Affaire Calas
Publié le 22/05/2020
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Affaire Calas
Calas, négociant protestant accusé sans preuves d'avoir étranglé son
fils, avait été soumis à la question puis exécuté à la suite d'un procès
qui s'était déroulé dans un climat de haine, il est réhabilité à titre
posthume en 1765, en grande partie grâce à l'intervention de Voltaire,
dont voici le texte dans une lettre adressée à M.
d'Am...
:
“ J'avoue qu'il ne m'en fallut pas davantage pour présumer fortement
l'innocence de la famille.
Je pris de nouvelles informations de deux
négociants de Genève, d'une probité reconnue, qui avaient logé à
Toulouse chez Calas.
Ils me confirmèrent dans mon opinion.
Loin de
croire la famille Calas fanatique et parricide, je crus voir que c'étaient
des fanatiques qui l'avaient accusée et perdue.
Je savais depuis
longtemps de quoi l'esprit de parti et la calomnie sont capables.
Mais quel fut mon étonnement, lorsqu'ayant écrit en Languedoc sur
cette étrange aventure, et catholiques et protestants me répondirent
qu'il ne fallait pas douter du crime des Calas.
Je ne me rebutai point.
Je
pris la liberté d'écrire à ceux-mêmes qui avaient gouverné la province,
à des commandants de provinces voisines, à des ministres d'État ; tous
me conseillèrent unanimement de ne me point mêler d'une si mauvaise
affaire ; tout le monde me condamna et je persistai : voici le parti que je
pris.
La veuve de Calas, à qui pour comble de malheur et d'outrage on avait
enlevé ses filles, était retirée dans une solitude où elle nourrissait de ses
larmes, et où elle attendait la mort.
Je ne m'informai point si elle était
attachée ou non à la religion protestante, mais seulement si elle croyait
un dieu rémunérateur de la vertu et vengeur des crimes.
Je lui fis
demander si elle signerait, au nom de ce dieu, que son mari était mort
innocent ; elle n'hésita pas.
Je n'insistai pas non plus.
Je priai
M.
Mariette de prendre au conseil du roi sa défense.
Il fallait tirer
madame Calas de sa retraite, et lui faire entreprendre le voyage de
Paris.
On vit alors que s'il y a de grands crimes sur la terre, il y a autant de
vertus, et que si la superstition produit d'horribles malheurs, la
philosophie les répare.
”.
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