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ACTE II, SCÈNES 12-14 du "Barbier de Séville" de Beaumarchais (commentaire)

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : ACTE II, SCÈNES 12-14 du "Barbier de Séville" de Beaumarchais (commentaire) Ce document contient 1286 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« ACTE II, SCÈNES 12-14 du "Barbier de Séville" de Beaumarchais (commentaire) RÉSUMÉLe Comte arrive, déguisé en cavalier ivre.

Il tente en vain de se faire reconnaître de Rosine et de lui donner une lettre.

Bartholo, craignantpour la jeune fille à cause de l'ivresse du soldat, invite Rosine à rentrer chez elle (scène 12).

Le Comte, resté seul avec Bartholo, semoque avec esprit de l'homme et du médecin Bartholo qu'il exaspère (scène 13).

Rosine, poussée par la curiosité pour avoir entenduprononcé par le soldat le nom de Lindor, revient et, malgré la surveillance de Bartholo, le Comte réussit à se faire reconnaître d'elle.

Maisun contretemps fâcheux risque de tout compromettre : Bartholo est exempté de loger les militaires.

Pendant que Bartholo va chercher lebrevet d'exemption que le Comte lui demande pour gagner un peu de temps, il essaie de donner sa lettre à Rosine à l'insu de son tuteurmais ne parvient pas à le faire sans que le vieillard ne s'en aperçoive, au terme d'un mouvement de prestidigitateur dont Bartholo a perçutoutes les phases.

Une fois le billet remis, le Comte ne peut que partir (scène 14). COMMENTAIREL'entrée du Comte déguisé en cavalier ivre est attendue depuis le premier acte (fin de la scène 4).

Figaro, en partant à la fin de II, 10, abien fait entrer le Comte.

Tous les domestiques sont, on se le rappelle, indisposés, et le Comte peut donc, très vraisemblablement,pénétrer « comme à la place d'armes », comme le disait Bartholo (II, 4), dans la première pièce de l'appartement de Rosine après enavoir traversé l'antichambre déserte.Une arrivée en musiqueLe Comte joue en chantant son personnage de cavalier ivre.

Son déguisement est parfaitement décrit dans la Liste des personnagesinitiale : Almaviva apparaît « en habit uniforme de cavalier, avec des moustaches et des bottines ».

Un cavalier est « un homme de guerredans une compagnie de gens à cheval », selon la définition du Dictionnaire de l'Académie.

Quant à la moustache, si elle est de traditionchez les militaires, elle est aussi un élément de couleur locale, convention d'espagnolisme déjà moquée par Montesquieu (LettresPersanes, LXXVIII).

Le Comte tente immédiatement de dire à Rosine qu'il est Lindor et de lui donner une lettre qu'il lui montre.

Presséepar Bartholo qui craint pour elle, Rosine se réfugie dans sa chambre et n'a entendu, des propos que le Comte a prononcés à voix basse àson intention, que le seul nom de Lindor (« il parle de Lindor ») et non la phrase complète : «Je suis Lindor ».

A-t-elle eu seulement letemps de voir la lettre qu'il lui a montrée? La satire traditionnelle des médecinsLes deux hommes, restés seuls (scène 13), vont s'affronter violemment mais sur un mode comique.

Le Comte, en chantant sur des airsde musique à la mode, va se moquer de Bartholo, de son physique (premier air) et surtout de son état de médecin (second air etnombreuses répliques).La réussite formelle rachète le caractère traditionnel de la critique des médecins, référence obligée à Molière.

Les calembours, notammentsur le nom de Bartholo, les traits d'esprit («Le Comte.

— N'est-il pas de notoriété que le maréchal guérit toujours ses malades sans leurparler? Au lieu que le médecin parle beaucoup aux siens [...].

Bartholo.

— Sans les guérir, n'est-ce pas ? Le Comte.

— C'est vous quil'avez dit ») émaillent les répliques comme les chansons et forment la matière d'une pause vraiment comique, mais qui ne peut durer, etque Bartholo conclut sèchement: « Enfin, que voulez-vous? Que demandez-vous? ».

Et c'est au moment où le comte répond: « Ce que jeveux? Est-ce que vous ne le voyez pas ? » que Beaumarchais fait rentrer en scène Rosine.

Le dramaturge réussit ainsi avec habileté satransition qui ravit d'autant plus le spectateur que Bartholo, malgré sa grande clairvoyance, ne sait pas faire le rapprochement et qu'il est,scéniquement, berné. Le tuteur, la pupille et l'amantLa scène 14 est une réussite absolue d'invention théâtrale pour les situations et les mots d'esprit.

Les trois personnages, réunis pour lapremière fois dans la pièce, reprennent et amplifient ce qui n'avait été qu'esquissé dans la scène 12.Le retour de Rosine s'explique par la curiosité intense que doit éprouver la jeune fille, qui n'a saisi, des paroles prononcées à sonintention par le soldat à la scène 12, que le seul nom de « Linor », qui a peut-être vu aussi le papier qu'il lui montrait en lui disant unephrase (« Prenez cette lettre ») qu'elle n'a manifestement pas entendue.Le Comte, cavalier ivre, n'a rien d'un soudard repoussant: il a de l'esprit et se laisse trop emporter par le plaisir des mots.

Persuadé qu'ilest que Rosine a compris qu'il était Lindor, il entraîne la jeune fille dans son jeu grâce à sa feinte ivresse en jouant sur le mot « lettre » (lalettre par rapport à l'esprit, et la lettre au sens de missive), puis, quand Bartholo lit à haute voix le billet de logement apporté par leComte, qui précise le nom du soldat, Lindor, Rosine comprend enfin seulement qui est ce cavalier.

Bartholo réplique par un coup dethéâtre qui menace de faire tout écrouler: il est exempté de loger les soldats.

Le Comte, un instant dégrisé et sous le choc, se ressaisitet, pour gagner du temps, demande à voir le brevet d'exemption.Ce brevet est dans un meuble de la pièce, et non dans une autre pièce : Bartholo restera en scène.

On peut s'interroger sur lavraisemblance de la présence d'un papier concernant Bartholo dans une pièce — il est vrai « publique » — de l'appartement de Rosine.Mais, dans le feu de l'action, le spectateur n'a pas le temps de se poser la question.

Bartholo ne quitte pas la place et continue ainsi degêner le Comte et Rosine.Pendant que Bartholo s'éloigne vers le meuble qui contient le brevet, les deux jeunes gens échangent quelques répliques à voix basse etle Comte remontre à Rosine la lettre qu'il veut lui donner, en lui indiquant rapidement un stratagème pour y parvenir : au moment oùRosine laisserait tomber son mouchoir, le Comte ferait tomber sa lettre, ramasserait le tout et donnerait le mouchoir et la lettre à Rosine.La mise en scène burlesque qui clôt la scène (le Comte mettant en scène une bataille imaginaire) permet à Almaviva d'occuperscéniquement l'espace, de séparer le docteur de sa pupille et de préparer, tel un prestidigitateur, l'exécution de son plan.

Mais Bartholo aparfaitement suivi le jeu, en dépit de la gesticulation du Comte qui, incontestablement plus souple et plus rapide du fait de sa jeunesse,se baisse le premier pour saisir en même temps le mouchoir et la lettre.

Comme Bartholo a tout vu, le Comte donne le tout à Rosine avecostentation et provocation : «Ne voilà-t-il pas un billet doux qu'elle laisse tomber de sa poche ?» BilanRosine a eu la lettre et les deux jeunes gens se sont vus de près pour la première fois.

Le Comte peut partir, après une dernière sortieverbale contre les médecins.

Péripéties et rebondissements ont jalonné cette scène.

Le Comte a joué son rôle de soldat ivre avec brio, semontrant ici aussi doué que Figaro aurait pu l'être.

Il n'a cependant pas réussi totalement.

S'il s'est bien moqué de Baxtholo (et cela lui afait autant de plaisir qu'au spectateur), s'il a réussi à donner à Rosine un billet doux, il n'a pas réussi à le faire à l'insu de Bartholo.

C'estun demi-échec ou un demi-succès.

Le spectateur, connaissant Bartholo, éprouve, à la sortie du Comte, une réelle anxiété à voir, pour latroisième fois dans cet acte, Rosine face à Bartholo.. »

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