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ACTE II, SCÈNE 8 du "Barbier de Séville" de Beaumarchais (commentaire)

Publié le 15/05/2020

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« ACTE II, SCÈNE 8 du "Barbier de Séville" de Beaumarchais (commentaire) RÉSUMÉBazile, que Bartholo était allé chercher chez lui en vain, fait alors son entrée.

Il apprend à Bartholo qu'Almaviva, qui faisaitrechercher Rosine dans tout Madrid, est arrivé à Séville, qu'il loge sur la grand-place et qu'il sort tous les jours déguisé.

Ilfaut hâter le mariage qui doit se faire le lendemain mais, pour cela, il faut de l'or: excédé, l'avare Bartholo paie Bazile d'unebourse et le raccompagne jusqu'à la porte d'entrée de la maison pour bien la fermer à clef.

Figaro, qui s'était en fait cachédans le cabinet de clavecin, a tout entendu de la conversation et reparaît sur scène dès que les deux complices l'ontquittée. COMMENTAIRE L'entrée de Bazile relance l'action que les apparitions discrètes de Figaro, resté caché dans le cabinet, vont rendre plusexcitante pour le spectateur.

Bazile, on s'en souvient, est l'allié de Bartholo pour son mariage.

C'est lui qu'il était alléchercher en vain à la fin du premier acte (I, 5), et c'est ce même Bazile que Figaro avait évoqué en I, 6, en faisant pour leComte un de ces portraits vifs qu'il affectionne et qui sont comme un genre littéraire dans lequel il excelle. Une arrivée tardive et attendueMaître à chanter de Rosine, l'arrivée de Bazile dans la maison de Bartholo est toute naturelle et de plus intéresse le maîtrede maison qui l'avait cherché en vain.

Son entrée sur scène, retardée jusqu'au milieu du second acte, n'est pas sansrappeler le procédé fameux de Molière faisant apparaître Tartuffe au troisième acte.

Les motifs de la venue de Bazile nesont pas la leçon de musique qu'il pourrait donner à Rosine, mais bien les affaires personnelles de Bartholo auquel ilapprend que le comte Almaviva, « qui faisait chercher Rosine dans tout Madrid » est à Séville, qu'il loge « à la grand-place» et « qu'il sort tous les jours déguisé».Bazile, qui a pour la forme suggéré une élimination physique qui plaît d'emblée à Bartholo, en écarte aussitôt l'idée, car leComte, un Grand d'Espagne, n'est pas n'importe qui et sa disparition ne passerait pas inaperçue.

Il suggère donc un autremoyen de lutte, la calomnie. La tirade de la calomnieC'est ici que se place une tirade célèbre à laquelle Rossini donnera tout son éclat dans une des pages les plus fameusesde son opéra-comique.

Déjà construit musicalement, avec les commentaires techniques qu'en donne Bazile (pianissimo,puis piano, piano, puis rinforzando, avant de finir par un crescendo et un chorus), le morceau, rescapé de la version encinq actes gonflée par Beaumarchais à la suite de l'affaire Goëzman (voir supra, Biographie, p.

6), renvoie plus à la vie del'auteur qu'elle n'a d'utilité immédiate.

Elle pourrait, sans dommage pour l'action, être supprimée.

Elle révèle cependant lapersonnalité de Bazile, homme d'intrigues exécuteur des basses oeuvres de Bartholo.

Le maître à chanter de Rosine estaussi un maître chanteur.

L'allié de Bartholo ne se présente pas sous des couleurs morales avenantes.

Pour le spectateur,le camp du tuteur n'est décidément pas sympathique.

C'est en cela que cette tirade, malgré sa relative gratuité, joue sonrôle dans la mise en place de l'action de la pièce.Un autre aspect de Bazile (et de Bartholo) est révélé par cette scène : le spectateur est à même de constater que Bazileaime l'argent (« vous avez lésiné sur les frais ») et que Bartholo a une propension, sinon à l'avarice, du moins à laparcimonie (« il faut en passer par où vous voulez »).

Bazile a pris soin d'accompagner sa demande d'argent d'un rappeldiscret mais menaçant d'un certain nombre de faits obscurs, enveloppés dans des formules à la fois générales et allusives,qui sont autant de menaces de calomnies : « un mariage inégal » (inégalité des âges et des conditions), « un jugementinique » (allusion à une décision de justice qui semble léser les droits de la pupille vis-à-vis du tuteur?), « un passe-droitévident » (une faveur faite à une personne — Bartholo — au détriment d'une autre — entendons sans doute Rosine).

Lepersonnage de Bartholo est noirci par son complice même, qui lui applique sa méthode, la calomnie.

La bourse que l'avareBartholo ne discute pas semble prouver que la méthode peut être efficace. La relance de l'actionLa didascalie de l'auteur, précisant qu'au cours de cette scène Figaro « caché dans cabinet, paraît de temps en temps etles écoute », donne à Figaro le rôle capital dans l'action de la pièce : il est bien celui qui sait tout et contrôle tout en tempsréel.

Il est de ce fait important qu'il soit au courant dans les moindres détails des mécanismes de l'action que le campadverse met en place : Bazile, qui assure Bartholo qu'il ne reviendra pas avant le soir (par deux fois les mots : « n'ycomptez pas »), va s'occuper du mariage exclusivement.

D'ici demain, « tout sera terminé ».

Bartholo prend soin deraccompagner Bazile jusqu'à la « porte sur la rue » qu'il veut fermer derrière lui, et les deux hommes repartent ensemblepar la porte ouvrant sur l'antichambre de l'appartement de Rosine.. »

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