y
avait a exploiter le
pouvoir seducteur de
la femme pour faire
vendre un produit -
quand bien meme
it s'agit plus
prosaiquement
d'essence pour
les automobiles.
VFolies-Bergere (1893), de Jules
Cheret.
Cheret eut
pour premiers sujets
d'affiche les grands
spectacles parisiens,
dont pracisament
les Folies-Bergere.
La femme telle
qu'il la reprasente
est toujours gale, voire mutine,
Were, comme
plate a s'envoler.
L'Affiche
Étudier l'affiche, c'est aller
à la rencontre des mouvements
artistiques, socioculturels,
économiques, politiques de notre
temps.
Miroir d'une époque,
elle en récupère les normes,
les courants, les valeurs.
Elle
les amplifie ou elle les impulse
dans des buts commerciaux.
L'affiche est la parole,
l'imaginaire d'une société.
T
our à tour moyen d'information, de promo
tion, de propagande ou même d'insurrec
tion, l'affiche s'est très vite révélée un
extraordinaire outil de séduction et de pouvoir.
Et c'est par là même que, pour beaucoup, ses
rapports avec l'art sont devenus ambigus.
Quand la création n'est
pas le seul objectif
mais un moyen, à partir de quand
et jusqu'où
peut-on parler d'art? L'affiche est-elle un objet
d'art,
ou l'art de conjuguer esthétique et effica
cité commerciale ou idéologique? L'apparition
de professionnels et d'agences publicitaires, et
non plus d'artistes indépendants, n'a fait que
compliquer le débat.
Les origines
Le principe même de la publi_cation murale exis
tait déjà dans l'Antiquité, en Egypte, en Grèce et
dans l'Empire romain.
Chacun avait sa méthode:
les Grecs usaient de
panneaux de bois (les
axones), les Romains, eux, peignaient en rouge
et noir sur des murs de chaux appropriés, divisés
en rectangles (album).
Ces inscriptions affichées
avaient
pour but d'informer l'ensemble des
citoyens sur des mesures prises par l'autorité,
sur des événements qui les concernaient: "publi
cité"
signifiait bien" rendre publique ••.
L'information orale l'emporta néanmoins, et
ce n'est réellement que vers le xvi' siècle, en
Europe, qu'apparut l'ancêtre direct de l'affiche.
Encore s'agissait-il davantage d'une page
illus
trée, de taille et de typographie modestes (il en
sera ainsi jusqu'au XIX siècle).
Initialement.
ces
«affichettes•• étaient en majorité le moyen utilisé
par
les forains pour se faire connaître.
En IS39,
François 1' réservera l'affichage aux lois.
Les
affiches qui commencent à envahir toutes les
villes d'Europe continueront à
être réglementées
par l'État au cours des XVII' et xv11r siècles.
Plus que l'invention de la lithographie par
Alois Senefelder (vers 1796), c'est d'abord tout
un contexte social et, plus tard, économique qui
a
été le facteur déterminant de l'essor de l'af
fiche.
Sous la Révolution, l'insurrection, les mou
vements sociaux et politiques exploitent abon
damment ce mode d'expression, et de propaga
tion des idées nouvelles.
À partir de 1840, la société industrielle crée
la nécessité de promouvoir
ses produits.
Trois
décennies plus tard, les affiches prennent de l'envergure:
elles envahissent subitement les
murs et les
lieux publics, en couleurs, et en
grand format.
Jules Chéret
Si, dès lors, l'affiche existe bel et bien, si elle
obéit à
des normes de reproduction, de format,
d'exposition
et si elle fait partie du décor urbain,
elle n'en
est pas encore pour autant une œuvre
d'art.
C'est Jules Chéret (1836-1932), grand admi
rateur du peintre italien Tiepolo, qui lui apporte
ra sa dimension artistique et psychologique et
qui lui donnera, vers les années 1860, une impul
sion déterminante.
Avec
Chéret, l'affiche ne se contente plus
d'informer, elle séduit.
Et le charme opère à deux
niveaux puisque l'affichiste
associe la séduction
du produit,
de la marque, à celle de la femme
-ce qui, pour l'époque, était absolument révolu
tionnaire.
Ainsi la plupart de ses affiches mon- ~
trent-elles une jeune fille, frivole, gaie et légère "'
que l'on surnomma la «Chérette» et qui devint un ~ modèle social.
Le thème s'y prête d'autant mieux ~
que Chéret applique principalement son art au ~
mondt> du spectacle.
Ses modèles sont Watteau ~
et Fragonard (d'ailleurs, Manet ne l'a-t-il pas sur- &,
nommé lt> ..
watteau des rues»?).
~
......
Jules Chéret, le premier, comprit tout l'intérêt qu'il y avait à exploiter le pouvoir séducteur de la femme pour faire vendre un produit - quand bien même il s'agit plus prosaïquement d'essence pour les automobiles.
'
Folies-Bergère (1893), de Jules Chéret.
Chéret eut pour premiers sujets d'affiche les grands spectacles parisiens, dont précisément les Folies-Bergère.
La femme telle qu'ilia représente est toujours gaie, voire mutine, légère, comme prête à s'envoler..
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