Adam Mickiewicz1798-1855Quel poète aurait pu rêver d'une vie plus belle, d'un destin plus magnifique que celui deMickiewicz ?
Publié le 23/05/2020
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Adam Mickiewicz
1798-1855
Quel poète aurait pu rêver d'une vie plus belle, d'un destin plus magnifique que celui de
Mickiewicz ? Non pas que son existence ait été riche en conflits dramatiques, en hauts et
bas spectaculaires, qu'elle ait été marquée de la démesure chère aux Romantiques de son
temps.
Au contraire, vue superficiellement, elle a plutôt manqué de pittoresque.
Les astres
bienveillants semblent avoir protégé le poète, amortissant les chocs extérieurs.
S'il a connu
des persécutions, elles ont été relativement bénignes ; son séjour en prison fut court, son
exil en Russie fut doux ; jamais, au cours de sa vie d'émigré, il n'a connu la vraie misère.
Une force d'âme peu commune et des circonstances favorables lui ont permis de
surmonter assez facilement les déceptions amoureuses et son veuvage précoce.
Et
d'ailleurs, ce petit hobereau lithuanien avait trop de bon sens terrien, trop de santé morale
pour perdre jamais sa maîtrise de soi, pour s'exposer inutilement, pour se compromettre
par bravade.
S'il lui est arrivé un jour de s'oublier au point d'interrompre le pape et de le
saisir par la manche de sa soutane, ce fut là un cas tout à fait exceptionnel.
Seule sa mort
brusque — à Constantinople — dans l'atmosphère irréelle d'une irréalisable croisade, se
prête à la peinture historique.
Mais dépourvue d'effets théâtraux, cette vie fut d'une intensité, d'une plénitude, d'une
grandeur extraordinaires.
Rare privilège : Mickiewicz (et cela malgré la complexité de sa
nature) n'a pas connu ces hésitations, ces piétinements où se sont épuisés tant de génies.
Il
n'y eut pas chez lui de décalage entre la conscience et la réalisation.
Il sut toujours
s'extérioriser complètement, trouvant, à chaque étape de sa croissance intellectuelle et
spirituelle, un nouveau mode d'expression.
Une enfance “ rustique et angélique ” ; un
grand amour malheureux, sublimé en poèmes immortalisant le nom de Maryla ; le premier
engagement politique où le poète fait preuve d'un noble courage ; le succès littéraire
presque immédiat et grandissant d'année en année ; puis, après l'exil, le dépassement du
“ Sturm und Drang ”, l'apostolat patriotique et messianique, le rôle de chef moral reconnu
par toute une nation — furent, dans l'essentiel, les étapes d'une carrière couronnée par
l'apothéose posthume.
Nul, parmi ses pairs, ne fut sans doute plus poète que Mickiewicz et moins “ homme de
lettres ”.
Malgré la facilité, on pourrait dire médiumnique, avec laquelle il écrivait, on ne
décèle chez lui aucun soupçon de graphomanie.
Son œ uvre littéraire tient en peu de
volumes et c'est délibérément, en plein essor de ses forces créatrices, qu'il abandonne la
poésie écrite pour s'adonner entièrement à la poésie de l'action.
Son activité artistique ne
dure que quinze ans.
Mais ce temps court lui suffit pour s'élever au niveau des plus grands
artistes de l'humanité.
“ Grand poète romantique ”, dit-on couramment en parlant de lui.
Cette définition est très incomplète.
En effet, si le jeune Mickiewicz s'éprend des
Romantiques allemands et anglais, s'il rompt avec un classicisme stagnant, s'il bouleverse
et renouvelle la poésie polonaise en y introduisant audacieusement idées et formes
nouvelles, s'il y accomplit une révolution pareille à celle que Joukovsky et le jeune
Pouchkine ont accomplie en Russie, s'il oppose le sentiment et l'intuition à la raison, il n'en
demeure pas moins ancré dans une tradition populaire et nationale, polonaise et
catholique qui reste toujours la source la plus profonde de son inspiration.
C'est ainsi que
le folklore des Ballades et Romances (1829) et des premières parties des Ayeux (1823) a beau.
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