Accomplir tout ses désirs est-ce un bon objectif de vie ?
Publié le 10/02/2024
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«
DISSERTATION
Sujet : Accomplir tous ses désirs, est-ce un bon choix de vie ?
Depuis près d’un siècle, nos sociétés se sont grandement
métamorphosées laissant une place de plus en plus grande à la
consommation, à tel point que nous parlons aujourd’hui de sociétés de
consommation et même de sociétés de surconsommation.
Nous sommes
aujourd’hui incités de plus en plus à consommer aux travers d’injonctions
omniprésentes dans nos vies comme les panneaux publicitaires ou les
publicités en général qui nous accompagnent tout au long de nos journées.
Des injonctions à la multiplication des plaisirs, des jouissances qui nous
disent quoi vouloir, quoi désirer.
Mais dans ce contexte d’opulence de
produits et d’articles tous plus tape-à-l’œil les uns que les autres, une
question vient à se poser, accomplir tous nos désirs, est-ce vraiment un bon
choix de vie ? Devons-nous nous résoudre à désirer toujours plus ? Nous
essayerons donc de répondre à cette question au travers de différentes
hypothèses.
Nous verrons alors si le désir est si nocif qu’on le prétend puis
nous nous pencherons sur les enjeux et conséquences d’un refus total du
désir ou d’une hiérarchisation de celui-ci et pour finir nous verrons en quoi il
est préférable de ne pas accomplir ses désirs, non pas dans un but
d’opposition au désir mais dans celui d’un intérêt singulier à la nonsatisfaction de ce dernier.
On part souvent du principe que le désir est synonyme de plaisir
et même pour certains, par extension, de bonheur.
Mais le désir en soi, n’est
pas directement synonyme de plaisir, il est la force d’attraction qui va pousser
un individu à vouloir une chose et à se diriger vers elle.
Le désir est le moteur
qui permet d’accéder à priori à l’objet de celui-ci.
En fait, il cherche à guérir la
blessure dont il est lui-même l’origine.
Ainsi, le désir est une force, il peut
permettre, par sa force d’attraction de pousser un individu à s’investir et à
objecter un but noble comme le philosophe et sa quête du savoir et de la
sagesse.
Mais le désir peut aussi pousser les individus à atteindre des
objectifs moins nobles comme le désir de richesse ou de gloire qui est
totalement banni par des philosophes comme Platon.
Effectivement, Platon
considère le désir comme source de sa volonté de sagesse et de
connaissance qui l’anime en tant que philosophe, en donnant un sens à sa
1
vie, en suivant son désir qui l’incite à se diriger vers la connaissance.
Pour
lui le désir de connaissance DOIT être assouvi.
Mais le désir, ou du moins l’objet du désir peut varier en fonction des
individus.
Pour certains, le seul but du désir est d’obtenir du plaisir par
l’accomplissement de celui-ci.
Effectivement, en considérant que
l’accomplissement du désir est source de plaisir on peut en venir à la
conclusion que pour maximiser son plaisir et son bien-être, il faut maximiser
son désir et multiplier celui-ci.
Désirons au maximum et nous jouirons au
maximum, profitons des plaisirs de la vie et nous serons -à priori- heureux.
Par exemple, un jeune qui dilapide un héritage dans la boisson et les plaisirs
matériels comme l’achat compulsif et abuse des plaisirs de la chair considère
qu’accomplir tous ses désirs est un bon choix de vie en pensant que cela va
l’amener au bonheur.
Tel est le cas de Callicles, dans le Gorgias de Platon,
qui fait de la réalisation de tout ses désirs et l’accumulation de ceux-ci un but
de vie.
En pratiquant l’hédonisme radical il met un signe égal entre désir et
plaisir.
Dans ce texte de Platon, dans lequel ce dernier oppose Callicles à
Socrate, Socrate va solliciter l’image des tonneaux percés des Danaïdes en
lui disant que s’il cherche à combler tous ses désirs de manière compulsive il
sera comme celui qui cherche à remplir un tonneau percé qui se vide au
rythme de son remplissage.
Dès qu’il comble un désir celui-ci réapparaît plus
puissant encore dans un cercle vicieux infini.
Ce à quoi Callicles répond qu’il
préfère être celui qui remplit constamment son tonneau -donc celui qui désire
constamment- que celui qui possède déjà un tonneau remplit -en se fermant
au désir- et ce pour une seule raison, l’ennui.
Effectivement, ne plus avoir de
désir à combler rimerait avec une vie d’ennui.
Au moins, celui qui passe sa
vie à courir après le désir ne souffre pas d’ennui.
Mais accomplir désir sur désir mène à la formation d’addictions, de
dépendances, qui enlèverait au plaisir sa valeur qu’il tire de sa rareté.
Et puis
le plaisir, qui est éphémère et fragile peut-il amener au bonheur, qui lui est
universel ? Pouvons-nous vraiment atteindre le bonheur, objectif de tout
Homme, en accomplissant désir sur désir ?
Ainsi faudrait-il ne plus désirer ? Car en réalisant tous ses désirs
on se réduit à l’état de servitude de ses passions, passion, du latin patior, «
souffrir », lui-même issu du grec pathos, « souffrance » désigne en général
l’état de celui qui subit.
Le désir ne serait pas une source bienfaisante de
plaisir et bonheur comme certains l’entendent, il serait subit par l’individu qui
l’éprouve.
Le désir force l’individu, par sa force d’attraction, à
l’accomplissement de lui-même.
Plus tôt nous disions que le désir cherchait à
guérir la blessure dont il était lui-même l’origine, le terme blessure prend ici
2
tous son sens car c’est réellement une violence faite à l’individu, contre son
gré.
C’est pourquoi il serait beaucoup plus sage de tourner le dos au désir et
surtout à la réalisation systématique de ce dernier.
Cette façon de voir le
désir est propre au courant stoïcien, qui considère qu’en faisant barrage au
désir on devient réellement maîtres de nous-mêmes, en nous libérant de
l’emprise qu’a le désir sur nous et qui nous empêche une certaine liberté.
En
tournant le dos au désir on évite aussi toutes les souffrances qu’il peut
engendrer.
Schopenhauer nous dit que « La vie oscille, comme un pendule,
de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui » dans cette citation le
philosophe explicite le fait que dans l’attente de la satisfaction du désir, qui
représente un manque, un vide, on ne connaît que la souffrance car le désir
nous rappel que nous sommes imparfaits, incomplets, qu’un vide est encore
en nous et demande à être rempli.
De plus, Schopenhauer nous indique
aussi que même après la satisfaction du désir, qui provoque un éphémère
plaisir, la souffrance fait place à l’ennui car nous n’avons plus rien à désirer.
Cette situation peut être illustrée par les situations d’adultères qui sont
souvent la conséquence de l’affirmation de Schopenhauer.
Effectivement on
peut désirer avoir une relation amoureuse avec quelqu’un, ce désir est
l’expression d’un manque, d’un vide qui est source de souffrance et quand
enfin nous entretenons une relation amoureuse avec l’être aimé, le plaisir fait
quelque-fois place à l’ennui, qui pousse les individus à désirer quelqu’un
d’autre, sous l’effet pervers du désir triangulaire de René Girard.
Certes, en ne désirant plus on se détourne de la déception et de la
souffrance potentielle, mais on fait aussi abstraction du plaisir que peut
produire la réalisation d’un désir.
Tout réside dans la modération, ne pas trop
désirer pour éviter souffrance et déception, mais ne pas se fermer au désir
sous peine de n’éprouver plus aucun plaisir.
Et puis comme nous le disions
plus haut le désir peut se tourner vers différents objets, qui varient en fonction
des individus.
Il faudrait donc effectuer un tri dans les désirs, en distinguant
ceux dont nous avons vraiment besoin et les désirs futiles.
Ce classement
des natures du désir, un philosophe l’a réalisé et il se prénomme Épicure.
On
parle souvent de la philosophie d’Épicure comme une philosophie de la
débauche en qualifiant quelqu’un d’épicurien quand celui-ci vit une vie de
plaisirs et de démesure, mais celle-ci se rapproche plus d’une philosophie de
la mesure, par la hiérarchisation des désirs, qu’une philosophie de l’opulence.
L’épicurisme pratique comme Callicles l’hédonisme, en pensant que le désir
peut mener au plaisir, à la grande différence que la philosophie d’Épicure ne
prône absolument pas....
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